Les ministres des Finances de la zone euro –l’Eurogroupe– ont étalé leurs différences de point de vue sur les réformes à mener dans l’Union économique et monétaire lors d’une réunion lundi à Bruxelles.
« Le débat d’aujourd’hui nous a permis d’avoir les idées beaucoup plus claires » mais « du travail est encore nécessaire », a estimé le président de l’Eurogroupe, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem.
La rencontre de lundi visait à préparer un sommet de chefs d’État et de gouvernement de l’UE consacré au futur de la zone euro, le 15 décembre dans la capitale belge, qui s’inscrit dans le calendrier du président du Conseil européen Donald Tusk pour relancer l’Europe.
Aucune décision n’était attendue, les ministres étant uniquement invités à faire le point sur les trois thèmes à l’ordre du jour: la simplification des règles budgétaires des États membres, le budget de la zone euro et l’approfondissement de l’Union bancaire.
« On a vraiment une fenêtre d’opportunité dans laquelle tout le monde aujourd’hui est prêt à s’engouffrer », a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
Pour l’occasion, ce qui devait au départ être un Eurogroupe réunissant les ministres des Finances des 19 pays ayant adopté la monnaie unique s’est mué en Eurogroupe « élargi ».
Les 25 pays engagés depuis 2012 dans le « Pacte budgétaire européen » étaient représentés, ainsi que la République tchèque, qui n’a toujours pas signé ce traité, et la Croatie, pas encore membre au moment de sa signature, invitées à titre d’observatrices.
Seul le Royaume-Uni, non signataire et supposé avoir quitté l’Union bien avant l’éventuelle mise en œuvre des réformes discutées lundi, était absent.
Parmi les dossiers évoqués par les 27, la simplification des règles européennes qui encadrent les budgets des États, que tous jugent nécessaire sans parvenir à s’entendre sur la méthode.
Un deuxième point, une éventuelle capacité budgétaire pour la zone euro, a été controversé.
Les avis divergent sur cette idée ancienne relancée par le président français Emmanuel Macron, qui plaide en faveur d’un budget conséquent et d’une « solidarité » européenne.
Plus petit dénominateur commun, « un nombre important de ministres » s’est dit favorable à une capacité budgétaire utilisée comme « instrument stabilisateur » en cas de choc asymétrique, a souligné M. Dijsselbloem.
Enfin, les ministres ont discuté de l’achèvement de l’Union bancaire et de la délicate mise en place d’un système européen de garanties des dépôts destiné à prévenir les paniques bancaires.
L’Allemagne, qui n’a toujours pas de gouvernement, reste réticente à partager le risque bancaire avec les pays du sud de l’Europe, aux banques fragiles, si ce risque n’a pas au préalable été réduit.
La succession de M. Dijssebloem, dont le mandat à la tête de l’Eurogroupe s’achève en janvier, a par ailleurs animé les couloirs de la réunion.
Le profil du prochain président à ce poste clé très convoité sera crucial dans la recherche d’un compromis sur ces sujets qui divisent profondément les Européens.
Contraint de laisser la place après la débâcle de son Parti travailliste aux dernières élections néerlandaises, Jeroen Dijsselbloem a rapidement détaillé lundi le processus qui aboutira à l’élection de son successeur, le 4 décembre, pour un mandat de deux ans et demi.
Le Portugais Mario Centeno, le Slovaque Peter Kazimir, « intéressé » selon le tweet d’un de ses conseillers, le Luxembourgeois Pierre Gramegna, la Lettonne Dana Reizniece-Ozola ou dans une moindre mesure le Français Bruno Le Maire, resté lundi à Paris pour défendre son budget, font partie des noms évoqués.
Plusieurs critères seront pris en compte, comme la couleur politique, la nationalité ou la taille du pays d’origine du candidat, afin de proroger l’équilibre subtil qui régit les nominations aux postes les plus stratégiques de l’UE.
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