Est-ce éco-responsable d’acheter des vêtements en fibres d’ananas ? D’écumer les sites de seconde main ? La mode responsable coûte-t-elle plus chère ? Les consommateurs ont souvent du mal à s’y retrouver face à des injonctions parfois contradictoires.
Pour répondre à ces questions, le label SloWeAre a sorti début mars un guide La face cachée des étiquettes. Ses cofondateurs, Eloïse Moigno et Thomas Ebélé, ayant respectivement travaillé dans l’agroalimentaire et le prêt-à-porter, ainsi que l’industrie pharmaceutique et automobile, en expliquent les enjeux à l’AFP.
Soirée de lancement “La face cachée des étiquettes” https://t.co/a8tgPoRUer pic.twitter.com/VVWPoW2c3x
— Thomas Ebélé (@Tom_SloWeAre) March 11, 2023
Quelles mentions obligatoires doivent aujourd’hui figurer sur les étiquettes de nos vêtements ?
Thomas Ebélé : Il est obligatoire de mentionner la composition des matières, les consignes de tri et le rejet potentiel de microfibres. Depuis le 1er janvier 2023 et la loi Antigaspillage pour une économie circulaire, il est interdit d’y faire figurer les mentions « biodégradable » ou encore « respectueux de l’environnement » (jugées trop vagues, ndlr). Depuis cette même date, la recyclabilité ainsi que la traçabilité des trois grandes étapes de fabrication du vêtement (tissage, ennoblissement, confection) doivent être accessibles au consommateur. Ces obligations visent, dans un premier temps, les entreprises réalisant un chiffre d’affaires supérieur à 50 millions d’euros. Ces dernières mentions ne doivent pas forcément figurer sur l’étiquette, mais au moins sur une fiche produit dématérialisée.
Ce guide, très documenté, déconstruit plusieurs idées reçues. Quelles sont les plus frappantes, selon vous ?
Eloïse Moigno : On pense souvent que la mode responsable est plus chère que la fast fashion (enseignes qui pratiquent le renouvellement rapide de collections à bas prix, NDLR). A SloWeAre, on a calculé la durée de vie d’un T-shirt de la fast fashion et un autre de qualité et on s’aperçoit que celui de la fast fashion coûte 86% plus cher à l’usage, car il dure moins longtemps, il faut le renouveler plus souvent.
Thomas Ebélé : Il y a aussi les matières innovantes, souvent présentées comme des alternatives miracle d’un point de vue écologique, mais qui sont plutôt un moyen de reverdir l’agroalimentaire qui produit tellement de déchets qu’elle ne sait plus quoi faire de ses écorces d’agrumes et de ses feuilles d’ananas. Quelque part, on continue de justifier la surproduction de jus d’orange ou d’ananas qui vont transiter sur des bateaux (…) et on continue de raser de la forêt primaire.
Eloïse Moigno : Il y la seconde main aussi. À partir du moment où on achète des vêtements qu’on ne va pas porter sous prétexte qu’ils sont moins chers ou qu’ils ont déjà eu une vie, c’est une forme de déculpabilisation et pas une bonne raison d’acheter. On ne résout pas la grande problématique du textile qu’est le gaspillage vestimentaire et la surproduction.
Comment bien acheter ?
Thomas Ebélé : On a tous dans notre armoire un T-shirt qui a 10 ans, qu’on adore, que parfois on n’ose plus porter mais on le garde parce qu’on a vécu des trucs avec. Plus l’impact émotionnel est fort avec nos vêtements, moins on les porte juste parce qu’il faut s’habiller mais on y met des valeurs et on les garde plus longtemps.
Eloïse Moigno : Cette durabilité émotionnelle est souvent prise en compte dans la mode responsable, mais dans la mode traditionnelle, c’est un gros enjeu car son modèle est basé sur un renouvellement perpétuel des collections avec un vêtement qui se démode hyper rapidement. Donc, il faut acheter mieux, acheter moins et ce dont a besoin, déjà. Quand on fait du shopping, l’idée après avoir « craqué » sur une pièce, c’est de sortir du magasin, d’attendre et de voir si dans trois jours, on y repense encore. Et faire une liste de ses besoins avant de faire du shopping.
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