L’augmentation alarmante du nombre de suicides parmi les femmes travaillant dans le secteur de la santé

Par Carla Peeters
11 février 2025 00:53 Mis à jour: 11 février 2025 00:53

Le nombre croissant de suicides et d’overdoses mortelles chez les femmes travaillant dans le secteur de la santé s’accompagne d’une augmentation des cas de maladie, d’invalidité et de départs des femmes de ce secteur. Les coûts sociaux et économiques totaux d’une main-d’œuvre désespérée sont encore inconnus. L’OMS prévoit une pénurie de 10 millions de travailleurs de la santé (dont 80 à 90 % de femmes) d’ici à 2030, ce qui devient extrêmement préoccupant.

Lorsque la santé de ceux qui veillent sur la santé des autres est en danger, c’est l’ensemble de la population et de l’économie qui est menacé. Il s’agit d’une situation d’urgence d’une ampleur sans précédent qui requiert l’attention des plus hautes instances de la santé publique. L’humanité et la nutrition, au lieu de la médicalisation comme stratégie de secours, doivent revenir de toute urgence dans le secteur de la santé.

Alertes alarmantes de professionnels de la santé désespérés

Des études récentes ont révélé que le risque de décès par suicide et d’overdose mortelle chez les femmes travaillant dans le secteur de la santé est beaucoup plus élevé que dans la population générale. Il ne s’agit pas seulement des femmes médecins, mais le risque est encore plus marqué chez les infirmières et les autres travailleurs de la santé, en particulier chez ceux qui ont les emplois les moins bien rémunérés et la charge de travail mentale et physique la plus lourde et qui sont les plus mis à l’épreuve. Au cours des dernières années, des milliers de professionnels de la santé sont décédés dans le monde entier par suicide ou par overdose mortelle, laissant leur famille, leurs amis et leur lieu de travail en état de choc et de deuil.

Le suicide et les actions délibérées de se faire du mal ont un coût social et économique considérable. Au Royaume-Uni, on a calculé qu’un décès par suicide coûtait en moyenne 1,46 million de livres à l’économie.  Selon les indications des données de l’Office of National Statistics du Royaume-Uni, plus de 360 infirmières ont tenté de se suicider en 2022, et 72 professionnels de la santé ont mis fin à leurs jours en 2020. Aux États-Unis, l’analyse des données sur la mortalité des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies entre 2007 et 2018 a permis d’identifier 2374 suicides chez les infirmières, 857 chez les médecins et 156.141 dans la population générale. Toutefois, le nombre de décès par suicide ou par overdose mortelle est largement sous-estimé. L’OMS signale que plus de 50 % des suicides surviennent chez les moins de 50 ans. Pour s’attaquer à ce fardeau évitable, il est essentiel de mieux comprendre les stratégies efficaces et inefficaces.

Avant même le début de la pandémie de Covid, les femmes travaillant dans le secteur de la santé faisaient état de facteurs de stress importants sur leur lieu de travail. Les quatre dernières années ont également mis à rude épreuve la santé des femmes. C’est particulièrement vrai pour celles qui travaillent en première ligne et qui sont les premières à répondre à des situations très exigeantes et stressantes. La complexité accrue des soins, le manque de personnel, les longues heures de travail, les tâches bureaucratiques supplémentaires, le préjudice moral, la diminution de l’autonomie, le manque de capacité décisionnelle et les emplois mal rémunérés pèsent sur leur santé.

En outre, les femmes sont régulièrement confrontées à des défis plus difficiles au travail et à la maison, tels que les obstacles institutionnalisés à l’avancement professionnel, ainsi qu’à une pression supplémentaire pour le travail à domicile en tant que soignantes pour les enfants et/ou les parents. Dans toutes les régions du monde, les travailleurs de la santé sont exposés à un risque élevé de violence, 8 à 38 % d’entre eux subissant une forme ou une autre de violence au cours de leur carrière. En 2023, pour la première fois dans l’histoire, 75.000 travailleurs de la santé aux États-Unis se sont mis en grève.

Les femmes sont plus souvent diagnostiquées comme souffrant d’épuisement professionnel, de dépression majeure, de syndrome de stress post-traumatique, de syndrome de fatigue chronique et de Covid long. Le Covid long est plus fréquent chez les travailleurs de la santé. Ces diagnostics de maladies chroniques ont de nombreux symptômes en commun qui sont connus pour exacerber le risque de pensées suicidaires, de tentatives de suicide et de suicide, au-delà de la profession et des facteurs de risque établis tels que le statut socio-économique et l’éducation.

