Laurent Mucchielli : « L’idée que nous ayons ‘repris notre vie comme s’il ne s’était rien passé’ après la crise Covid est une illusion totale »

Par Etienne Fauchaire
21 février 2025 10:31 Mis à jour: 21 février 2025 21:15

ENTRETIEN – Laurent Mucchielli est sociologue, directeur de recherche au CNRS, auteur de La Doxa du Covid (deux volumes) et Défendre la démocratie, paru aux éditions éoliennes. Il vient de publier dans la revue Dogma un article intitulé « ‘Populiste’ ou ‘populaire’ ? Réflexions sur les résultats électoraux américain et français de 2024 et sur la déconnexion croissante entre l’espace médiatique et la vie réelle ». Dans cet entretien, le chercheur, qui s’est illustré par ses critiques incisives de la gestion institutionnelle de l’épidémie du Covid-19, analyse le bouleversement idéologique que représente la nomination de Robert Kennedy Jr. à la direction du ministère de la Santé des États-Unis. Cinq ans après, il dresse aussi un bilan de cette crise historique qui a marqué la France et le monde, rappelant qu’il serait illusoire de considérer les conséquences de ces années tourmentées comme un simple mauvais souvenir voué à s’estomper : elles appellent, au contraire, à être pensées.

Epoch Times : Le Sénat américain a validé jeudi dernier la nomination de Robert F. Kennedy Jr à la tête du ministère de la Santé. Que vous a inspiré cette annonce ? 

Laurent Mucchielli : De l’espoir ! Entendons-nous bien : je n’ai aucune sympathie particulière pour Trump et, si j’étais américain, je voterais probablement pour quelqu’un comme Bernie Sanders. Mais, contrairement à beaucoup d’autres intellectuels, d’une part, je ne suis pas un idéologue qui divise le monde en deux camps—les « gentils » et les « méchants »— et qui politise tout ; d’autre part, je n’ai pas peur de m’écarter du troupeau pour penser par moi-même.

Enfin, je suis un scientifique : mon métier est d’objectiver le réel et de diagnostiquer les problèmes. En l’occurrence, la bonne ou la mauvaise santé d’une population n’est pas une question de droite ou de gauche. De même que la corruption, la fraude et l’évasion fiscales ne sont pas des problèmes de droite ou de gauche. Ce sont des problèmes publics que les élus, les « représentants du peuple », ont pour mission fondamentale d’améliorer dans l’intérêt supérieur de la population générale.

C’est ce que Kennedy pense aussi, lui qui vient du camp démocrate mais a choisi de rallier Trump pour tenter d’améliorer réellement la santé publique aux États-Unis.

C’est donc une position éthique. Kennedy est un homme de conviction, sincère et désintéressé. Des qualités que l’on est en droit d’attendre de nos élus, mais qui, trop souvent, font défaut. D’où nos fréquentes déceptions en politique.  Alors, pour une fois que nous avons quelqu’un qui tient la route, il me semble que nous devrions le soutenir avec force.

J’ajoute que Kennedy est aussi quelqu’un de compétent, qui travaille ses dossiers. Ces dernières années, il a écrit, avec toute une petite équipe, trois livres sur ces questions de santé publique, livres que j’ai lus et qui posent un diagnostic avec lequel je suis largement d’accord en tant que sociologue travaillant sur les questions de santé publique et de criminalité en cols blancs.

Kennedy y analyse un système de santé publique en crise profonde et une dégradation continue de l’état de santé générale des Américains, symbolisée par le retournement historique de la courbe de l’espérance de vie à la naissance au milieu des années 2010.

Et, au-delà de ces constats, il dénonce un système de contrôle sanitaire public structuré autour de la FDA et un monde de la recherche biomédicale profondément corrompus par l’industrie pharmaceutique, ce qui est un secret de Polichinelle dans le milieu de la recherche. À ce titre, je recommande la lecture de l’ouvrage de Sergio Sismondo récemment traduit, Le Management fantôme de la médecine : Les mains invisibles de Big Pharma (notre analyse ici).

