Le laboratoire de Wuhan autorisé à détruire des « fichiers confidentiels » en vertu de son partenariat avec un laboratoire national américain

Par Eva Fu
22 avril 2022 13:38 Mis à jour: 22 avril 2022 13:41

Selon un document légal, l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) était en droit d’obliger un laboratoire américain partenaire à détruire toutes les données issues de leur collaboration.

Un protocole d’accord de coopération, signé entre le laboratoire de Wuhan et le laboratoire national de Galveston de l’Université du Texas, obligeait chacun des deux laboratoires à supprimer les « fichiers confidentiels » ou les matériaux à la demande de leur partenaire.

« Chaque partenaire est autorisé à exiger de son homologue la destruction et/ou la restitution de fichiers, de matériaux et d’équipements classés confidentiels sans aucune sauvegarde », indique le protocole d’accord obtenu en vertu d’une requête d’accès à l’information par l’organisation U.S. Right to Know, un groupe de recherche à but non lucratif spécialisé dans la santé publique.

Le protocole d’accord a été signé en 2017 et restera en vigueur jusqu’en octobre prochain, mais les conditions de confidentialité resteront contraignantes après son expiration fixée à cinq ans. Il est globalement axé sur la promotion de la recherche et une coopération dans la formation entre les deux laboratoires.

Le document définit également en termes vagues les éléments qui peuvent être considérés comme « confidentiels ». Globalement, le protocole autorise la suppression de tous types de documents et données issus de la collaboration de deux laboratoires.

« Tous les documents, informations et matériaux de coopération et d’échange seront traités comme des informations confidentielles par les parties », est‑il écrit.

En raison des spéculations croissantes selon lesquelles le virus à l’origine du Covid‑19 pourrait s’en être échappé, le WIV a été au centre de toutes les polémiques. Le laboratoire a nié ces allégations, mais Pékin a bloqué l’accès des enquêteurs internationaux à toutes ses données et sauvegardes, empêchant par là toute enquête sérieuse.

Selon une annonce conjointe publiée dans la revue Science, pour « simplifier les futures collaborations scientifiques et opérationnelles sur les agents pathogènes dangereux », le WIV et le laboratoire national de Galveston sont officiellement devenus partenaires un an après avoir signé le protocole d’accord.

Selon certains spécialistes, les termes du protocole d’accord permettant la suppression des données sont alarmants et éventuellement illégaux.

« La clause est franchement explosive », explique à US Right to Know Reuben Guttman, un des associés du cabinet d’avocats Guttman, Buschner & Brooks PLLC spécialisé dans l’intégrité des programmes gouvernementaux. « Chaque fois que je vois une entité publique, je suis très inquiet quant à une éventuelle destruction de documents. »

« On ne peut pas juste dire un peu malgré soi : ‘Eh bien, voyez‑vous, les Chinois peuvent nous dire quand détruire un document.’ Ça ne marche pas comme ça », ajoute‑t‑il. « Il doit y avoir un protocole complet ».

Christopher Smith, porte‑parole du département médical de l’Université du Texas (University of Texas Medical Branch, UTMB), a déclaré à US Right to Know que le laboratoire a été « construit par les National Institutes of Health pour aider à combattre les menaces sanitaires mondiales ».

« En tant qu’entité financée par le gouvernement, l’UTMB est tenu de se conformer aux obligations en vigueur de la loi d’accès à l’information du public, [ces obligations] comprennent la préservation de toute la documentation liée à ses recherches et à ses résultats. »

Epoch Times a contacté l’UTMB et le laboratoire.

Sous surveillance

Tout comme le WIV, le laboratoire de Galveston est un laboratoire P4. C’est un des deux laboratoires universitaires de niveau de biosécurité maximale financés par le gouvernement fédéral des États‑Unis. Il a commencé à collaborer avec le WIV en 2013. La coopération comprend la formation des scientifiques du WIV et la conduite de programmes de recherche conjoints. Le directeur du laboratoire de Galveston de l’époque, le Dr James Le Duc, qui a pris sa retraite en 2021, voyageait régulièrement en Chine pour se rendre au WIV.

Le laboratoire national de Galveston a également été un des premiers au monde à recevoir des échantillons de SRAS‑CoV‑2 (le virus à l’origine du Covid‑19) en provenance des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), trois semaines environ après la demande pressante formulée par le Dr Le Duc à ses homologues chinois pour qu’ils partagent ce matériau.

Les révélations contenues dans le protocole d’accord de 2017 contredisent les affirmations des scientifiques du WIV selon lesquelles ils ont toujours refusé de supprimer les informations de recherche cruciales.

La virologue chinoise Shi Zhengli, qui dirige le Centre des maladies infectieuses émergentes du WIV, a qualifié d’« infondées et consternantes » les allégations selon lesquelles son laboratoire supprimait ces données.

« Quand nous leur donnons tous les dossiers, ils prétendent que nous avons caché des documents ou que nous avons détruit des preuves », a‑t‑elle déclaré dans une interview accordée en février à la MIT Technology Review.

La virologue chinoise Shi Zhengli à l’intérieur du laboratoire P4 à Wuhan, en Chine, le 23 février 2017. (Johannes Eisele/AFP via Getty Images)

En septembre 2019, quelques mois avant que plusieurs des chercheurs du WIV ne tombent malades avec des symptômes de type Covid apparemment, l’établissement a retiré d’Internet sa principale base de données d’échantillons de virus.

Depuis que la pandémie a éclaté à Wuhan, les normes de sécurité du WIV ont retenu l’attention internationale. Des images réalisées en 2017 montrent certains chercheurs en train de nourrir une chauve‑souris en ne portant que des gants chirurgicaux. On voit également un autre chercheur utiliser une paire de lunettes ordinaires et un simple masque chirurgical pour collecter les échantillons de chauve‑souris.

En avril 2020, le département de l’Éducation a lancé une enquête sur les liens entre le laboratoire de Galveston et le laboratoire de Wuhan. Epoch Times a contacté le département pour obtenir des informations supplémentaires.

Le même mois, le Dr Le Duc priait le Dr Shi Zhengli de revoir un projet d’exposé qu’il avait préparé pour l’université et l’équipe du Congrès chargé d’enquêter sur leur collaboration.

« Veuillez examiner attentivement ce document et y apporter les modifications que vous souhaitez. Je veux que ce document soit aussi précis que possible et je ne veux surtout pas dénaturer vos précieuses contributions », écrivait‑il dans un courriel adressé à la directrice du WIV, que US Right to Know a obtenu. Un jour plus tôt, le Dr Shi refusait de parler au Dr Le Duc par téléphone « en raison de la complexité de la situation ». Elle insistait sur le fait que le virus « n’est pas issu d’une fuite [sic] de notre laboratoire ou d’un autre laboratoire ».

À cette même époque, Christopher Smith, directeur des relations médias de l’UTMB, déclarait au groupe d’enquête : « L’information que le Dr Le Duc voulait que le Dr Shi vérifie, c’était une description de sa recherche sur les coronavirus et la façon dont il l’avait comprise. »

Dans sa correspondance avec d’autres personnes, le Dr Le Duc reconnaissait néanmoins que pour lui, un accident de laboratoire pouvait être à l’origine de la pandémie.

« Il est possible qu’un accident de laboratoire soit à l’origine de l’épidémie. Je suis également d’accord pour dire que nous ne pouvons pas faire confiance au gouvernement chinois », a‑t‑il écrit le 10 avril 2020, selon un autre courriel obtenu par le groupe.

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