Le mois dernier, le chancelier allemand Olaf Scholz a admis une chose que tous les Allemands savaient, mais avaient peur d’en parler : le modèle économique du pays est déficient.
Ce modèle stratégique, basé sur la mondialisation et l’interdépendance, est en train de se retourner contre l’Allemagne. C’est l’équivalent de la construction de l’avenir d’une nation en mettant tous ses œufs dans le même panier. Dans ce cas, dans deux paniers : la Russie et la Chine. L’Allemagne dépend de la Russie pour la majorité de ses besoins énergétiques, et elle dépend de la Chine pour la majorité de son économie axée sur les exportations.
M. Scholz a déclaré que la « dépendance unilatérale » de l’Allemagne vis-à-vis de la Chine et de la Russie devait prendre fin.
Le chancelier modifie la politique allemande de longue date. Désormais, le pays consacre 2% de son PIB à la défense et au renforcement des défenses orientales de l’OTAN, accélère la politique de l’abandon de l’énergie russe, construit davantage de terminaux de gaz naturel liquide (GNL) et s’engage à devenir une nation nucléaire.
Toutefois, Olaf Scholz n’est pas sans reproche par rapport à la situation actuelle de l’Allemagne. Pendant des années, il a été ministre des Finances et vice-chancelier dans le gouvernement de l’ancienne chancelière Angela Merkel.
Au début du mois de décembre, un média allemand a publié des extraits d’un document stratégique divulgué du ministère de l’Économie. Le document prévoit des tensions croissantes entre l’Allemagne et la Chine, ainsi que la possible tentative d’annexion de Taïwan par la Chine en 2027 au plus tard. Si ces prévisions se concrétisent, elles signifieraient de nouvelles difficultés économiques pour l’Allemagne.
Le document explique qu’alors que la Chine s’efforce depuis des années de réduire sa dépendance vis-à-vis de l’étranger – une stratégie dont Epoch Times a souvent parlé – l’Allemagne et l’Europe ont fait le jeu de l’État-parti chinois et ont doublé leur dépendance vis-à-vis de la Chine.
Toutefois, changer de cap est plus facile à dire qu’à faire.
L’Allemagne est un pays industriel avancé. Sa source d’énergie n’est pas très diversifiée. Les combustibles fossiles tels que le pétrole et le gaz représentent 60% de production d’énergie du pays, et la Russie est le plus grand fournisseur des deux.
« L’Allemagne importait pour environ 1,8 milliard d’euros de gaz, de pétrole et de charbon russes par mois, contribuant ainsi à financer la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine », écrivait The Economist en avril 2022.
Aujourd’hui, le pays construit à la hâte de nouveaux terminaux pour la livraison du GNL par bateau afin de compléter ses besoins énergétiques. Fin novembre, le Qatar a annoncé la signature des accords sur l’exportation de GNL vers l’Allemagne pour une durée d’au moins quinze ans. Fin septembre, le gouvernement de M. Scholz a annoncé un programme de « bouclier » de 200 milliards d’euros visant à limiter le prix du gaz pour les entreprises et les ménages et ainsi qu’à subventionner les sociétés importatrices d’énergie.
Sur le plan commercial, les responsables politiques allemands ont fait le tour de l’Asie le mois dernier, réévaluant les liens existants et en forgeant de nouveaux.
Plusieurs leaders d’industrie allemands étaient de la partie, notamment les dirigeants des géants industriels BASF et Siemens, ainsi que du géant financier Deutsche Bank.
Les gouvernements allemands précédents ont attaché l’économie allemande à la Chine, un pays dont le régime communiste est devenu de plus en plus hostile à l’Occident et à ses alliés. Cette politique se reposait presque entièrement sur les intérêts des entreprises allemandes, qui sont devenues dépendantes de la demande chinoise et qui ont investi massivement dans la production en Chine.
L’Allemagne doit se préparer à un monde où le régime chinois sera de plus en plus isolé.
Aucun pays ne peut remplacer l’appétit de la Chine pour les exportations allemandes, notamment les machines industrielles, les équipements techniques et les automobiles. Mais l’Allemagne doit bien commencer quelque part.
« Il ne serait certainement pas envisageable de renoncer complètement à la Chine », a déclaré Volker Treier, responsable du commerce extérieur au sein du lobby de la Chambre de commerce et d’industrie allemande (DIHK) à Berlin, dans une interview accordée à Bloomberg en novembre.
« Les entreprises allemandes essaient de se diversifier et de se prémunir contre la possibilité d’un déclin plus fort des relations commerciales avec la Chine », a-t-il ajouté.
Les entreprises allemandes doivent être incitées à se diversifier en s’éloignant de la Chine. Cela coûtera de l’argent, et cela nuira aux résultats financiers des entreprises, au moins temporairement. Cela demande un engagement de la part du monde des affaires, des politiciens de l’Allemagne et de ses alliés de l’Union européenne.
Jusqu’à présent, les mesures entreprises ont été assez limitées. Alors que l’Allemagne, le mois dernier, a bloqué l’acquisition par la Chine d’une usine de fabrication de puces électroniques, elle a refusé, début décembre, de suivre l’exemple des États-Unis et d’interdire totalement les importations d’équipements du géant des télécommunications chinois Huawei. En octobre, Berlin a autorisé le géant chinois du transport maritime COSCO, détenu par l’État, à acheter un terminal dans le port de Hambourg, bien qu’il se soit contenté d’un investissement relativement plus modeste qu’initialement prévu.
Tout cela soulève les questions suivantes : est-ce trop peu ? Est-ce déjà trop tard ?
Fan Yu est un expert en finance et en économie. Il a contribué à des analyses sur l’économie chinoise depuis 2015.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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