Venons-en au traitement médiatique de sa nomination. « Antivax et complotiste, Robert Kennedy Jr nommé secrétaire d’État à la santé », annonce La Croix à l’issue du vote au Sénat américain. « Ancien toxicomane, antivax, complotiste… 5 choses à savoir sur Robert F. Kennedy Jr, ministre de la Santé de Donald Trump », titre de son côté La Montagne. France Info, pour sa part, souligne en chapô : « L’ancien candidat à la présidentielle inquiète par ses prises de position controversées et son appétence pour les théories du complot ».  Depuis l’annonce de sa nomination à la tête du ministère de la Santé en novembre dernier, Kennedy est la cible d’un tir de barrage médiatique quasi unanime. Le Figaro, par exemple, le présentait alors comme un « antivax notoire et conspirationniste », affirmant que « la nomination de cet adepte de théories farfelues, à rebours de toutes les connaissances scientifiques établies, inquiète déjà beaucoup outre-Atlantique ». De quoi le traitement médiatique réservé à Robert Kennedy Jr est-il le nom selon vous ?

En France comme un peu partout en Occident, les médias n’ont pas rendu compte avec neutralité de l’élection américaine, ils ont au contraire fait campagne contre Trump et pour Harris.

Lorsque Biden était encore le candidat démocrate, ils ont tout d’abord encensé un « bilan reluisant » (Le Monde, 7 mars 2024) et des « résultats excellents » (L’Express, 19 février 2024), sans jamais remettre en question son aptitude physique et mentale à exercer ses fonctions jusqu’à ce qu’il renonce à se représenter. Ensuite, la presse a simplement remplacé son nom par un autre et dressé un portrait tout aussi flatteur de Mme Harris : une femme « charismatique », « chaleureuse » et « connaissant très bien les dossiers » (Ouest France, 26 octobre 2024), certains allant même jusqu’à publier à son crédit des « déclarations d’amour » (Slate, 26 juillet 2024).

En retour, les mêmes médias ont diabolisé Trump, allant jusqu’à prédire à la veille des élections « le chaos » (L’Express, 5 novembre 2024). Ils s’offusquaient et dénonçaient également le soutien bruyant du milliardaire Elon Musk sans s’apercevoir que, dans le même temps, un autre multimilliardaire extrêmement influent, Bill Gates, faisait plus discrètement un don de 50 millions de dollars à l’ONG organisant la campagne de Harris (Forbes, 23 octobre 2024).

Cet aveuglement journalistique mériterait d’être confronté au réel, tant il s’en est éloigné. « Kamala arrive, Donald tremble », titrait Libération en énormes caractères à la Une du 22 août 2024. Quelques jours plus tard, L’Express prédisait un « raz-de-marée » électoral, affirmant que Mme Harris était en passe de « remporter tous les swing states ».

Or, la réalité a été tout autre : elle les a tous perdus. Trump a remporté une victoire écrasante, offrant par la même occasion aux Républicains une majorité à la fois à la Chambre des représentants et au Sénat américains.

Et loin d’occasionner une quelconque remise en question, à tout le moins d’induire davantage de nuances dans leurs analyses, ces résultats ont au contraire radicalisé encore plus le discours journalistique dominant. Le 17 novembre 2024, le journal Le Monde annonçait purement et simplement « le retour du fascisme en Occident ».  En cela, il ne faisait pas une analyse mais encore de la politique, reprenant à son compte un thème de fin de campagne de Mme Harris.

Ainsi, la quasi-totalité de la presse n’a pas informé sur l’élection américaine : elle a mené campagne de façon totalement partisane, s’auto-persuadant que Trump ne pouvait pas gagner parce qu’il ne devait pas gagner.

Kennedy est donc pris en étau dans ces pinces idéologiques. Le résultat ? Une série d’articles entièrement à charge, du même type que la cabale anti-Raoult durant la crise du Covid, tous fondés sur un manichéisme simpliste : le prétendu affrontement entre les gentils pro-vax et les méchants anti-vax.

