Le groupe Lactalis et la société Celia Laiterie de Craon sont convoqués jeudi au tribunal de Paris en vue d’une éventuelle mise en examen dans l’enquête sur la contamination aux salmonelles de laits infantiles qui a touché des dizaines de nourrissons fin 2017, a-t-on appris mercredi auprès du groupe.
Plus de quatre ans après l’ouverture d’une information judiciaire notamment pour tromperie et blessures involontaires, un représentant des deux sociétés devra donc répondre aux questions d’un juge du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, comme l’avait révélé le Figaro.
« L’ensemble des collaborateurs et des dirigeants du groupe Lactalis a pleinement conscience des épreuves vécues par les familles dont les enfants ont été malades et souhaite que les raisons de cette intoxication soient pleinement éclairées », a commenté le groupe, assurant coopérer « en toute transparence avec les autorités judiciaires ».
53 nourrissons atteints de salmonellose
Au total, 53 nourrissons identifiés avaient été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l’usine de Craon, située en Mayenne.
Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires, qui vont de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves, notamment pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies.
Le processus de retrait avait été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination avaient été mis au jour.
Production suspendue
Après plusieurs semaines de crise, le groupe, réputé pour sa culture du secret, avait retiré mi-janvier 2018 la totalité de ses laits infantiles produits dans l’usine incriminée, dont la production avait dû être suspendue pendant plus de six mois.
L’entreprise dirigée par Emmanuel Besnier avait affirmé que la contamination s’expliquait par des « travaux réalisés courant 1er semestre 2017 ». Mais le site avait déjà subi une contamination à la salmonelle en 2005. L’Institut Pasteur avait ensuite annoncé être arrivé à la conclusion que la bactérie présente à Craon avait subsisté entre 2005 et 2017.
« Une perte de sécurité de la fabrication »
Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées et plusieurs dizaines de personnes ont été auditionnées par les enquêteurs. En octobre 2019, M. Besnier a été entendu dans le cadre d’une garde à vue, dont il est sorti sans poursuite.
Selon une expertise rendue en octobre 2022 et versée au dossier, dont les journalistes de l’AFP ont eu connaissance, « l’entreprise a manqué de vigilance voire de clairvoyance vis-à-vis des signaux négatifs répétés qui alertaient sur une perte de sécurité de la fabrication ».
« Mais le dossier ne conduit aucunement à constater que l’entreprise n’aurait pas respecté ses engagements préétablis pour se mettre en conformité avec les exigences de la réglementation (…) ou bien qu’elle aurait commercialisé avant le 1er décembre (2017, ndlr) des produits en sachant qu’ils étaient contaminés par des salmonelles suite à une analyse d’autocontrôle », ajoutent toutefois les experts.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.