Le Parquet national financier a ouvert une enquête sur le recours par l’armée française à des transporteurs privés pour acheminer du matériel vers les théâtres d’opérations, affirme jeudi le journal Le Monde.
En cause, la location jugée « excessivement coûteuse » de gros-porteurs sur le marché privé, faute pour l’armée française de posséder elle-même les avions nécessaires.
Selon le quotidien, la Cour des comptes a saisi du dossier les magistrats du Parquet national financier avant l’été et le ministère des Armées pourrait prochainement être contraint de s’expliquer.
« Le cabinet étudie la question, il faut regarder cela dans le détail », a-t-on déclaré dans l’entourage de la ministre des Armées, Florence Parly, en poste depuis juin, sans plus de précisions.
En mars, le député François Cornut-Gentille (LR, opposition) avait pointé du doigt la trop grande dépendance de l’armée française envers les Russes et les Ukrainiens dans le domaine du transport stratégique ainsi que les fragilités « juridiques » et « financières » entourant les contrats de location.
« Pour la projection et l’entretien de nos forces armées sur les théâtres extérieurs, la France est soumise au bon vouloir d’opérateurs (aériens) russes et ukrainiens », soulignait-il alors dans un rapport présenté en commission des Finances à l’Assemblée nationale.
Selon ce rapport, l’armée française couvre « au mieux » un quart de ses besoins en matière de transport vers les théâtres d’opération.
L’armée de l’Air ne dispose que de deux Airbus A340 et trois A310, âgés de 20 à 30 ans en moyenne, ainsi que de 11 Boeing C135 et trois KC135 d’un âge canonique souvent supérieur à 50 ans.
Le nouvel avion de transport militaire européen A400M, outre ses retards de livraison et problèmes techniques, ne peut pour sa part rivaliser en termes de coût et de capacité d’emport avec les gros porteurs ukrainiens Antonov 124, notamment pour le fret hors gabarit, ajoutait le rapport.
Selon un document budgétaire détaillant les dépenses des armées pour 2018, cité par Le Monde, les Antonov 124 ont été facturés 67.500 euros l’heure de vol en 2017 par la société International Chartering Systems (ICS), un prix en hausse de 37% en un an.
Un deuxième contrat, dit Salis, passé auprès d’une agence de l’OTAN pour les mêmes avions, a été facturé 38.600 euros l’heure de vol en 2017, un prix stable.
Dans son rapport, François Cornut-Gentille relevait que l’armée recourait « anormalement » à ICS, une pratique défiant selon lui la « logique financière ».
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