L’armée israélienne commence à rendre compte de ses échecs du 7 octobre

Un résumé des conclusions de l'enquête a été publié alors que le chef d'état-major des FDI, Herzi Halevi, s'apprête à quitter ses fonctions pour assumer la responsabilité du massacre

Par Dan M. Berger
1 mars 2025 21:05 Mis à jour: 2 mars 2025 19:17

L’enquête de l’armée israélienne sur l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 conclut sans détour : « les Forces de défense israéliennes (FDI) ont échoué à protéger les citoyens israéliens. La division de Gaza a été dépassée dès les premières heures de la guerre, alors que les terroristes prenaient le contrôle et se livraient à des massacres au sein des communautés et sur les routes de la région. »

Un résumé de 19 pages de l’enquête obtenu par Epoch Times auprès de Tsahal se concentre sur ce qui a conduit à ce qu’il nomme « l’échec flagrant du 7 octobre ».

L’enquête révèle que les forces de sécurité israéliennes ont agi sur la base de perceptions stratégiques, opérationnelles et tactiques erronées, alimentées par des renseignements inexacts.

Des erreurs ont été commises dans les heures qui ont précédé l’attaque, lancée à 6 h 29 du matin, un samedi qui était non seulement le jour du shabbat, mais aussi une fête juive. Elles ont également été commises alors que les FDI, surprises et initialement débordées, ont riposté, se sont regroupées et ont repris l’initiative.

Le rapport indique que l’armée israélienne a également mené 41 enquêtes sur les combats individuels dans les communautés, sur les bases militaires et le long des routes.

L’enquête a révélé que les FDI avaient en général opéré conformément à leurs plans existants, mais que ces plans ne prévoyaient pas d’attaque à grande échelle.

Le chef d’état-major sortant de Tsahal, le lieutenant général Herzi Halevi, a présenté sa démission le 21 janvier pour assumer la responsabilité de l’attaque – le plus haut responsable à l’avoir fait jusqu’à présent – et a précisé que l’enquête serait terminée au moment où il quitterait ses fonctions, le 6 mars.

Le résumé est peu détaillé et ne cite pas de noms. Il est rédigé en termes abstraits comme « évaluations de situation » et « mécanismes institutionnels ».

Nombre de ses conclusions ne seront pas une surprise en Israël, une société plongée dans la guerre, la plus longue de son histoire, depuis ce jour. Des centaines de milliers de réservistes ont été appelés. La plupart d’entre eux portent encore l’uniforme. Les communautés israéliennes ont été la cible d’attaques à la roquette jusqu’à ce que les cessez-le-feu avec le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza entrent en vigueur.

Les entreprises ont fait faillite lorsque leurs propriétaires et leurs employés ont été appelés. Le tourisme s’est effondré. Les compagnies aériennes ont interrompu leurs vols à destination et en provenance d’Israël. Des centaines de milliers de résidents des communautés frontalières – à la fois près de Gaza et dans le nord, où le Hezbollah a lancé des bombardements soutenus – ont été évacués.

Un nombre incalculable de groupes de volontaires se sont rapidement organisés pour répondre à d’innombrables besoins, qu’il s’agisse de loger et de soigner les personnes déplacées ou de rassembler des vêtements et du matériel pour les réservistes que l’armée israélienne n’était pas prête à équiper en si grand nombre.

En 510 jours, le coût de la guerre pour Israël compte 846 soldats des FDI qui ont perdu la vie, ainsi que 925 civils israéliens et 59 otages de Gaza.

Les Israéliens savent que l’armée a été prise au dépourvu, et était en sous-effectif, lors d’un jour férié. Ils savent que la surveillance électronique des frontières a échoué. Ils savent que l’armée, choquée par cette attaque soudaine et de grande envergure, a mis des heures à déployer des troupes dans les communautés assiégées, et qu’il lui a fallu encore des heures pour les pacifier.

Ils savent que les attaquants du Hamas opéraient à partir d’informations complexes sur l’agencement des communautés, les procédures de sécurité et les caméras, des informations fournies en grande partie par des civils gazaouis qui travaillaient dans ces communautés, des personnes que les Israéliens considéraient souvent comme des amis.

