L’année dernière, l’économie brésilienne a dû faire face à une inflation croissante, à une monnaie dépréciée et à une perte de confiance des investisseurs qui, selon les analystes, pourraient s’aggraver en 2025.
Selon une analyse de Rane, les inquiétudes persistantes concernant l’augmentation de la dette du pays ont érodé l’investissement du fait de l’aversion du président Luiz Inacio Lula da Silva pour la réduction des dépenses publiques.
En conséquence, le Brésil a subi une « forte dépréciation » de ses actifs financiers à la fin de l’année 2024.
Dans le même temps, le dollar américain a augmenté de 7,2 % par rapport au real entre le 26 novembre et le 30 décembre.
Le principal indice boursier du pays, l’Ibovespa, a également chuté de 7,4 % au cours de la même période.
Parallèlement à la forte dépréciation du real, les rapports locaux ont classé le marché boursier et la monnaie du Brésil parmi les plus mauvais élèves du monde l’année dernière.
L’inquiétude suscitée par la trajectoire de la dette publique du Brésil est partagée par d’autres experts financiers.
Dans un rapport publié en janvier, le groupe bancaire français Crédit Agricole a noté qu’en dépit de la croissance économique soutenue du Brésil, la tendance à la réduction de la dette observée en 2021-2022 s’est inversée.
Le groupe a observé que le « nouvel ancrage fiscal semble être inefficace » et qu’il a déjà une réputation ternie.
Les Brésiliens affirment qu’en raison de la hausse du dollar américain et de l’inflation continue, les résidents et les entreprises locales ressentent la diminution du real dans leur portefeuille.
« Ce ne sont pas seulement les Brésiliens les plus pauvres, mais tous les Brésiliens qui sont touchés par la réduction de leur pouvoir d’achat. En d’autres termes, tout le monde s’est appauvri », a déclaré à Epoch Times Max Cohen, économiste local et gestionnaire de portefeuille.
Les problèmes tels que l’inflation, la pauvreté et les fluctuations monétaires ne sont pas nouveaux au Brésil. Toutefois, M. Cohen a souligné que la situation s’est aggravée depuis que le président actuel, communément appelé Lula, est revenu au pouvoir en 2023.
« Les pauvres sont devenus encore plus pauvres. Il ne fait aucun doute que cela se reflétera dans les prochaines élections », a-t-il poursuivi, ajoutant que l’administration en place « ment au peuple » qui a élu Lula à un moment où la pauvreté au Brésil était déjà un défi de taille.
Entre 2021 et 2022, le Brésil a connu une réduction de la pauvreté dans tous les domaines, selon les données de la Banque mondiale.
Les autorités brésiliennes ont annoncé une baisse de 40 % de l’« extrême pauvreté » dans le pays en 2023, mais les habitants disent que la hausse des prix et la réduction du pouvoir d’achat alimentent une lutte quotidienne pour beaucoup d’entre eux.
« Le Brésilien moyen est confronté à une hausse du coût de la vie provoquée par une inflation persistante et la dépréciation du real, qui a rendu les biens essentiels tels que la nourriture, l’énergie et les transports plus chers », a souligné dans un entretien accordé à Epoch Times Paulo Ricardo Alecrim, avocat fiscaliste brésilien.
Selon M. Alecrim, le chômage et la dépréciation de la monnaie ont accentué le sentiment d’insécurité économique, rendant plus difficile pour les familles de planifier et d’épargner.
« La dépréciation du real brésilien a fait grimper les prix des produits importés, tandis que l’inflation généralisée a érodé le pouvoir d’achat », a-t-il poursuivi.
M. Alecrim a ajouté : « De nombreux Brésiliens ont du mal à couvrir leurs dépenses de base, comme l’alimentation et le logement. L’augmentation des taux de délinquance et la baisse de la consommation reflètent la détérioration des conditions économiques, qui ont un impact direct sur la qualité de vie et la confiance en l’avenir. »
Selon M. Alecrim, la lourde charge fiscale du Brésil ne fait que compliquer les choses. La loi régissant la réforme de l’impôt sur la consommation a été approuvée par le Congrès brésilien en décembre 2024 et n’attend plus que l’approbation du Président.
« Le fait est que, depuis le début du gouvernement actuel, plusieurs mesures ont été mises en œuvre dans le but d’augmenter la charge fiscale, impactant négativement différents secteurs économiques », a-t-il expliqué.
M. Alecrim a cité comme exemples notables la loi brésilienne sur l’imposition offshore et l’imposition des subventions. Il a ajouté que d’autres initiatives ont déjà été mises en œuvre ou sont prévues pour accroître les recettes publiques.
Les réformes approuvées l’année dernière comprennent une taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pouvant atteindre 27,5 %, ce qui place le Brésil sur la liste des pays enregistrant les taux d’imposition sur la consommation les plus élevés au monde.
Cette taxe a suscité des réactions mitigées et des inquiétudes parmi des économistes comme Shireen Mahdi, qui a prédit que le résultat d’une TVA élevée pourrait réduire le pouvoir d’achat pour les locaux.
