La production du radar star de Thales tourne à plein régime depuis la guerre en Ukraine

Par Epoch Times avec AFP
14 avril 2025 12:10 Mis à jour: 14 avril 2025 13:19

Au milieu des champs près de Paris, une antenne de 3,5 tonnes effectue un tour par seconde : c’est un test final du radar de défense anti-aérienne de Thales dont la production monte en flèche depuis la guerre en Ukraine, dopée par la demande mondiale.

Un radar Ground Fire 300 (GF300), fabriqué par la société française Thales, fonctionne sur une plate-forme de test à l’usine de radar de Thales à Limours, le 3 février 2023. (EMMANUEL DUNAND/AFP via Getty Images)

Cette antenne intégrera le radar Ground Fire (GF) 300 de dernière génération, fabriqué sur le site de Limours (Essonne). Capable de détecter les cibles ennemies jusqu’à 400 km, ce radar répond aux menaces des conflits modernes, des drones aux missiles balistiques, et guide les missiles pour les détruire.

« La tendance de croissance de l’activité de radar est apparue il y a quelques années déjà et elle s’accélère depuis la guerre en Ukraine », résume à l’AFP Eric Huber, vice-président des activités radars de surface de Thales.

Thales dont les radars sont parmi les plus vendus au monde avec les Patriot américains a fourni à l’Ukraine depuis 2023 deux Ground Master (GM) 200 renforçant sa défense aérienne.

Une photo prise le 19 octobre 2023 montre un radar Ground Master 200 (GM200)
du groupe Thales, dont la portée peut atteindre 250 km, sur la base militaire de Capu Midia sur la côte de la mer Noire, à Corbu, dans le comté de Constanta, en Roumanie.
(DANIEL MIHAILESCU/AFP via Getty Images)

Une demande de radars qui explose en Europe

Cette guerre au cœur de l’Europe, avec des drones et missiles russes qui pleuvent quotidiennement sur les villes ukrainiennes, fait exploser la demande de radars en Europe, mais aussi en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

« Plusieurs pays européens ont négligé leur défense aérienne, aujourd’hui on a une vision de menace différente (…) Il y a 20-30 ans il fallait faire face à des menaces plus traditionnelles dans les airs comme les avions de chasse », souligne Hervé Dammann, directeur général adjoint de Thales.

« On a un marché en Europe et on peut s’attendre à ce qu’il grossisse », ajoute-t-il, compte tenu de l’augmentation des budgets de défense annoncés après le rapprochement de Donald Trump avec la Russie. Face à la flambée des commandes, le produit, dont la durée de vie est entre 25 et 30 ans, suit.

La production a plus que triplé en un an

Dans l’immense hall d’intégration, le nombre de positions de travail a doublé en 18 mois et le temps d’assemblage d’un radar est passé de 55 jours en 2023 à 21 actuellement.

Des ingénieurs font fonctionner un radar Ground Fire 300 (GF300), fabriqué par la société française Thales, sur une plateforme de test sur le site de production de radars de Thales à Limours, au sud-ouest de Paris, le 10 avril 2025. (STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images)

La production a plus que triplé en un an, de 9 radars en 2023 à 28 en 2024. Cette année le groupe prévoit d’en fabriquer entre 35 et 40. Pour assurer cette montée en cadence fulgurante, 400 personnes ont été recrutées à Limours l’an dernier pour ce site de 1.600 salariés et autant d’embauches sont prévues en 2025.

Un radar avec  « plusieurs yeux en même temps »

Les avancées technologiques permettent d’améliorer les performances de nouveaux radars. « Le radar n’a qu’une seule antenne, mais elle est capable d’émettre plusieurs faisceaux et d’avoir plusieurs yeux en même temps : garder un œil sur le missile qui arrive, un autre œil sur le missile qui va intercepter, et de les guider l’un vers l’autre », explique à l’AFP Eric Marceau, directeur marketing et stratégie pour les activités radars de surface de Thales à l’occasion d’une visite de presse sur l’usine de Limours, à 30 km de Paris.

Le directeur de la stratégie des radars de surface de Thales, Eric Marceau, pose pour la photo sur le site de production de radars de Thales à Limours, au sud-ouest de Paris, le 10 avril 2025. (STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images)

Le temps de rotation réduit à une seconde pour ce type de radars entraîne un rafraîchissement encore plus rapide des images, ce qui facilite « un guidage extrêmement précis du missile » vers la cible avant que celle-ci ne s’éloigne du rayon d’action du radar.

Cette photographie montre un radar moyenne portée Ground Master 200 (GM200) (à g.) et un radar Ground Master 400 (GM400) (à dr.), fabriqués par la société française Thales, sur une plateforme de test sur le site de production de radars de Thales à Limours, au sud-ouest de Paris, le 10 avril 2025. (STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images)

Le GF300 regarde et analyse un équivalent de 4.000 films par seconde, les technologies numériques actuelles étant capables de digérer ces volumes d’information, souligné Eric Marceau.

Un mois de tests en salle pour vérifier les performances

Avant les tests finaux en extérieur où des balises permettent d’analyser le signal émis par le radar et de simuler des réflexions, échos et brouillages pour vérifier ses performances, l’antenne passe un mois dans un environnement digne d’une installation d’art contemporain.

Avec des murs hérissés de longues pyramides de mousse bleues et roses, ce lieu sert de cage de Faraday, bloquant les champs électriques et électromagnétiques, un peu comme un studio d’enregistrement où l’on manipule des sons.

Un ingénieur effectue des tests d’étalonnage dans une chambre anéchoïque sur le dernier modèle de radar à moyenne portée Ground Master 200 (GM200), fabriqué par la société française Thales sur une plateforme d’essai à Limours, au sud-ouest de Paris, le 10 avril 2025. (STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP via Getty Images)

Alors qu’une sonde mesure le champ radioélectrique émis par l’antenne, les mousses absorbent les petites réflexions qui pourraient perturber le calcul – ce qui ne serait pas possible en présence de murs plans.

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