La promesse des arbres – Comment la forêt nous sauvera si nous la laissons faire

L’ingénieur forestier allemand, Peter Wohlleben, vit une histoire d’amour avec les arbres depuis des dizaines d’années.

Il est vrai que nombre de ses observations proviennent d’études et de recherches menées dans son pays natal, l’Allemagne. Sa perspicacité a capté l’intérêt et l’imagination des scientifiques, des universitaires, des écologistes, des étudiants et de toute personne passionnée par le monde de la nature, en particulier celui des forêts.

Si la majorité des arbres du monde de Wohlleben se trouvent dans la zone tempérée, le deuxième plus grand biome de la planète, qui couvre environ 25 % de la superficie forestière mondiale (hêtres, chênes, épicéas et érables, pour n’en citer que quelques-uns), son souci pour tout arbre, qu’il se trouve dans une forêt boréale ou tropicale, est incontestable.

Les amateurs du best-seller de Peter Wohlleben, paru en 2017, La vie secrète des arbres – Ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent, peuvent s’attendre à être à nouveau enchantés et éclairés. M. Wohlleben, qui est également l’auteur de Marche en forêt : découvrir les arbres et les forêts de l’Amérique du Nord, a été décrit à juste titre comme un « chuchoteur d’arbres ». Dans son dernier hommage à l’une des ressources les plus riches de la planète, il se tourne vers la sagesse des forêts anciennes et les connaissances qu’elles offrent en tant que racines d’un avenir meilleur.

La forêt possède son propre réseau social et ses connexions cachées. Il est fascinant d’apprendre l’interdépendance des arbres, les créatures qui trouvent refuge dans leurs branches et leur écorce, la composition des sols qui soutiennent leur croissance, et comment mieux décoder les signes de la nature.

Une terre sacrée et chargée d’histoire

Peter Wohlleben partage son style d’écriture unique et sensible dans son approche de la protection et de la préservation des forêts du monde. Il humanise ces hectares d’arbres.  Il compatit lorsque des machines lourdes coupent à blanc des zones entières, selon lui, bien inutilement, au nom du progrès et/ou du profit.

Dans son dernier ouvrage paru l’année dernière, La promesse des arbres – comment la forêt nous sauvera si nous la laissons faire, les lecteurs seront sans doute touchés d’apprendre comment les systèmes racinaires communiquent et partagent leurs connaissances avec d’autres espèces d’arbres, comment les arbres mères ombragent et protègent les jeunes pousses, et comment une forêt a la capacité de repousser et de se renouveler si elle est laissée à elle-même.

Les vieux arbres, comme les parents et les grands-parents, transmettent leur sagesse à leur progéniture. Pour les arbres, il s’agit d’un processus lent, mais néanmoins leur capacité à s’adapter et à apprendre est quelque chose que Wohlleben trouve fascinant et plein d’espoir.

Plus que de grands rassemblements d’arbres, les forêts abritent une myriade d’écosystèmes comprenant des milliers d’espèces différentes, des animaux aux champignons en passant par les bactéries. Lorsqu’un arbre disparaît, c’est toute une vie qui est affectée.

Bien qu’imprégné de sa propre conception de la gestion forestière, M. Wohlleben va à l’encontre de la plupart des programmes de gestion forestière actuels. Cela l’oppose souvent aux propriétaires de plantations d’arbres, qui plantent une forêt dans le but de l’exploiter afin de produire un grand volume de bois, ce qui implique généralement de planter un type d’arbre en tant que forêt monoculture, suivi d’une coupe à blanc. Cette dernière constitue une méthode d’exploitation extrême où les arbres des forêts naturelles résistantes sont abattus et remplacés par des plantations d’arbres créées par l’homme.

Peter Wohlleben fait confiance à la sagesse des arbres et pense que l’arrogance humaine est un obstacle à la vie future des forêts. Dans de nombreux cas, il souligne la mauvaise direction que prend, selon lui, la gestion forestière moderne. Il opterait pour le respect tranquille de la restauration naturelle des forêts plutôt que pour le bruit des équipements lourds qui détruisent non seulement les arbres, mais aussi le sol qui les soutient.

Pour M. Wohlleben, ces méthodes vont clairement à l’encontre de Mère Nature. Il faut s’écarter et laisser la nature, qui est mieux équipée, se guérir elle-même, dit-il.

Une climatisation naturelle

Peter Wohlleben s’est promené dans de nombreux bois. Il distille toutes les informations que recèlent les arbres. Il semble avoir décodé leur langage et est fier de parler en leur nom. Il le fait avec passion et conviction, offrant essentiellement un plan pour un nouveau type de sylviculture qui se concentre davantage sur la sauvegarde des forêts anciennes que sur la plantation de nouvelles.

Il partage les dernières recherches scientifiques qui montrent comment les arbres s’adaptent à l’évolution des conditions environnementales et transmettent ce savoir à leur progéniture. Les arbres contribuent à refroidir le climat à l’échelle locale et continentale, et les forêts anciennes sont peut-être les plus aptes à survivre au changement climatique.

Ayant une approche très altruiste et classique de la préservation des forêts, M. Wohlleben n’est pas toujours le favori des professionnels qui gagnent leur vie en récoltant des arbres ou en dirigeant des entreprises de bois. Bien qu’il puisse présenter des données convaincantes sur les forêts de feuillus et sur la manière dont elles peuvent contribuer à refroidir le climat dans les paysages ouverts, trouver un équilibre avec les industries dépendantes de la forêt est un défi.

Si vous ne connaissez pas les autres livres de Peter Wohlleben, vous apprécierez de découvrir ses connaissances et sa sensibilité sur le monde des arbres et apprécierez sa voix passionnée. Il offre un message convaincant : un plaidoyer compatissant en faveur de la préservation des richesses de la nature, non seulement pour les arbres, mais aussi pour nous.

Le livre est écrit dans un style narratif et conversationnel bien rythmé. Les chapitres sont courts et chacun d’entre eux est percutant.