L’absence d’un haut responsable chinois au Congrès du Parti pourrait résulter de la lutte pour le pouvoir

21 octobre 2017 05:56 Mis à jour: 21 octobre 2017 05:56

Le 18 octobre, le premier jour du 19e Congrès national du Parti communiste chinois (PCC) – le plus important conclave politique en Chine – les participants ont noté une absence remarquable : celle de Luo Gan, l’ancien patron de la sécurité.

Cette absence a été surtout visible en tenant compte que le jour précédent Luo Gan avait été approuvé en tant que l’un des 42 membres du Présidium du 19e Congrès. Tous les autres membres du Présidium étaient présents au Congrès.

À la fin du Congrès, le 24 octobre, la liste de la prochaine génération d’élites dirigeantes du PCC sera dévoilée.

Le Présidium est composé des « anciens » hauts fonctionnaires du Parti ainsi que des membres actuels et anciens du Politburo qui surplombe la hiérarchie du PCC. Leur présence est symbolique pour les gros bonnets du Parti en tant que moyen de manifester leur soutien au leadership de l’actuel dirigeant chinois Xi Jinping. Tous les membres nommés au Présidium sont présumés à être présents au Congrès.

Toutefois, dès 42 membres du Présidium, Luo Gan a été le seul à être absent.

De 1998 à 2007, Luo Gan, âgé de 82 ans, était le patron de la Commission des affaires politiques et juridiques, l’organe du Parti qui supervise un vaste appareil de sécurité intérieure. De 2002 à 2007, il a été également l’un des neuf membres du Comité permanent du Politburo – le plus haut échelon du pouvoir en Chine. Luo Gan a réussi à gravir les échelons grâce au soutien de Jiang Zemin, alors chef du PCC.

Aujourd’hui, Jiang Zemin et ceux qui lui restent toujours fidèles forment une faction au sein du PCC qui est engagée dans une lutte de pouvoir avec Xi Jinping et ses alliés.

L’absence dans le Présidium d’un des proches lieutenants de Jiang Zemin a été largement commentée par les observateurs et experts sur la vie politique de la Chine.

En 1999, Luo Gan a été personnellement choisi par Jiang Zemin pour mener la campagne de persécution des pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong. En juillet 1999, craignant la popularité grandissante de cette discipline pratiquée, selon les estimations, par entre 70 et 100 millions de Chinois, et surtout son indépendance du Parti-État, Jiang Zemin a lancé cette campagne en cherchant à éradiquer le Falun Gong.

Cette photo, prise avant juillet 1999, montre la pratique des exercices de Falun Gong à Shenyang, province du Liaoning, (Minghui.org)

Luo Gan, qui surveillait les institutions étatiques d’application de la loi, dont la police, les camps de travail, les prisons et le système judiciaire, a ordonné l’arrestation et la détention de centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong qui ont été soumis aux différentes formes de torture et mauvais traitement.

Luo Gan a aussi été essentiellement responsable de la création du Bureau 610, un appareil extrajudiciaire de type Gestapo établi spécialement pour mener la répression contre le Falun Gong.

En 2009, un juge argentin a délivré un mandat d’arrestation contre Luo Gan, l’accusant des crimes de génocide et de torture. D’autres pays ont également entamé des poursuites judiciaires contre Luo Gan et Jiang Zemin.

Aujourd’hui, de nombreux responsables de la faction de Jiang Zemin ont été mis hors-jeu dans le cadre de la vaste campagne anticorruption menée par Xi Jinping et ses alliés. Après que Li Dongsheng et Zhou Yongkang – qui ont aidé Jiang Zemin dans la persécution en tant que patrons du Bureau 610 et de la Commission des affaires politiques et juridiques – ont été évincés par Xi Jinping, les observateurs se demandaient quand ce serait le tour de Luo Gan.

Par rapport à l’absence de Luo Gan au 19e Congrès du Parti, Chen Simin, analyste des affaires contemporaines en Chine, a évoqué la récente éviction de Wu Aiying. La chute de cette dernière a été annoncée le 14 octobre, à la fin de la septième session plénière du Comité central, la réunion obligatoire avant le Congrès national à laquelle doivent assister les principaux responsables du Parti.

Wu Aiying a gravi les échelons dans l’appareil judiciaire du PCC et occupait le poste du ministre de la Justice de 2005 à 2017. Lorsque Luo Gan était en charge du Bureau 610, il a nommé Wu Aiying cheffe du groupe de « maintien de la stabilité » dans la province du Shandong, un euphémisme signifiant être en charge de l’élimination de la dissidence. Elle a supervisé à l’époque la persécution des pratiquants de Falun Gong locaux. D’après Chen Simin, l’absence de Luo Gan dans le Présidium du Congrès pourrait être liée à cette récente purge.

On peut également noter que de nombreux alliés de Jiang Zemin n’ont pas été nommés au Présidium, y compris Hui Liangyu, ancien vice-premier ministre, et Wang Lequan, ancien membre du Politburo et chef du Parti dans la région du Xinjiang.

De nombreux hauts fonctionnaires appartenant à la faction de Jiang Zemin, qui devraient figurer parmi les délégués au Congrès, ont été déjà destitués par Xi Jinping

De plus, l’ordre d’apparition sur la liste des membres du Présidium fait également allusion à la lutte pour le pouvoir. Le nom de Jiang Zemin est apparu après tous les membres actuels du Politburo, ce qui est nettement différent du précédent Congrès national du PCC, lorsque son nom figurait juste après celui de Hu Jintao, le chef sortant du PCC. Jiang Zemin, qui disposait d’un énorme pouvoir en coulisses pendant toute la période quand Hu Jintao était chef du Parti, a vu à l’époque son nom inscrit devant ceux du premier ministre Wen Jiabao et d’autres membres du Comité permanent du Politburo.

Les observateurs politiques considèrent ce fait comme un signe d’un important affaiblissement de l’influence de Jiang Zemin au sein du PCC.

Gu Qing’er a contribué à cet article.

Version anglaise

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

EN CE MOMENT