La Russie a annoncé lundi 4 septembre avoir mis au point une technologie permettant de surveiller les réseaux sociaux et de repérer les comportements « destructeurs » au sein de la jeunesse, afin d’aider à empêcher la multiplication des incidents violents.
Cette annonce intervient notamment après une fusillade ayant fait six morts en septembre à l’université d’Etat de Perm, dans l’Oural. Les défenseurs des droits s’inquiètent pour leur part du fait que cette technologie puisse être utilisée pour faire taire les voix critiques du pouvoir.
Réseaux sociaux | La Russie a mis au point une technologie de surveillance des jeunes https://t.co/a6MwJ42qpY
— La Presse Monde (@LP_Monde) October 4, 2021
Un logiciel espion pour contrer les oppositions
Selon l’agence gouvernementale chargée de la jeunesse, Rosmolodioj, une ONG créée en 2018 à l’initiative du président Vladimir Poutine, le Centre pour l’étude et l’observation des réseaux de la jeunesse, a conçu un logiciel permettant de « rapidement repérer la diffusion de sous-cultures destructrices parmi les jeunes ».
« Le système sera utilisé pour surveiller la partie librement consultable du segment russe des réseaux sociaux populaires », a expliqué Rosmolodioj dans un communiqué transmis à l’AFP.
Un autre système baptisé « Angel.Destruktiv » et mis au point par la même ONG permet également de surveiller les télécommunications et l’internet en général, selon la même source.
Ce second logiciel alerte les autorités sur les informations conduisant les « enfants et les jeunes à prendre des décisions qui mettent leur vie en danger », ainsi que les « signes d’états déviants » particulièrement destructeurs.
Selon Rosmolodioj, cette ONG fournit déjà des informations aux forces de l’ordre sur les « intentions de commettre des actes illégaux ou asociaux ».
Un logiciel pour identifier les élèves potentiellement «dangereux» à partir de leurs écrits.
Pour développer un logiciel de surveillance et d’analyse des textes des écoliers, la somme prévue est : 1,7 milliard de roubles, soit + de 20 millions d’euros.https://t.co/wF4zgyDcm6— RFI (@RFI) September 27, 2021
Les journaux russes RBK et Vedomosti avaient écrit en septembre que le gouvernement avait alloué plus d’un milliard et demi de roubles (environ 17,5 millions d’euros) à la conception d’un tel système.
Une menace pour la liberté d’expression
Les défenseurs des droits humains s’inquiètent du fait qu’une telle technologie puisse être en mesure d’automatiser « la répression des activités en ligne » et dénoncent une « menace très grave envers la liberté d’expression ».
« L’« internet durable » russe : les libertés publiques numériques menacées ? »https://t.co/JjtmDYrT4r En Russie, projet de créer un « internet souverain », ou un « internet durable » selon la formule officielle, qui pourra être déconnecté du monde extérieur en cas de crise grave pic.twitter.com/P6fig6ZeIU
— La rem (@LaREMedias) July 16, 2019
« Il est très peu probable que l’objectif ultime soit atteint, mais ce système peut entraîner des problèmes pour de nombreux utilisateurs et militants », a estimé auprès de l’AFP Sarkis Darbinian, un avocat au sein de l’ONG de défense des droits digitaux Roskomsvoboda.
Selon lui, cette technologie comporte « d’énormes risques pour la liberté des personnes qui expriment des opinions négatives envers le pouvoir ».
Les autorités russes n’ont cessé ces dernières années de renforcer leur contrôle de l’internet au nom de la protection des mineurs et de la lutte contre l’extrémisme.
Rejoignez Epoch Times sur Télégram
? t.me/Epochtimesfrance
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.