L’Allemagne réalise son propre plan Morgenthau

Par Victor Davis Hanson
16 janvier 2025 09:36 Mis à jour: 16 janvier 2025 09:36

Moins d’un an avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, Henry Morgenthau, alors secrétaire américain au Trésor, a élaboré un plan cauchemardesque pour punir l’Allemagne d’après-guerre.

Après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Première et la Seconde Guerres mondiales, ainsi que l’échec du traité de paix de Versailles de 1919, les Alliés de la Seconde Guerre mondiale voulaient s’assurer qu’il n’y aurait plus jamais d’Allemagne agressive suffisamment puissante pour envahir ses voisins.

Lorsque le plan Morgenthau a été divulgué à la presse en septembre 1944, au début il a été généralement bien reçu. Après tout, il était censé rendre l’Allemagne incapable de déclencher une nouvelle guerre mondiale en Europe.

Henry Morgenthau envisageait certainement une « paix carthaginoise » – une paix brutale consistant à écraser complètement l’ennemi – conçue pour garantir une Allemagne désindustrialisée, désarmée et pastorale en permanence.

L’Allemagne d’après-guerre aurait ressemblé à l’ancien territoire barbare au-delà des frontières de l’Empire romain dont parlait l’historien romain Tacite dans son traité La Germanie du premier siècle de notre ère.

Le plan Morgenthau aurait garanti que, dans les six mois suivant la capitulation de l’Allemagne, toutes ses usines et tous ses équipements industriels seraient démantelés. La Ruhr, centre réputé de la puissance industrielle européenne, devait être définitivement neutralisée, privée de son énergie, de ses matières premières et de ses infrastructures. Le plan exigeait également un désarmement quasi complet de l’Allemagne. Ses forces armées, autrefois redoutées, devaient être réduites à néant.

Des réductions massives des frontières allemandes ont également été prévues. Plusieurs pays devaient se voir attribuer de larges portions de l’ancien Troisième Reich – notamment la France, l’Union des républiques socialistes soviétiques et la Pologne (ce qui lui compensait partiellement la perte de sa moitié est, annexée par l’URSS encore en 1939). La sécurité future de l’Allemagne ne dépendrait que de la bonne volonté des Alliés victorieux.

Cependant, même parmi les Américains, on trouvait pas mal de ceux qui étaient horrifiés par le plan présenté par leur secrétaire au Trésor. L’ancien président Herbert Hoover, par exemple, a dénoncé le plan comme étant inhumain. Il craignait une famine massive du peuple allemand s’il était réduit à une société paysanne prémoderne.

Toutefois, une fois que les Alliés victorieux ont occupé une Allemagne dévastée, qu’ils ont vu son paysage lunaire ruiné par des bombardements massifs et des combats maison par maison, et qu’ils ont découvert que leur ancien « allié » – le tyran soviétique Joseph Staline – était impitoyable et déterminé à rajouter l’Europe tout entière à son empire socialiste, l’administration du président américain Henry Truman a renoncé au plan Morgenthau.

Et pourtant, les horreurs avortées de ce plan n’ont pas été mises aux oubliettes de l’Histoire. À l’heure actuelle, l’Allemagne s’inflige pratiquement tout ce dont M. Morgenthau avait rêvé.

Ses illusions vertes ont entraîné la fermeture d’un trop grand nombre de centrales nucléaires, au charbon et au gaz.

L’introduction à la place de l’énergie solaire et éolienne « durable », qui est instable et chère, a vite monté les coûts de l’électricité dans le pays qui sont actuellement quatre fois plus élevés qu’en moyenne aux États-Unis.

Les géants automobiles européens Volkswagen, BMW et Mercedes, autrefois dominants, perdent aujourd’hui des clients et des bénéfices. Les mesures imposées par leur propre gouvernement en matière de voitures vertes et électriques garantissent que ces sociétés ne seront plus compétitives à l’échelle mondiale.

L’économie allemande s’est en fait contractée en 2023. Et la région de la Ruhr en déclin ne peut plus sauver cette économie de ses propres politiciens utopiques.

L’armée allemande est mal armée et manque de milliers de recrues. Les industries allemandes ne produisent pas assez de munitions, de chars, de navires et d’avions pour équiper son armée de terre, sa marine et son armée de l’air, même diminuées.

À quelques centaines de kilomètres de l’Allemagne, en Ukraine, plus d’un million d’Ukrainiens et de Russes sont morts, blessés ou portés disparus dans la bataille européenne la plus coûteuse en vies humaines depuis les horreurs de Stalingrad.

Pourtant, l’Allemagne, pays dynamique de l’après-guerre, manque aujourd’hui de main-d’œuvre, de munitions et d’argent pour aider de manière significative l’Ukraine qui mène la guerre contre les envahisseurs de la Russie expansionniste.

Plus d’un million d’immigrants sont entrés illégalement en Allemagne, la grande majorité venant du Moyen-Orient. Nombre d’entre eux sont hostiles à la culture, à la tradition et aux valeurs européennes, comme l’ont montré les récents assassinats terroristes. Un cinquième de la population du pays n’est pas né en Allemagne.

Le peuple allemand autochtone en plaine diminution devient de plus en plus mécontent, divisé et déprimé. Son taux de fécondité est l’un des plus bas du monde occidental.

Une ironie tragique est aujourd’hui au rendez-vous.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’administration américaine de Truman a rejeté les plans de créer une Allemagne pastorale, désindustrialisée et sans défense, estimant qu’il s’agissait d’une prescription cruelle menant à la pauvreté, la famine et la dépopulation.

Mais aujourd’hui, les Allemands eux-mêmes ont voté pour leur propre version actualisée du plan Morgenthau en réduisant volontairement les heures de travail dans les usines, en diminuant l’approvisionnement en électricité et en carburant, et en faisant face aux millions de migrants clandestins et aux frontières poreuses.

Les Allemands acceptent également le fait qu’ils n’ont pas d’armée capable de protéger leurs frontières peu sûres sans l’aide de l’OTAN dirigée par l’Amérique.

Il y a 80 ans, les anciens Alliés victorieux de l’Allemagne ont refusé de détruire la nation vaincue, estimant que c’était trop dur. Mais aujourd’hui, l’Allemagne est en train de se désindustrialiser, de se désarmer et de s’autodétruire par elle-même.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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