L’armée française a officiellement remis aux forces armées maliennes (FAMa) les clés de la base de Gossi, dans le nord du Mali, étape majeure du départ de la force antidjihadiste Barkhane du pays, a indiqué le 19 avril l’état-major français.
« Le transfert de la base avancée de Gossi est effectif depuis la fin de matinée », a indiqué le porte-parole de l’état-major, le colonel Pascal Ianni, précisant que la base accueillait 300 soldats français.
Le déménagement a représenté quelque 400 containers. Le poste « a été restitué en l’état avec tous les dispositifs défensifs, tous les équipements (…) ainsi que des infrastructures de casernement. On n’a pas fait table rase », a-t-il ajouté au cours d’un point-presse.
#BARKHANE Le 19 avril 2022, la base opérationnelle avancée de Gossi au #Mali a été transférée selon le calendrier prévu, dans un état opérationnel favorable permettant ainsi l’installation sans délai des forces armées maliennes. @EtatMajorFR pic.twitter.com/c563UUYEeu
— Armée française – Opération BARKHANE (@BARKHANE_OP) April 19, 2022
La junte militaire au pouvoir à Bamako
Barkhane au Sahel, la plus grosse opération extérieure actuelle de la France, a mobilisé jusqu’à 5500 hommes sur le terrain en 2020 et avait entamé sa mue l’été dernier sur décision d’Emmanuel Macron, qui prévoyait de ramener ce nombre à 2500 ou 3000 d’ici 2023.
Paris a ensuite décidé en février un retrait militaire total du Mali, dans un contexte sécuritaire dégradé et une crise diplomatique entre Paris et Bamako, où une junte militaire a pris le pouvoir.
Le colonel Ianni a précisé mardi qu’un état des lieux « documenté » de la base avait été dressé, pour protéger notamment la France d’éventuelles accusations dans les mois à venir. Une allusion au sentiment antifrançais qui a gagné du terrain dans la région et a valu à la France de faire l’objet de campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux.
« Nous sommes susceptibles de faire face à des attaques informationnelles et réputationnelles. Il y a plusieurs mois, les forces françaises ont été accusées de participer à des trafics (…), d’armer les terroristes voire de commettre des exactions », a constaté le colonel Ianni.
« Nous avons tenu à ce que les bases soient transférées dans la transparence la plus totale afin de nous prémunir d’éventuelles accusations (…). Nous ne pourrons pas être attaqués et être accusés d’avoir fait les choses de manière malhonnête ou illicite ».
« Les Maliens sont libres de faire ce qu’ils souhaitent »
Selon lui, aucune contrepartie n’a été demandée à Bamako quant à l’utilisation à l’avenir de la base par les mercenaires du groupe russe Wagner, présents au Mali depuis plusieurs mois selon les Occidentaux. Bamako évoque pour sa part de simples conseillers russes. « Les Maliens sont libres de faire ce qu’ils souhaitent », a insisté le porte-parole.
Quelque 4600 soldats français sont actuellement déployés au Sahel, dont 2500 au Mali, des chiffres qui devraient peu évoluer avant la fin de la réarticulation du dispositif et la rétrocession des emprises de Ménaka et Gao, selon le porte-parole.
Les armées avaient déjà connu un tour de chauffe avec le départ de leurs trois emprises les plus au nord du pays : Kidal, Tessalit et Tombouctou, de fin août à décembre.
Paris a depuis plusieurs fois réaffirmé qu’elle n’entendait pas cesser son combat contre les djihadistes qui sévissent dans la région et souhaitait travailler avec les pays voisins du Golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest, où les djihadistes menacent de se disséminer.
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