Un homme marche à côté d’une voiture détruite par une attaque à la roquette depuis la bande de Gaza dans la ville d’Ashkelon, au sud d’Israël, le 10 octobre 2023. (Jack Guez/AFP via Getty Images)

Les dirigeants israéliens ont promis d’effectuer une revue des manquements du pays, qui ont entraîné la mort de 1200 citoyens et résidents israéliens ce jour-là, ainsi que la prise en otage de 251 personnes.

L’enquête a été retardée en raison de la guerre en cours. Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a été accusé par ses détracteurs de retarder l’enquête pour éviter d’avoir à assumer la responsabilité et les conséquences politiques.

Hypothèses erronées

L’enquête de Tsahal devait se concentrer sur les propres échecs de l’armée, mais son rapport aborde les aspects politiques et relatifs aux services de renseignement qui ont contribué à ces échecs.

La clé des échecs qui ont conduit à la guerre tient aux perceptions erronées fondamentales qu’Israël a eues du Hamas pendant des années, depuis la fin des combats de 2014 jusqu’au 7 octobre.

« L’État d’Israël, ses dirigeants politiques et son système de défense se sont appuyés sur plusieurs hypothèses fondamentales, qui se sont toutes effondrées le matin du 7 octobre », indique le rapport.

Selon le rapport, Israël considère Gaza comme une menace secondaire par rapport à l’Iran et au Hezbollah.

« Israël a utilisé une approche de ‘gestion des conflits’, visant à préserver et à améliorer progressivement la réalité existante », indique le rapport. Les dirigeants ont estimé qu’il était possible de maintenir de longues périodes de calme en partant de l’hypothèse erronée que le Hamas n’était pas intéressé par une guerre à grande échelle et ne s’y préparait pas.

Ils pensaient pouvoir influencer le Hamas en exerçant des pressions réduisant les motivations de guerre, comme l’amélioration des conditions de vie dans la bande de Gaza.

« La politique d’Israël à l’égard de Gaza était fondée sur la défense, la stabilisation et les efforts visant à empêcher la montée en puissance militaire du Hamas, la préparation à de courtes périodes (c’est-à-dire quelques jours) de conflit direct et la préparation à un scénario d’escalade. »

« Avec le recul, le Hamas a systématiquement utilisé des tactiques de tromperie qui ont renforcé cette perception. Rétrospectivement, il s’agit d’une grave erreur. »

Selon le rapport, les militaires ont jugé improbable une attaque surprise de grande envergure, « en raison d’une incompréhension fondamentale de l’ennemi ». Ils supposaient qu’un système d’alerte précoce précéderait toute offensive de grande envergure.

Excès de confiance

Les FDI pensaient à tort qu’elles avaient réussi à contrôler les opérations de creusement de tunnels et que la principale menace était constituée par les tirs de roquettes et de mortiers.

Le système de défense aérienne israélien Iron Dome intercepte les roquettes lancées depuis Gaza le 11 octobre 2023. (Mahmud Hams/AFP via Getty Images)

Israël pensait pouvoir se défendre adéquatement, même si l’ennemi était positionné juste à la frontière. Selon le rapport, la barrière frontalière d’Israël « n’a pas été conçue pour une attaque surprise à grande échelle, mais plutôt pour contrôler les manifestations de masse et perturber les tentatives d’infiltration limitées ».

« Les FDI avaient une confiance excessive dans l’efficacité de la barrière, alors même que les déploiements de troupes le long de la frontière étaient réduits en raison de contraintes budgétaires. »

Parmi les leçons que les FDI ont tirées de ce massacre, on peut citer les suivantes : il est incorrect de « gérer un conflit » avec un ennemi dont le but ultime est votre destruction. Israël doit prévenir toute menace immédiate ou importante posée par la présence de l’ennemi à la frontière et doit donner la priorité à l’élimination de ces menaces plutôt qu’au maintien d’un calme temporaire en matière de sécurité.

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