Une épidémie de traumatismes et de détresse émotionnels

Les professionnels de la santé tentent de dissimuler leurs symptômes en s’efforçant de travailler malgré la douleur extrême, la fatigue, les troubles de la mémoire, l’épuisement et le chagrin de ne pas pouvoir offrir aux patients la qualité de soins dont ils ont besoin. Surmenés et en sous-effectif depuis longtemps, les travailleurs de la santé prennent à peine le temps de manger un repas nutritif.

Nombre d’entre eux sont sous-alimentés et manquent de sommeil. Les disparités potentielles dans la recherche d’aide et l’accès aux soins de santé peuvent se manifester par une utilisation non médicale de médicaments délivrés sur ordonnance chez certains travailleurs de la santé, ce qui a des implications pour la sécurité et le bien-être des travailleurs. De nombreux médicaments utilisés par les professionnels de la santé peuvent être non prescrits et passer inaperçus.

Cocktails toxiques : un danger pour la santé des femmes

Les suicides parmi les professionnels de la santé ont souvent lieu sur le lieu de travail. La méthode de suicide la plus fréquemment utilisée est l’overdose ou l’empoisonnement. De nouvelles études suggèrent que la plupart des surdoses sont causées par des médicaments psychiatriques et par la présence de plusieurs médicaments dans l’organisme. La co-administration d’antidépresseurs et d’opioïdes, délibérée ou non, est fréquente. Les femmes sont plus susceptibles de se voir prescrire et de prendre des médicaments tels que des antidépresseurs et des pilules contraceptives et semblent être plus sensibles aux effets secondaires des médicaments que les hommes. Les interactions pharmacocinétiques peuvent augmenter les concentrations et la gravité des effets secondaires des antidépresseurs.

Des études démontrent que les médicaments psychiatriques et les opioïdes peuvent avoir des effets secondaires tels que l’insomnie, l’épuisement professionnel, la fatigue, l’anxiété, la douleur et les pensées suicidaires. Les risques de décès par surdose d’opioïdes sont presque deux fois plus élevés chez les travailleurs de l’assistance médicale, comme les travailleurs des maisons de retraite et les aides à domicile, que chez les autres travailleurs du secteur de la santé.

L’interaction et les effets secondaires liés à l’utilisation de plusieurs médicaments et concentrations sont pour la plupart inconnus. C’est particulièrement vrai pour les femmes, car la plupart des médicaments ont été peu étudiés chez elles. Certains médicaments peuvent même avoir plus d’effets secondaires désastreux que de bénéfices, comme cela semble être le cas pour les psychotropes. En outre, des interactions entre les psychotropes, les immunosuppresseurs et les vaccins à ARNm Covid-19 ont été signalées.

De Plus, les mesures de lutte contre la pandémie imposées au personnel de santé, notamment le port prolongé de masques médicaux (avec risque d’inhalation de toxines) et les vaccinations répétées contre le Covid-19 – les femmes signalant davantage d’effets secondaires que les hommes – pourraient avoir exacerbé les risques potentiels. Des publications récentes ont fait état à plusieurs reprises d’un absentéisme global imputable aux effets secondaires du vaccin Covid-19, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur le système de santé, déjà mis à rude épreuve, et compromettre les soins aux patients.

La médicalisation comme stratégie d’adaptation

Pendant la pandémie, la prescription d’antidépresseurs et l’utilisation d’autres médicaments en vente libre comme l’acétaminophène (paracétamol), souvent conseillé pour tempérer les effets secondaires des vaccins, ont considérablement augmenté. Bien qu’inoffensif à faible dose, l’acétaminophène a des effets hépatotoxiques directs en cas de surdosage ou de mauvaise combinaison et peut provoquer une insuffisance hépatique aiguë. Un surdosage accidentel ou involontaire se produit généralement chez les patients qui sont à jeun, ou qui sont gravement malades et souffrent d’une maladie concomitante, d’alcoolisme, de malnutrition ou d’une maladie hépatique chronique préexistante.