Or, Kennedy n’a jamais exprimé d’hostilité de principe envers la vaccination, contrairement, par exemple, à certains Américains qui la rejettent pour des raisons religieuses. Ce qu’il conteste, c’est l’obligation vaccinale. Surtout, il demande des preuves solides d’efficacité, et encore plus d’innocuité, pour ces nouveaux vaccins, que l’industrie pharmaceutique et la fondation Gates rêvent d’imposer à l’ensemble de la planète sous forme de consommation régulière.

Il dénonce le gigantesque business cynique qui se cache derrière cette politique vaccinale devenue la réponse systématique aux épidémies, et, progressivement, à un nombre croissant de maladies.

Mais les journalistes ne prennent même pas la peine de le lire. Ils l’ont diabolisé d’avance. Le conformisme, la paresse intellectuelle et le travail dans l’urgence font le reste, produisant ces articles purement moralisateurs, qui ne cherchent pas à expliquer mais seulement à dénoncer, et qui se recopient les uns les autres, sans que personne ne se donne la peine d’enquêter sérieusement.

Au final, ce traitement médiatique, pitoyable intellectuellement, est révélateur de l’état du journalisme en Occident. J’ai consacré deux longs textes à tenter de comprendre ce fonctionnement dont j’ai moi-même été victime durant la crise du Covid : censure, diffamation, ostracisation : un sort réservé à tous les scientifiques qui ont osé contester, d’une manière ou d’une autre, la narration officielle et la gestion politico-sanitaire de cette crise, et qui n’ont pas eu peur de l’exprimer publiquement (voir ici).

Le premier, publié dans le second tome de mon ouvrage La Doxa du Covid (2022), s’intitule « La crise sanitaire a révélé l’inquiétant déclin du journalisme ». Le second, « Communication et propagande partout, journalisme nulle part. Réflexions sur le comportement des journalistes français durant la crise sanitaire », figure dans le livre Corruption et fraude dans la crise Covid depuis 2020, paru aux éditions Trédaniel (2024).

J’y analyse notamment la façon dont le journalisme d’investigation a disparu des médias mainstream, remplacé par le fact-checking, une version low-cost du journalisme, entièrement dépendante de la communication préformatée des organisations économiques et politiques, elle-même recyclée et reformulée par des agences de presse comme l’AFP.

Les mots peuvent être trompeurs. Si l’on se réfère à la grande époque de la Charte de déontologie de Munich (1971), contemporaine de l’affaire du Watergate (1972-1974), le « journalisme » en tant que source indépendante d’information et véritable contre-pouvoir a pratiquement disparu au profit d’un mélange de communication et d’opinion politisée—autrement dit, à une forme de propagande idéologique.

Bien entendu, l’économie—et donc les conditions de production du travail journalistique—joue un rôle clé dans cette évolution. Les médias sont de moins en moins financés par leurs lecteurs, c’est-à-dire des citoyens cherchant à s’informer, et de plus en plus dépendants, non seulement de la publicité comme toujours, mais aussi d’autres formes de financement : l’influence directe des milliardaires qui les rachètent, des partenariats noués avec des entreprises comme Google (Alphabet) et Facebook (Meta), notamment pour le fact-checking, des dons reçus d’organismes de propagande gouvernementaux—on pense ici au scandale en cours impliquant l’USAID, qui concerne notamment l’AFP—des agences de renseignement américaines, comme le FBI et la CIA (affaire des Twitter Files), ou encore des grandes fondations privées, à l’image de la Fondation Gates, qui a financé Le Monde dans le cadre d’un partenariat pluriannuel.

Enfin, en France, les médias sont également sous perfusion de l’État via les subventions annuelles du ministère de la Culture. Ainsi, le journalisme « libre et indépendant » n’est plus qu’un leurre, le vestige d’un passé aujourd’hui révolu.

Quant à l’investigation, elle ne survit que dans quelques petits médias indépendants, contraints de solliciter en permanence des dons auprès de leurs lecteurs pour ne pas mettre la clé sous la porte. Mais leur travail, aussi rigoureux soit-il, est rarement repris par leurs confrères des médias mainstream, contribuant ainsi à l’invisibiliser.

