Un affront infligé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, placée mardi par le protocole en retrait sur un divan lors de la réunion des présidents des institutions de l’UE avec le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, a provoqué une polémique et beaucoup de ressentiment à Bruxelles.
« La présidente von der Leyen a été surprise. Elle a décidé de passer outre et de donner la priorité à la substance. Mais cela n’implique pas qu’elle n’accorde pas d’importance à l’incident », a expliqué le 7 avril son porte-parole Eric Mamer.
La scène a été filmée et largement diffusée sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #Sofagate, elle a suscité de nombreux commentaires sur l’inégalité de traitement entre les deux chefs des institutions européennes, et son caractère sexiste. « Ehm », murmure l’ancienne ministre allemande de la Défense, apparemment désemparée : debout, elle semble ne pas savoir où s’installer alors que le président du Conseil européen Charles Michel et le Président turc se calent dans les deux fauteuils préparés pour la réunion. Ursula von der Leyen prend ensuite place sur un canapé, en retrait des deux hommes, face au ministre turc des affaires étrangères.
« Mme von der Leyen attend d’être traitée selon les règles protocolaires et elle a demandé à ses services de faire en sorte que ce genre d’incidents ne se répète pas à l’avenir », a annoncé son porte-parole. « Les présidents des deux institutions ont le même rang protocolaire », a-t-il soutenu.
Un manque de courtoisie
À contrario, le Conseil européen, l’organe représentant les États membres, a toutefois fait savoir que son président avait la préséance sur la Commission pour le protocole international. « Aucune disposition n’a été prise en dehors de celles demandées par une délégation de l’UE qui a préparé la visite », a assuré en fin de journée un responsable turc. La visite avait été préparée par l’ambassadeur de l’UE à Ankara.
Charles Michel a confirmé cette version : « L’interprétation stricte par les services turcs des règles protocolaires a produit une situation désolante : le traitement différencié, voire diminué, de la présidente de la Commission européenne », a-t-il expliqué dans un message sur son compte Facebook. « Sur le moment, tout en percevant le caractère regrettable de la situation, nous avons choisi de ne pas l’aggraver par un incident public », a-t-il soutenu.
Nous avons participé ce mardi, Ursula von der Leyen et moi-même, à une rencontre à Ankara avec le président turc Recep…
Publiée par Charles MICHEL sur Mercredi 7 avril 2021
« Il ne faut pas laisser faire ce genre de choses »
À Paris, le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune a réagi de son côté avec vigueur. « Ce sont des images qui font mal et qui manifestement montrent quelque chose d’organisé », a-t-il déclaré à la chaîne BFM TV. « Je ne veux pas d’une Europe naïve, fragile et donc là je crois qu’on a affaire à des interlocteurs, le Président turc, qui eux connaissent la force des images, la valeur des symboles », a-t-il ajouté. « C’est un affront qu’on corrigera mais il ne faut pas laisser faire ce genre de choses ».
La rebuffade intervient à un moment diplomatique délicat, alors que l’UE et la Turquie cherchent à renouer leurs relations après une année de tensions. Les Européens ne cachent pas leurs inquiétudes face aux violations des droits fondamentaux en Turquie et la décision du Président Erdogan de quitter la convention d’Istanbul sur la prévention de la violence contre les femmes et les enfants.
À l’issue de la rencontre, Mme von der Leyen n’a pas mâché ses mots lors de la conférence de presse. « Je suis profondément inquiète du fait que la Turquie se soit retirée de la Convention d’Istanbul », a-t-elle lancé. « La question des droits de l’homme est hautement prioritaire dans la relation entre l’UE et la Turquie. Elle sera prise en compte dans l’analyse générale qui sera soumise aux dirigeants européens lors de leur sommet en juin », a averti mercredi son porte-parole.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.