Le nouveau gouvernement argentin, dirigé par le président Javier Milei, a fermement rejeté les menaces et les flatteries de la Chine en refusant catégoriquement d’adhérer aux pays des BRICS. Cette décision marque un revers important pour les ambitions de Pékin d’étendre son influence en Amérique latine.
Le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) est progressivement perçu comme un groupe géopolitique dominé par Pékin et visant à élargir son emprise sur l’économie et la politique mondiales.
En étant bien différent de son prédécesseur procommuniste, le président Milei a maintenu une position anticommuniste ferme, compliquant ainsi les efforts diplomatiques de la Chine. Dans une déclaration à Bloomberg News en août, M. Milei a souligné que « les gens ne sont pas libres en Chine, ils ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent, et lorsqu’ils le font, ils se font tuer (…) Feriez-vous du commerce avec un assassin ? »
En essayant d’influencer Javier Milei, le dirigeant chinois Xi Jinping a tout de suite envoyé une lettre de félicitations après sa victoire électorale, transmise le 21 novembre par l’intermédiaire de l’ambassadeur de Chine en Argentine. Malgré son ton courtois et ses promesses de retombées économiques, ce geste n’a pas réussi à influencer les dirigeants argentins.
La Chine s’attendait à ce que Milei poursuive les plans de son prédécesseur qui visaient à rejoindre les BRICS d’ici le 1er janvier 2024. Cependant, la position de Milei reste inflexible. Il identifie l’Argentine comme « un allié des États-Unis, d’Israël et de l’Occident », s’opposant fermement aux alliances avec des régimes non démocratiques.
Diana Mondino, la nouvelle ministre argentine des Affaires étrangères, a insisté sur cette position dans ses remarques à l’agence presse russe RIA Novosti en annonçant une pause dans ses interactions diplomatiques avec le Brésil et la Chine.
Cette évolution a alarmé le Parti communiste chinois (PCC), car l’Amérique latine représente une région stratégique dans ses plans de domination mondiale. L’État-parti chinois a eu recours à une double stratégie d’apaisement et d’intimidation dans ses relations avec la nouvelle administration argentine.
Mao Ning, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a mis en garde lors d’une conférence de presse que la rupture des liens avec des partenaires commerciaux clés comme la Chine pourrait constituer une grave erreur diplomatique.
Selon Anders Corr, fondateur de Corr Analytics et éditeur du Journal of Political Risk, cette déclaration était « une menace voilée de punir l’Argentine sur le plan économique, ce qui toucherait le pays là où ça fait mal en raison de sa crise financière actuelle ».
M. Corr a expliqué à Epoch Times que « l’abandon de la Chine par Millei se traduira probablement par une amélioration des relations avec les États-Unis et Taïwan, et par l’accroissement de difficultés pour le PCC en Amérique latine ».
Défis économiques
L’Argentine est confrontée à des défis économiques considérables, avec un taux d’inflation qui a grimpé à 138% en septembre et des prévisions d’une nouvelle escalade. JPMorgan prévoit un pic de 210% d’ici la fin de l’année, tandis que les analystes de la banque centrale prévoient environ 180%.
Les réserves de devises du pays sont à leur plus bas niveau depuis 2016, ce qui a été exacerbé par de graves sécheresses qui ont affecté les principales cultures agricoles du pays. L’économie argentine, la troisième d’Amérique latine, devrait se contracter de 2,8% cette année, plongeant les deux cinquièmes de la population sous le seuil de pauvreté.
Pourtant, dans un message publié le 30 novembre sur les réseaux sociaux, Mme Mondino a réaffirmé la décision du gouvernement de ne pas rejoindre les BRICS, insistant sur l’engagement de l’Argentine à respecter ses principes diplomatiques et économiques.
La Chine utilise les BRICS pour contrer l’influence occidentale
Les BRIC étaient initialement un acronyme financier (le « S » de l’Afrique du Sud a été ajouté en 2010) qui est devenu une organisation établie en 2009 et a évolué pour devenir une entité géopolitique importante, se positionnant souvent en opposition à l’influence occidentale. La Chine a utilisé les BRICS pour contester l’influence économique mondiale du G7.
À la veille du sommet des BRICS qui s’est tenu en août dernier à Johannesburg, en Afrique du Sud, les discussions se sont intensifiées autour de la « dédollarisation » mondiale, une démarche faisant partie des tactiques de Pékin qui vise à déstabiliser le rôle du dollar dans le commerce mondial. La proposition du Brésil en faveur d’une monnaie des BRICS faite au début de l’année témoigne également de ces tentatives de redéfinir l’ordre économique mondial.
En visant l’élargissement des BRICS dans le cadre de sa stratégie anti-occidentale, la Chine y a activement invité de nouveaux membres. En 2022, Xi Jinping a invité l’Argentine à rejoindre les BRICS. Le sommet de Johannesburg a annoncé l’inclusion de l’Argentine, de l’Iran, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis en tant que membres à compter du 1er janvier 2024.
Toutefois, à la fin du mois de novembre, le nouveau gouvernement argentin a fermement décliné cette invitation, marquant ainsi un grand changement dans sa politique étrangère.
L’Argentine et l’Amérique latine
L’Amérique latine est depuis longtemps un terrain de rivalité entre l’Occident et la Chine. Alors que la première puissance occidentale – les États-Unis – était préoccupée par les conflits en Afghanistan et en Irak, la Chine a réalisé des avancées importantes en Amérique latine. Les premières années du 21e siècle ont été marquées par une vraie vague de gouvernements de gauche dans la région – souvent appelée « marée rose » – qui sont arrivés au pouvoir dans des pays tels que l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, l’Équateur et le Venezuela.
En même temps, l’influence de la Chine s’est également accrue grâce à des achats importants de matières premières latino-américaines telles que le cuivre, le porc et le soja, ainsi qu’à des investissements importants dans les infrastructures, dépassant les États-Unis en tant que premier partenaire commercial de la région.
Jusqu’à récemment, le gouvernement argentin affichait de fortes tendances procommunistes. En février de l’année dernière, par exemple, le gouvernement, alors dirigé par Sergio Massa, l’opposant électoral de Javier Milei, a annoncé des projets d’infrastructure financés par la Chine pour un montant d’environ 24 milliards de dollars. L’administration Massa a accueilli avec enthousiasme l’accroissement de l’influence de Pékin, suggérant même un partenariat « Argenchina ».
Toutefois, l’arrivée au pouvoir de Javier Milei représente un changement majeur dans l’alignement géopolitique de l’Argentine, marquant un revers pour les ambitions de la Chine en Amérique latine.
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