Indépendamment du traitement médiatique, sur le plan politique, la nomination de Robert Kennedy a reçu un soutien unanime des Républicains, à l’exception de Mitch McConnell, tandis que les démocrates s’y sont fermement opposés. Pourtant, cet ancien démocrate, neveu de John F. Kennedy, a défendu des causes traditionnellement associées à la gauche. Comment interprétez-vous ce clivage partisan dans le vote ? Que révèle-t-il, selon vous, sur l’évolution des lignes idéologiques aux États-Unis ?

Un premier élément, que l’on vient de décrire : le débat devient stérile à cause de la radicalisation des positions. Si vous affirmez que Trump est « un nazi », vous atteignez immédiatement le point de Godwin : toute discussion devient impossible.

Mais il existe aussi une ambiguïté profonde chez les démocrates vis-à-vis des grandes industries, notamment pharmaceutique et agroalimentaire, de la fondation Gates et, plus largement, du capitalisme de connivence, dont ils sont aujourd’hui des acteurs majeurs. La gestion de la crise du Covid par l’administration Biden en a été une illustration flagrante.

Depuis les années 1990, l’ère Clinton, le Parti démocrate—tout comme le Parti socialiste en France—s’est considérablement éloigné des idéaux socialistes et des catégories populaires pour se rapprocher des milieux d’affaires et du monde de la finance.

Au lendemain de la réélection de Trump, Naomi Klein l’a résumé à sa façon : « Le Parti démocrate est perçu comme plus élitiste que le Parti républicain (…). Elon Musk échange avec les utilisateurs de Twitter, alors que les riches démocrates ne parlent à personne en dehors de leurs cercles. En 2016, j’ai écrit que le Parti démocrate ressemble à une fête à laquelle vous n’avez pas été invité. C’est une super élite qui a mis en scène un spectacle et pensait que les travailleurs s’y joindraient. Mais les gens se sentaient insultés et exclus. C’est ainsi qu’ils ont élu Trump ».

Raison pour laquelle elle appelle, du reste, la gauche politique et intellectuelle à se réapproprier le concept de « populisme » pour s’adresser de nouveau aux classes populaires.

Pour approfondir cette question, je recommande notamment la lecture des deux ouvrages de Thomas Frank Pourquoi les riches votent à gauche et Pourquoi les pauvres votent à droite (éditions Agone).

Pour en revenir au présent, les campagnes électorales sont une chose, l’exercice du pouvoir en est une autre. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, Kennedy avancera en terrain miné et devra faire des compromis. D’ailleurs, il n’a obtenu que de courtes majorités lors des votes en commission des finances et en commission santé, étapes pour confirmer sa nomination par Trump.

Au-delà de l’opposition de principe de nombreux démocrates, il lui faudra aussi rallier définitivement son propre camp. Car Big Pharma a des alliés dans les deux partis, y compris parmi les parlementaires républicains. La France, cependant, n’est pas en reste sur ce point, comme l’avait révélé l’affaire du Mediator.

L’affaire Cahuzac a rappelé également le fait que l’influence de l’industrie pharmaceutique repose notamment sur le financement des campagnes électorales. Cela aussi, c’est un secret de Polichinelle. Aux États-Unis, néanmoins, cette pratique est non seulement autorisée mais aussi publique. Les forces économiques et politiques qui vont se dresser contre Kennedy sont donc immenses, mais, pour l’instant, il bénéficie encore de l’état de grâce qui suit immédiatement l’élection.

Trump vient d’ailleurs de signer, le 14 février 2025, un premier décret interdisant tout financement public aux écoles et universités qui imposeraient la vaccination anti-Covid aux jeunes.

C’est une excellente nouvelle pour la jeunesse concernée, chez qui le rapport bénéfice-risque de ces injections d’un nouveau genre, et sur lesquelles nous manquons totalement de recul, est clairement défavorable. On sait déjà qu’elles entraînent de nombreux effets indésirables, que les industriels s’efforcent de dissimuler autant que possible, avec la complicité active ou passive de nombreux politiciens et médecins.

Nous ne sommes cependant qu’au début d’une histoire dont je me garderai bien de prédire l’issue. D’autant qu’il faudra observer les actions du professeur Jay Bhattacharya à la tête des National Institutes of Health (NIH), du Dr David Weldon aux commandes des Centers for Disease Control (CDC) et du Dr Marty Makary à la direction de la Food and Drug Administration (FDA).