Les impôts mis à part, M. Cohen affirme que l’inflation est la principale préoccupation des Brésiliens. Les chiffres officiels montrent clairement l’impact de la hausse des prix sur les Brésiliens.
Dans un rapport de janvier, l’indice national des prix à la consommation a établi que les plus fortes hausses de prix en 2024 ont été observées dans le groupe des produits alimentaires et des boissons, avec une augmentation cumulée de 7,69 %. L’essence a eu l’impact individuel le plus significatif, avec un taux d’inflation cumulé de 9,71 %.
Après l’inflation, le crédit est le deuxième sujet de préoccupation des habitants. « Ce sont deux éléments qui étaient contrôlés par le succès du Plan Real et aujourd’hui, nous voyons tous ces gains s’envoler. »
Le Plan Real – ou Plano Real – a été lancé en 1993. La Banque centrale du Brésil a salué cette initiative comme une « réalisation révolutionnaire », qui a permis d’enrayer l’hyperinflation qui sévissait dans le pays depuis les années 1980.
Ce renversement s’est produit à une vitesse remarquable. L’hyperinflation est passée de 4992 % en juin 1994 à 916 % en décembre de la même année, selon la Banque centrale.
Dépenses publiques
L’exode des investisseurs des marchés financiers brésiliens en 2024 s’explique en grande partie par les inquiétudes suscitées par les plans de dépenses de Lula.
Parmi ses promesses de développer les aides sociales, les dépenses obligatoires et le refus de réduire les dépenses ont alimenté les craintes d’endettement, selon une analyse du groupe bancaire d’investissement Federated Hermes.
Toutefois, malgré la vente massive du real en 2024, Jason DeVito, gestionnaire principal de portefeuille du groupe pour la dette des marchés émergents, reste optimiste quant à la capacité du congrès brésilien à endiguer le flux de fonds.
« Le président Lula fait pression pour augmenter les dépenses, mais la législation limitera probablement sa générosité. J’imagine qu’il sera également confronté à une forte résistance des milieux d’affaires, qui s’inquiètent du climat d’investissement face à l’augmentation de la dette », a expliqué M. DeVito.
De nombreux Brésiliens, dont MM. Alecrim et Cohen, insistent sur la nécessité de réduire les dépenses publiques pour éviter que la spirale économique ne s’aggrave.
« Notre pays doit adopter une discipline fiscale stricte pour réduire le déficit public, créer un environnement plus favorable pour attirer les investissements et promouvoir une plus grande sécurité juridique pour les entrepreneurs. En bref, l’idéal est : moins de gouvernement et plus de liberté », a souligné M. Alecrim.
Il estime également qu’il est impératif de réduire l’intervention de l’État et d’étendre les garanties pour les entreprises privées afin que le Brésil retrouve la confiance des investisseurs.
« Il n’existe pas d’outil plus puissant pour lutter contre la pauvreté que de donner du pouvoir à l’entreprise privée, véritable moteur du développement économique et social d’une nation », a ajouté M. Alecrim.
M. Cohen est d’accord avec cette évaluation. « Réduire les coûts du gouvernement. Le gouvernement dépense mal et beaucoup. Il faut créer un environnement de confiance pour attirer les investisseurs étrangers. »
« Le gouvernement communique mal parce qu’il ne veut pas dire la vérité. Et cela fait fuir les investisseurs », a-t-il constaté.
Il pense également que les différences marquées entre l’administration de Lula et le président américain Donald Trump compliqueront davantage la situation économique au Brésil.
« Le gouvernement Lula aura des difficultés à traiter avec les États-Unis en matière de politique étrangère et de commerce international. Je pense que le Brésil perdra en termes de commerce avec les États-Unis simplement en raison d’idéologies opposées », a estimé M. Cohen.
Le Brésil assurant la présidence tournante des BRICS en 2025, cette évolution pourrait se concrétiser plus tôt que prévu. L’alliance des BRICS a historiquement encouragé une rhétorique anti-occidentale et des attitudes fortes à l’égard de la « dédollarisation ».
Le bloc commercial comprend également la Chine, la Russie et l’Iran, rivaux politiques des États-Unis.
En novembre, Donald Trump a menacé d’imposer des droits de douane de 100 % aux pays membres des BRICS s’ils créaient une monnaie concurrente du dollar américain.
Sur son profil Truth Social, M. Trump a déclaré : « L’idée que les pays des BRICS essaient de s’éloigner du dollar alors que nous restons les bras croisés, c’est du grand n’importe quoi. »
« Nous exigeons de ces pays qu’ils s’engagent à ne pas créer une nouvelle monnaie des BRICS, ni à soutenir une autre monnaie pour remplacer le puissant dollar américain, faute de quoi ils seront soumis à des droits de douane de 100 % et devront s’attendre à dire adieu aux ventes au sein de la merveilleuse économie américaine », a ajouté M. Trump dans son message.
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