L’acétominophène (produit unique ou combiné) est l’un des médicaments les plus utilisés aux États-Unis, avec 25 milliards de comprimés vendus en 2016. On s’attend à ce que le traitement des affections liées aux traumatismes et l’augmentation des maladies chroniques alimentent les ventes du marché, qui passeront de 9,8 milliards de dollars en 2022 à 15,2 milliards de dollars en 2033. Toutefois, après qu’un rapport a fait état de 8700 empoisonnements avec des taux élevés d’hospitalisation et de lésions hépatiques en 2019-2020, avec une forte augmentation chez les femmes, l’autorité australienne de réglementation des médicaments envisage de restreindre les achats de paracétamol. En Suède, la vente d’acétaminophène dans les supermarchés a été interdite en 2015 après une hausse des overdoses. L’augmentation de la consommation de médicaments en vente libre et de médicaments contrôlés pourrait favoriser l’augmentation des cas d’insuffisance hépatique aiguë.

Les professionnels de la santé et le public doivent impérativement être sensibilisés au risque de dommages irréversibles non intentionnels, car de nombreux nouveaux médicaments et vaccins ont été introduits depuis la pandémie.

Vol et détournement de drogues

Le stress professionnel et l’épuisement professionnel ont été associés à un risque accru de troubles liés à la consommation d’opioïdes, qui peuvent à leur tour augmenter le risque d’overdose. Les personnes qui prescrivent ou administrent des médicaments ont facilement accès aux opioïdes et à d’autres médicaments de prescription contrôlés. Le vol et le détournement de médicaments contrôlés dans les hôpitaux et les maisons de retraite semblent s’être accélérés dans le monde entier, mettant en danger le personnel soignant et les patients. Aux Pays-Bas, près de 100 professionnels de la santé ont été licenciés pour avoir pris des médicaments délivrés sur ordonnance sur leur lieu de travail. En outre, les problèmes de sous-effectif dans le secteur néerlandais de la santé ont conduit à l’utilisation de certificats falsifiés par des personnes appartenant à des réseaux illégaux de distribution de médicaments qui entrent dans les organismes de santé, aggravant ainsi les erreurs et les déficits du système.

L’augmentation du stress au travail et le trop grand nombre de gardes de nuit consécutives ont contribué à une augmentation de 70 % des vols de médicaments. Près de 50 % des calmants et des somnifères n’ont pas été délivrés aux patients, ce qui les expose à un risque de traitement sous-optimal, de contamination ou d’erreur. La consommation de médicaments peut progressivement devenir un mécanisme d’adaptation attrayant et pratique. Bien que les professionnels pensent souvent que la connaissance du médicament peut contrôler leur consommation, une dépendance peut lentement se développer. De nombreux professionnels de la santé se sentent coupables et désespérés, souffrent de problèmes physiques et mentaux et peuvent être indifférents au risque d’overdose.

Un retour à l’humanité dans les soins de santé

Le problème de l’augmentation des décès soudains (non) intentionnels des travailleurs de la santé s’inscrit dans un contexte d’augmentation des congés de maladie de longue durée, des invalidités permanentes et de centaines de milliers de travailleurs de la santé qui quittent le secteur, optant pour des emplois moins stressants et mieux rémunérés.

Il s’agit d’un signe sans précédent envoyé par des femmes dévouées qui n’acceptent plus de travailler dans un environnement toxique et surchargé, en accomplissant des tâches complexes sous-payées pour des patients souvent gravement malades. Le système de santé est confronté à une augmentation des taux d’erreurs cliniques et des risques de responsabilité, tout en ayant un impact négatif sur la satisfaction des patients et la réputation de l’organisation. Cette situation pourrait se transformer en catastrophe si les responsables de la santé publique n’assument pas la responsabilité d’un changement hautement nécessaire en veillant à ce que la main-d’œuvre dispose des outils et des ressources dont ils ont besoin pour changer la donne.

Les temps difficiles pourront se révéler positifs lorsque les PDG et les compagnies d’assurance commenceront à accepter l’idée que la qualité des soins et la réputation commencent par une main-d’œuvre en bonne santé et équitablement rémunérée, par l’égalité entre les hommes et les femmes et par un environnement de travail où l’objectif choisi sera son humanité et une bonne nutrition. Un personnel de santé à l’importance vitale – avec des moyens à sa disposition, une bonne nutrition – qui s’occupera de guider les gens sur le chemin de la santé, et du travail, profitera à tout le monde.

 Note : Une version abrégée de cet article a été publiée comme réponse rapide à « Pour que la Grande-Bretagne puisse travailler, il faut qu’elle puisse être en bonne santé » dans le British Medical Journal le 23 janvier 2025.

Carla Peeters : Augmentation du nombre de suicides chez les femmes travaillant dans le secteur de la santé : un signe d’une population à risque.

 De l’Institut Brownstone

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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