À ce sujet, vous avez été l’une des voix françaises qui se sont publiquement opposées aux mesures sanitaires mises en place par le gouvernement et avez très tôt critiqué la stratégie de vaccination de masse. Ensuite, vous avez approfondi vos analyses dans La Doxa du Covid, dont le deuxième tome est paru en mars 2022. Nous sommes désormais en 2025. Avec le recul, votre regard sur la gestion de cette épidémie a-t-il évolué, tant sur le plan sanitaire que politique ?

Pour mémoire, j’ai commencé à analyser la crise du Covid dès la mi-février 2020, lorsque j’ai constaté l’accumulation de discours et de décisions politiques qui, tout en se réclamant de « l’Urgence » et en invoquant sans cesse « la Science », allaient en réalité à l’encontre des enseignements tirés de l’expérience et des connaissances établies.

J’ai alors réalisé une enquête collective en mobilisant une cinquantaine de médecins et de chercheurs pour essayer de comprendre tout cela. J’en ai publié les résultats dans une série d’articles individuels ou collectifs à partir de la fin du mois de mars 2020 : une centaine à ce jour sont en ligne. Le tout est résumé dans mon livre La Doxa du Covid.

Trois ans après, ayant continué à travailler sur ces questions presque à temps plein, j’assume pleinement tout ce que j’y ai écrit. En résumé, ce que je conteste, c’est d’abord le récit général, la narration globale, qui s’est mise en place dès le début. Comme si l’histoire était écrite d’avance. Cela aussi mérite une vraie investigation, et non simple dénonciation paresseuse du « complotisme ».

Ce récit repose sur quatre affirmations centrales :

1. Ce nouveau virus représente un très grave danger pour tous.

2. Il n’existe aucun remède médical connu pour guérir la maladie qu’il provoque (c’est un « nihilisme thérapeutique », comme dit le Dr Peter McCullough).

3. Il est donc nécessaire d’imposer des mesures « non pharmaceutiques » draconiennes pour juguler l’épidémie, en enfermant la population pendant des mois, les confinements à répétitions présentés comme la seule façon de pouvoir « sauver des vies ».

4. La délivrance viendra d’un vaccin-miracle qui nous permettra de retrouver notre vie d’avant et de reléguer cette crise au rang de mauvais souvenir.

J’ai montré que ces quatre affirmations sont, d’une part, contestables et réfutables par principe (faute de quoi, il ne s’agirait plus de science mais de son contraire : un dogme idéologique), et d’autre part, qu’elles le sont également au regard des données empiriques dont nous disposons.

La réalité me semble plutôt être la suivante :

1. Ce nouveau virus était très contagieux mais peu dangereux en soi. S’il avait été traité correctement, il aurait probablement causé moins de décès qu’une grippe saisonnière.

2. De nombreux traitements précoces et préventifs existent—antiviraux et antiparasitaires pour endiguer la réplication virale, antibiotiques pour lutter contre les co-infections et l’inflammation, vitamines C et D pour renforcer le système immunitaire, etc. Une minorité de médecins généralistes, assez courageux pour ne pas suivre les consignes officielles d’inaction, les ont appliqués avec un grand succès. Vous pouvez en retrouver un exemple ici. Pourtant, ces traitements ont été systématiquement dénigrés pour laisser place au seul vaccin.

3. Les confinements et autres fermetures d’écoles et de lieux de travail ont sans doute été relativement bien vécus par une partie des classes supérieures urbaines, qui les ont perçus comme des vacances prolongées—nombre d’entre eux étant partis télétravailler dans leur résidence secondaire ou chez des proches à la campagne. En revanche, pour d’autres, ces mesures ont été un véritable enfer, avec des conséquences matérielles (creusement des inégalités, appauvrissement par l’inflation) et psychologiques désastreuses et durables, particulièrement dans les milieux plus modestes et chez les jeunes. Tout cela sans effet significatif sur la mortalité, comme l’illustre la comparaison avec la Suède, qui n’a jamais confiné.

