Il fut un temps où la capitale française abritait, dans les cafés littéraires de Saint-Germain-des-Prés, les Breton, Sartre, de Beauvoir et autres intellectuels. Dans ces lieux de rencontres populaires, on accouchait d’idées nouvelles, griffonnait l’inspiration sur un coin de nappe, bref, on créait le monde de demain. De cette perspective, le coworking n’est pas un concept né de la dernière pluie.
Bohème digitale ?
Un temps réservé aux milieux littéraires et artistiques, l’esprit du travailler-ensemble trouve un nouveau souffle avec le monde du numérique et l’entreprenariat. Lieu tiers entre le domicile et l’entreprise, un espace de coworking offre flexibilité et environnement social aux télétravailleurs, toujours plus nombreux en France.
Dans les années 90, les hackerspace rassemblaient les premières communautés autour de l’informatique, les logiciels libres ; ces espaces restaient marginaux. Mais ce n’est qu’à partir du milieu des années 2000 que les espaces de coworking se sont multipliés ; en 2014, on en comptait presque 2 500 dans le monde.
Pour Jean-Yves Huwart, fondateur de Coworking Europe, le phénomène n’en est qu’à ses débuts. « De la même manière que l’informatique s’est envolée vers le cloud, le lieu de travail va se décentraliser. Alors que la force de production s’essaime, le modèle où tout renvoie vers le siège de l’entreprise n’est plus représentatif. Bien sûr, cela ne va pas prendre six mois, plutôt des décennies. »
D’après lui, le télétravail chez soi n’est pas « aussi confortable qu’on pourrait le penser », et entre rester chez soi et ne rien payer, et dépenser quelques euros pour être dans un environnement de travail, beaucoup choisissent de payer. D’après Ray Oldenburg, sociologue américain, « la vie sans communauté a produit, pour beaucoup, un mode de vie consistant principalement à faire la navette entre le domicile et le lieu de travail. Or, le bien-être social et la santé psychique des individus dépendent de la vie en communauté ».
« Les entreprises sont à la recherche du modèle efficace »
Plusieurs solutions existent : les cafés coworking, où le wifi et le café vous accueillent à bras ouverts, des espaces loués par les entreprises à travers des plateformes de mise en relation, des centres de coworking proposant des formules au mois ou à la semaine. Puis il y a les grands réseaux naissants, tels que WeWork, une startup valorisée à plus de dix milliards d’euros.
Pour 45 dollars par mois, cette startup américaine propose à ses adhérents un bureau disponible pour une journée avec tous les services inclus : Internet, réseau social pro, cuisine, café. Chaque journée supplémentaire est facturée 50 dollars ; pour 350 dollars, on peut bénéficier d’un bureau pour tous les jours ouvrés et d’un accès à une salle de conférence 3 heures par mois. Pour une seule souscription, les membres peuvent bénéficier du service dans les 16 villes dans le monde où la startup est présente.
Pour l’heure, le modèle du coworking est loin de s’imposer chez les entrepreneurs. « Pour l’instant, leur appétence pour les tiers lieux est quasi inexistante », soulève Cécilia Durieu, directrice associée du cabinet Greenworking. D’après elle, le maintien de la confidentialité et les dépenses supplémentaires pour l’occupation de lieux ne séduisent pas les grands groupes. « Les entreprises sont à la recherche du modèle le plus efficace », remarque pour sa part Nathanaël Mathieu, fondateur de Neonomade. Seuls les salariés fonctionnant à plein temps en télétravail semblent donc les premiers concernés.
En France, on compte plus de 200 espaces dédiés au coworking, dont trente à Paris. Mais l’offre devrait rapidement s’agrandir, notamment avec la Halle Freyssinet, dans le XIIIe arrondissement, qui devrait ouvrir ses portes en début d’année prochaine. Conçu pour accueillir 1 000 startup, Xavier Niel, à l’origine du projet, espère en faire le « plus grand incubateur du monde ».
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