La trêve à Gaza a volé en éclats vendredi, l’armée israélienne reprenant raids aériens et tirs d’artillerie et l’organisation terroriste Hamas recommençant à tirer des roquettes vers Israël.
Dès les premières explosions, alors que le gouvernement du Hamas annonçait au moins six Palestiniens tués dans une frappe aérienne à Rafah, des milliers d’habitants du petit territoire palestinien ont repris la route des hôpitaux et des écoles devenus camp de fortune pour les déplacés, ont constaté des journalistes de l’AFP à travers la bande de Gaza.
Le Hamas a violé la pause opérationnelle en tirant des roquettes vers le territoire israélien.
Tsahal a repris les combats contre le Hamas à Gaza. pic.twitter.com/V8wNZ9ebuH
— Tsahal (@Tsahal_IDF) December 1, 2023
Dans la nuit pourtant, une nouvelle fois, d’intenses tractations avaient eu lieu pour une nouvelle reconduction de la trêve en vigueur le 24 novembre entre Israël et le Hamas dans le petit territoire palestinien. Vendredi matin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accuse le Hamas d’avoir « violé l’accord » et « tiré des roquettes ».
L’armée israélienne a envoyé des messages sur les téléphones des habitants de certains quartiers de la ville de Gaza, ainsi que des villages bordant la frontière avec Israël dans le sud, les exhortant à « partir immédiatement » car elle allait mener « des attaques militaires dures ».
Jeudi, huit otages israéliens avaient été libérés par le Hamas, et trente prisonniers palestiniens par Israël, dans le cadre d’un accord d’échange entré en vigueur vendredi dernier pour quatre jours puis renouvelé chaque soir ensuite. Cet accord garantissait une « trêve temporaire » à Gaza et a expiré à 5h00 GMT. Les autorités israéliennes ont réinstauré l’interdiction aux écoles d’ouvrir sans un abri aux normes.
Une situation tendue et fragile
Signe aussi d’une situation toujours fragile, le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment, avait revendiqué une attaque meurtrière jeudi à Jérusalem qui a coûté la vie à quatre Israéliens.
Le Hamas s’était néanmoins dit prêt à prolonger la trêve dans la bande de Gaza, après un appel du secrétaire d’État américain Antony Blinken à poursuivre la pause des combats, à quelques heures de son expiration vendredi. La bande de Gaza assiégée a connu sept semaines de bombardements israéliens dévastateurs en représailles à l’attaque sanglante lancée le 7 octobre par le Hamas sur le sol israélien.
Cette pause, négociée par le Qatar, les États-Unis et l’Égypte, a permis la libération de dizaines d’otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre et de trois fois plus de Palestiniens détenus par Israël, ainsi que l’entrée d’aide humanitaire dans le territoire palestinien.
« Minimiser les morts de Palestiniens innocents »
Jeudi, à Tel-Aviv, Jérusalem et Ramallah – le siège de l’Autorité palestinienne – le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait appelé à prolonger la trêve, tout en prévoyant l’option d’une reprise des combats. « Des plans de protection humanitaire des civils doivent être mis en place afin de minimiser les morts de Palestiniens innocents », avait ajouté le secrétaire d’État.
À Ofakim, dans le sud israélien, des habitants se sont réunis dans la nuit pour accueillir Shani Goren, 29 ans. « Personne n’est aussi gentille qu’elle. Même en captivité elle donnait sa nourriture aux autres, c’est ce que nous avons appris des témoignages d’autres otages », a dit une proche, Efik Cohen.
80 otages israéliens et 240 prisonniers palestiniens libérés
La trêve a permis la libération de 80 otages israéliens, des femmes et des enfants, et de 240 prisonniers palestiniens, également des femmes et des mineurs. Une vingtaine d’étrangers ou bi-nationaux, en majorité des Thaïlandais travaillant en Israël, ont également été libérés hors du cadre de l’accord.
L’armée israélienne a estimé qu’environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées dans la bande de Gaza lors de l’attaque du 7 octobre. Cette attaque a fait 1200 morts en Israël, en majorité des civils, selon les autorités. Sur la base de documents internes, le New York Times soutient d’ailleurs vendredi que des responsables israéliens avaient obtenu plus d’un an à l’avance le plan du Hamas visant à mener une attaque sans précédent contre Israël, mais avaient jugé ce scénario irréaliste.
Insécurité alimentaire et population en fuite
L’accord de trêve avait permis d’augmenter l’arrivée de l’aide humanitaire à Gaza, où, selon l’ONU, l’ensemble des 2,4 millions d’habitants sont en insécurité alimentaire. Les besoins sont immenses dans le territoire déjà soumis à un blocus israélien depuis 2007 et placé depuis le 9 octobre en état de siège total par Israël.
Selon l’ONU, 1,7 million d’habitants ont été déplacés par la guerre, et plus de la moitié des logements endommagés ou détruits. Plusieurs centaines de milliers de civils ont fui le nord du petit territoire, dévasté par les combats, pour chercher refuge dans le sud. Des milliers d’entre eux ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, ignorant l’interdiction de l’armée israélienne qui dit y contrôler plusieurs secteurs.
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