4. Les nouvelles thérapies géniques fondées sur la technologie de l’ARN messager—qui n’ont plus rien à voir avec le principe classique de la vaccination, établi depuis la découverte de Jenner à la fin du XVIIIᵉ siècle—ont été fabriquées en urgence pour maximiser les profits. Elles ne sont ni sûres ni efficaces.

Premièrement, ces injections n’ont enrayé la dynamique de l’épidémie dans aucun pays, car elles n’ont jamais été conçues pour empêcher la transmission du virus—contrairement à ce qu’affirmait la propagande politique en promouvant une vaccination prétendument « altruiste ».

Deuxièmement, elles ont provoqué un nombre inédit d’effets indésirables graves, que des industriels comme Pfizer et Moderna ont cherché à dissimuler lors de leurs essais cliniques. De leur côté, les gouvernements et les agences sanitaires ont sciemment fermé les yeux, de peur de voir tout le récit officiel s’effondrer et d’avoir à rendre des comptes devant la justice.

Le résultat a été une gestion de crise désastreuse, qui a délibérément paralysé la première ligne de défense sanitaire—la médecine de ville, avec ses 230.000 médecins généralistes et 100.000 infirmiers libéraux—pour faire reposer toute la charge de l’épidémie sur un hôpital public déjà en état de décrépitude.

Concrètement, des dizaines de milliers de malades, privés de soins précoces par leurs médecins traitants, ont fini par arriver à l’hôpital en état de détresse respiratoire. L’hôpital, dépassé, a dû faire un tri, en se concentrant sur les patients jugés « sauvables », tandis que les autres ont été laissés à l’abandon, voire euthanasiés dans certains cas.

Je sais que ces mots sont extrêmement choquants, mais il faudra bien, un jour, faire toute la lumière sur l’usage qui a été fait de certains médicaments—en particulier le Rivotril—administrés à des patients en fin de vie, souvent très âgés et déjà atteints d’autres pathologies avant le Covid.

Et pour aggraver mon cas, ma critique ne s’arrête pas là… Elle s’intéresse aussi aux origines et aux conséquences de cette crise.

En amont, l’enquête suggère que le SARS-CoV-2 n’était pas une zoonose—la fable de la chauve-souris, du pangolin et du marché aux animaux de Wuhan—mais bien le résultat de manipulations génétiques menées dans le laboratoire virologique de Wuhan. Ces recherches sur les gains de fonction, qui avaient été interdites aux États-Unis, ont ensuite été externalisées en Chine avec le soutien financier d’Anthony Fauci, comme le rappelle d’ailleurs Robert F. Kennedy Jr dans l’un de ses ouvrages.

Cela dit, je ne souscris évidemment pas aux théories complotistes affirmant que le virus aurait été délibérément modifié puis relâché dans le but de décimer la moitié de l’humanité, ou que sais-je encore. Il s’agit très probablement d’un accident de laboratoire, un événement qui, hélas, n’a rien d’exceptionnel en soi.

Ensuite, en aval, l’idée que nous ayons « repris notre vie comme s’il ne s’était rien passé » est une illusion totale. Ce refus de penser cette période est confondant. Au contraire, il est essentiel de tirer le bilan de cette gestion politico-sanitaire de la crise du Covid, en prenant en compte ses effets à moyen et long terme, qui sont nombreux et variés.

Outre les conséquences médicales du non-traitement, comme les Covids longs, et celles de la vaccination sauvage, avec son cortège d’effets indésirables plus ou moins graves et invalidants, il faut également s’interroger sur les répercussions sociales, économiques, juridiques, culturelles et même scientifiques.

Les jeunes, en particulier, ont subi de plein fouet les confinements : psychologiquement, scolairement, socialement. Quelles en seront les conséquences dans les années à venir ?

Nos édifices juridiques et nos démocraties ont été profondément abimés, nos droits et libertés fondamentaux désacralisés : ils ne sont plus « fondamentaux » si les gouvernements peuvent les suspendre à tout moment et à répétition sous prétexte d’urgence, et si les magistrats s’en accommodent sans broncher.

