La Russie a suspendu samedi l’accord sur les exportations de céréales des ports ukrainiens, vitales pour l’approvisionnement alimentaire mondial, après une attaque de drones ayant visé ses navires en Crimée annexée, que Moscou a imputé à l’Ukraine et à la Grande-Bretagne.
L’Ukraine a dénoncé un « faux prétexte » et appelé à faire pression pour que la Russie « s’engage à nouveau à respecter ses obligations » pour cet accord conclu en juillet sous égide de l’ONU et de la Turquie, le seul entre Moscou et Kiev depuis le début du conflit.
L’accord céréalier avait permis l’exportation de plusieurs millions de tonnes de céréales coincées dans les ports ukrainiens depuis le début du conflit en février. Ce blocage avait provoqué une flambée des prix alimentaires, faisant craindre des famines.
L’accès à l’alimentation de millions de personnes
L’ONU, garant de l’accord, a appelé à le préserver, soulignant qu’il avait un « impact positif » pour l’accès à l’alimentation de millions de personnes à travers le monde.
Le président russe Vladimir Poutine a multiplié les critiques envers cet accord ces dernières semaines, soulignant que les exportations de la Russie, autre producteur céréalier majeur, souffraient à cause des sanctions.
Moscou a justifié cette suspension par une attaque de drones massive qui a visé samedi matin la flotte russe de la mer Noire stationnée dans la baie de Sébastopol, en Crimée annexée.
« Compte tenu de l’acte terroriste réalisé par le régime de Kiev avec la participation d’experts britanniques contre des navires de la flotte de la mer Noire et des navires civils impliqués dans la sécurité des couloirs céréaliers, la Russie suspend sa participation à la mise en oeuvre de l’accord sur les exportations des produits agricoles des ports ukrainiens », a annoncé le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Moscou accuse Londres d’être impliqué dans les explosions
Selon les autorités russes, l’attaque a eu lieu au petit matin samedi avec « neuf véhicules aériens sans pilote et sept drones maritimes autonomes », provoquant des « dégâts mineurs » sur un navire dragueur de mines et sur le barrage de confinement de la baie de Sébastopol.
« La préparation de cet acte terroriste et la formation du personnel militaire du 73e centre ukrainien des opérations maritimes spéciales ont été menées par des spécialistes britanniques basés à Otchakov, dans la région de Mykolaïv en Ukraine », a indiqué le ministère russe de la Défense sur Telegram.
Moscou a aussi accusé Londres d’être impliqué dans les explosions ayant endommagé en septembre les gazoducs russes Nord Stream 1 et 2 en mer Baltique et promis de soumettre la question au Conseil de sécurité de l’ONU.
« La Russie a demandé à plusieurs reprises une enquête conjointe sur les attaques (…). Le fait que les pays occidentaux aient refusé cette proposition le confirme : ils ont quelque chose à cacher », a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova dans un communiqué.
Un conseiller du ministre ukrainien de l’Intérieur, Anton Gerachtchenko, a fait savoir sur Telegram que « à la suite de la manipulation négligente d’explosifs dans la baie de Sébastopol, quatre navires de guerre de la flotte russe de la mer Noire ont explosé, dont une frégate et un navire de débarquement ».
L’UE est accusée de s’accaparer des exportations ukrainiennes
Peu avant l’annonce de la suspension de l’accord céréalier, le ministre russe de l’Agriculture avait une nouvelle fois critiqué le texte à la télévision, accusant les pays de l’UE de s’accaparer les exportations ukrainiennes devant revenir aux pays pauvres.
« L’accord sur les céréales, malheureusement, non seulement n’a pas permis de résoudre les problèmes des pays dans le besoin, mais les a même aggravés dans un certain sens », a déclaré Dmitri Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité de Russie, promettant de leur livrer gratuitement jusqu’à 500.000 tonnes de céréales russes.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.