Landes : depuis presque dix ans, Nathalie fabrique des crayons dans des branches d’arbre

Par Emmanuelle Bourdy
17 juin 2024 20:40 Mis à jour: 17 juin 2024 20:40

Il y a dix ans, Nathalie avait des envies de changement. Cette ancienne chargée de la programmation culturelle de communes des Pays de la Loire s’est reconvertie en 2015, date à laquelle elle a fondé l’Atelier du crayon. Installée dans une petite commune des Landes, à Lesperon, Nathalie partage également sa passion avec les nombreux visiteurs qui lui rendent visite.

Après avoir rencontré Patrick, facteur de crayon basé en Auvergne, Nathalie a trouvé ce métier très « poétique ». L’homme a bien voulu lui transmettre son savoir-faire, à condition qu’elle ne s’installe pas dans la même région que lui. Et c’est ainsi qu’elle a établi son atelier dans les Landes.

« Être créatrice, c’est être actrice »

L’Atelier du crayon, « c’est avant tout une histoire d’artisanat au féminin », explique-t-elle sur le site atelierducrayon.com. Et c’est également « une histoire de reconversion », puisque Nathalie est passée de la fonction publique à l’artisanat. Elle décrit son ancien métier comme « super intéressant », mais souligne qu’au bout de dix ans, elle s’ennuyait. « J’avais envie de changer », synthétise-t-elle au micro de France Bleu, précisant avoir créé l’Atelier du crayon « un peu comme une blague ».

« Tous les jours dans la fabrique de crayons, je manipule des outils, j’actionne mes muscles (raisonnablement) et mon cerveau. Je suis en contact avec des matériaux nobles que je transforme en poésie », confie encore celle qui se décrit comme « une passeuse, un miroir, une goutte d’eau », bref, « le grain de sable d’une économie de l’humain ».

« Que du naturel » et « pas de gâchis »

Comme elle l’explique si bien sur son site, la créatrice n’a pas besoin de « faire tomber des arbres millénaires » pour fabriquer ses crayons puisqu’elle utilise de l’osier, un bois on ne peut plus écologique : « On prélève des brins sur le pied d’osier et ça repousse chaque année. » De surcroît, cet osier est cultivé en agriculture raisonnée, il n’utilise donc pas de traitement chimique.

Par ailleurs, il n’y a aucun plastique dans le corps du crayon, ce qui en l’occurrence ne nécessite pas de pétrole et entraîne donc « moins de gaspillage d’énergie fossile ». Enfin, Nathalie souligne que c’est un crayon « zéro déchet » puisque les sections de bois utilisées sont habituellement mises au feu par les osiériculteurs ou par les vanniers.

Des crayons qui ne « font pas mal au poignet »

Nathalie assure aussi via son site que ses crayons ne « font pas mal au poignet » étant fabriqués à partir de mines grasses qui « glissent sur le papier ». Et ces mines sont riches en pigments et donc riches en couleur, idéal pour obtenir une couleur intense, sans avoir à « forcer ». « C’est ce que l’on appelle la qualité ‘Beaux Arts’, ça éblouit tellement ça brille. »

« Parce qu’une branche c’est unique, c’est beau et que cela redonne du sens et de la valeur à l’objet : on ne fait rien venir de Chine (même si on a rien contre les Chinois !) et on fait (presque) tout avec nos petites mains », fait remarquer la créatrice de crayons sur son site.

« Vous connaissez la forêt magique, celle qui est pleine d’arbres crayons ? »

Nathalie aime aussi partager sa passion avec les nombreux visiteurs durant l’été, un moment où elle voit passer « 800, parfois 1200 personnes », indique-t-elle à nos confrères.

Ces visites d’atelier sont « un moment de découverte et de rencontre où l’on aiguise ses sens », car le lieu sent « l’osier, le bois coupé, la cire des mines et la colle fraîche », décrit le site. Mais ce qui plaît aussi à Nathalie, c’est de raconter des histoires… Alors quand elle en a marre de dire qu’elle fait des trous dans les branches, elle invente une autre version des faits. « Tous les matins, je vais me promener dans la forêt avec mon sécateur », commence-t-elle. Une fois qu’elle a coupé des branches, elle regarde dedans. « S’il y a du jaune, ça fait un crayon jaune. La branche d’à côté, s’il y a du rouge, ça fait un crayon rouge. »

Sur son site, elle propose une autre variante. « Vous connaissez la forêt magique, celle qui est pleine d’arbres crayons ? On aime bien raconter que nous l’avons trouvée. Les enfants n’y croient jamais mais les adultes… », est-il écrit non sans humour. Pendant les vacances scolaires, Nathalie propose parfois des ateliers créatifs, en partenariat avec l’association mine de rien.

« On n’est pas riche d’argent, mais on est riche de son temps. On peut choisir ce qu’on en fait », conclut auprès de France Bleu Nathalie, visiblement très épanouie dans son travail.

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