Une habitude dangereuse s’est installée : celle de piétiner la liberté d’expression dès lors qu’une opinion dérange. Le journalisme a achevé sa transformation en canal de communication et de propagande. La liberté académique est en voie de disparition : voyez à ce sujet le livre de Brice Perrier, l’un des rares journalistes à oser sortir du troupeau. Quant à l’éthique médicale, elle a été purement et simplement sacrifiée : on a osé injecter de l’ARN messager dans le corps des femmes enceintes, en violant ce qui constituait jusqu’alors un tabou éthique majeur en médecine.

Bref, la réalité est à mille lieues du monde oui-oui que nous dépeignent les médias mainstream à longueur de journée. D’ailleurs, ne serait-ce pas l’une des raisons pour lesquelles la confiance du public dans le discours journalistique s’effondre chaque année un peu plus dans les sondages ?

Lors de la crise Covid, les soignants non vaccinés contre le virus ont été suspendus sans rémunération à partir du 15 septembre 2021, en application de la loi du 5 août 2021 relative à la gestion de la crise sanitaire. En ce début d’année, le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, a tenu des propos polémiques en soutenant que la question de la vaccination obligatoire des soignants contre la grippe « mérite d’être posée ». Quel a été votre regard sur cette affaire ?

Les ministres de la Santé ne restent généralement pas longtemps en poste en France. Il y en a eu neuf depuis l’arrivée de M. Macron au pouvoir. Peut-être que ceux-ci cherchent à se faire bien voir du président dès le début ? Je n’en sais rien.

Sur le fond, cette situation me semble illustrer parfaitement ce que j’ai écrit pendant la crise du Covid. Depuis une vingtaine d’années, une idéologie de la vaccination universelle et obligatoire est promue par tous les moyens, portée par les industries pharmaceutiques et par la fondation de Bill Gates, qui est devenue, au fil du temps, plus puissante et influente que l’OMS elle-même.

Cette idéologie s’est en partie imposée parmi les élites politiques, au prix, parfois, de véritables pactes de corruption, comme c’est peut-être le cas dans l’affaire Ursula von der Leyen. Elle a également conquis une partie du monde intellectuel, où la critique des mythes et du marketing techno-industriels est trop souvent assimilée à une « attaque contre la science », ce qui est en réalité la rhétorique des industriels (rappelons que le slogan préféré de Pfizer durant la crise du Covid était « Science will win »). Enfin, elle domine largement la recherche biomédicale, qui ne pourrait tout simplement pas survivre sans ces financements privés.

De « nouveaux vaccins » sont annoncés en permanence dans de nombreux sous-domaines médicaux, tandis que les États instaurent presque chaque année de nouvelles obligations vaccinales, en particulier pour les nourrissons. Une pratique hautement contestable, tant sur le plan de l’efficacité que de l’innocuité, comme l’ont démontré les travaux du Dr de Lorgeril. Mais puisque tout cela est fait au nom de « la Science » et pour « sauver des vies », alors il ne devrait même pas y avoir de débat…

Nous en sommes là dans nos démocraties occidentales : face à une forme de retour de la religion d’État et, plus largement, à la résurgence de tentations autoritaires parmi des élites qui prétendent pourtant défendre la démocratie.

En réalité, il s’agit peut-être d’un nouveau stade du capitalisme. Longtemps, la logique des profits privés et celle de la protection et du contrôle publics se sont opposées, la seconde ne cessant de perdre du terrain.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, concernant le développement économique et social, nous avons connu successivement des États « planificateurs », puis des États « gendarmes ». Aujourd’hui, nous avons des États devenus les « partenaires » des méga-entreprises financiarisées et de multimilliardaires comme Bill Gates et Elon Musk, qui exercent une influence bien supérieure à celle des organisations internationales.

Dans cette logique, le stade suivant est celui où l’État ne serait plus qu’un simple bras armé facilitant la mise en œuvre des projets des grandes entreprises capitalistes. À mon sens, c’est précisément ce qui s’est produit lors de la crise du Covid. Et c’est, je pense, l’une des raisons du rejet croissant des élites politiques qui participent à ce jeu, rejet qui se traduit de plus en plus nettement dans les urnes.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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