Après bien des rebondissements, le géant américain des semi-conducteurs Qualcomm a annoncé jeudi qu’il renonçait à son projet de rachat du néerlandais NXP, en l’absence d’accord des autorités de régulation chinoises, sur fond de guerre commerciale entre Pékin et Washington. Il s’agissait d’une des plus grosses fusions du secteur.
« Qualcomm Incorporated a annoncé aujourd’hui la fin de l’acquisition de NXP Semiconductors N.V. par Qualcomm River Holdings B.V. avec effet immédiat », a détaillé un communiqué du groupe.
Un peu plus tôt, le patron du groupe Steve Mollenkopf avait prévenu dans un communiqué distinct qu’« en l’absence de nouveaux développements » venant des autorités chinoises d’ici la date butoir fixée à mercredi 23H59, heure de New York (03H59 GMT jeudi), Qualcomm abandonnerait ce projet de quelque 43 milliards de dollars.
Interrogé plus de trois heures après l’expiration du délai, le porte-parole du ministère chinois du Commerce Gao Feng n’a pas voulu dire si Pékin avait ou non bloqué l’acquisition. Il a en revanche assuré que ce dossier n’avait « rien à voir avec les frictions commerciales sino-américaines ». S’il tire un trait sur NXP, M. Mollenkopf a toutefois assuré que « la stratégie de base » du groupe « qui consiste à propulser les technologies Qualcomm dans des secteurs à plus forte croissance, restait inchangée ».
Continuer notre dynamique dans ces secteurs de croissance
« Nous continuerons à nous concentrer sur notre forte dynamique dans ces secteurs de croissance » avec un objectif de chiffre d’affaires d’environ 5 milliards de dollars pour l’exercice 2018, en hausse de plus de 70% par rapport à l’exercice 2016, a-t-il poursuivi. Le géant américain a également annoncé que son conseil d’administration avait autorisé un programme de rachat d’actions de 30 milliards de dollars, qui devrait notamment « générer une augmentation significative de la valeur pour les actionnaires ».
L’opération devrait être bouclée pour l’essentiel avant la clôture de l’exercice 2019. Le projet de rachat de NXP a connu bien des rebondissements et a été plusieurs fois retardé, les deux groupes s’étant mis d’accord en avril sur une ultime date butoir pour mener la transaction à bien, le 25 juillet au soir. Avec l’échec de la transaction, Qualcomm doit verser dès jeudi une indemnité de rupture de 2 milliards de dollars, a précisé le communiqué.
Dans le bras de fer qui se joue entre les fabricants mondiaux de semi-conducteurs, compliqué par la guerre entre Washington et Pékin qui s’affrontent à coups de taxes douanières, Qualcomm attendait depuis des mois l’aval des autorités chinoises pour cette opération. Ce n’est pas la première fois que le mariage entre entre NXP et Qualcomm, annoncé fin 2016, se heurte à des problèmes réglementaires. Dans des transactions de grande ampleur et ayant possiblement un impact sur plusieurs marchés, elles doivent être validées par différents régulateurs dans le monde.
Qualcomm, spécialisé dans les composants pour téléphones portables, espérait initialement boucler fin 2017 cette transaction destinée à étendre ses activités aux marchés porteurs de l’automobile et des objets connectés. Le projet avait obtenu, souvent avec difficultés, l’autorisation des instances réglementaires de huit autres pays. La Commission européenne avait ouvert en 2017 une enquête sur cette fusion entre les deux géants, avant de finalement l’autoriser en janvier.
En février, Qualcomm avait relevé son offre de rachat sur NXP de 110 à 127 dollars l’action au grand dam d’un autre fabricant de semi-conducteurs, Broadcom, qui avait lui-même lancé une OPA hostile sur Qualcomm, bloquée finalement par la Maison Blanche, arguant de menaces pour la sécurité nationale.
Washington estimait que le rachat de Qualcomm par Broadcom alors basé à Singapour aiderait des entreprises chinoises comme Huawei à dominer le marché stratégique de l’internet mobile ultra rapide, la 5G. Le rachat de NXP pourrait donc apparaître comme la victime collatérale des tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.
Qualcomm, un gros fournisseur d’Apple mais avec lequel il est en conflit, et qui pèse près de 90 milliards en Bourse, est régulièrement aux prises avec les autorités de la concurrence. Le groupe a été mis à l’amende dans plusieurs pays ou régions comme en Corée du Sud, en Chine, à Taïwan ou dans l’Union européenne.
DC avec AFP
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