Le cancer du pancréas : les signes d’alerte négligés, les risques cachés et les stratégies de prévention

Par Shan Lam et JoJo Novaes
24 février 2025 16:28 Mis à jour: 24 février 2025 16:28

Le cancer du pancréas est souvent appelé le « roi des cancers » en raison de sa difficulté à être détecté à un stade précoce et de son taux de mortalité élevé. Lors d’une émission télévisée, Guo Shifang, directrice du département de médecine intégrative du centre médical Chi Mei à Taïwan, a expliqué que les douleurs abdominales liées au cancer du pancréas présentaient des caractéristiques distinctes et a souligné l’importance d’une évaluation médicale immédiate en cas d’apparition de tels symptômes.

Selon l’Institut national du cancer, environ 66.440 nouveaux cas de cancer du pancréas devraient être diagnostiqués en 2024 et 51.750 décès devraient survenir au cours de la même période. Le cancer du pancréas représente 3,3 % de tous les nouveaux cas de cancer aux États-Unis, mais est responsable de 8,5 % de tous les décès liés au cancer.

Avec plus de 14.000 cas diagnostiqués en France chaque année, le cancer du pancréas est le deuxième cancer digestif le plus fréquent après le cancer colorectal. À l’échelle mondiale, cette maladie est à l’origine de 400.000 décès annuels. Avec une incidence en augmentation, on estime que ce cancer sera la 2e cause de mortalité par cancer en France à l’horizon 2030.

Reconnaître la douleur abdominale dans le cancer du pancréas

Le pancréas est situé derrière l’estomac et le muscle grand psoas se trouve directement derrière lui. Lorsqu’il est enflammé ou atteint d’un cancer, le pancréas peut exercer une pression sur les muscles du bas du dos, provoquant une douleur qui irradie vers l’arrière.

Guo Shifang a décrit les caractéristiques typiques de la douleur abdominale causée par le cancer du pancréas :

• La douleur se produit dans la zone rétropéritonéale, similaire à l’estomac mais plus profonde, souvent accompagnée d’une sensation de douleur dans le dos.

• Le fait d’appuyer sur la zone affectée tend à intensifier la douleur.

• La gêne s’aggrave lorsque le corps est en position verticale, ce qui entraîne une tendance à se pencher en avant. S’allonger sur le côté, les genoux pliés et le corps recroquevillé, peut aider à soulager la douleur.

• Le cancer du pancréas se développe le plus souvent dans la tête du pancréas, située près du canal cholédoque. Dans ce cas, la douleur peut irradier vers la poitrine et les épaules.

Autres symptômes courants

Le pancréas remplit des fonctions exocrines et endocrines. Ses cellules exocrines produisent des enzymes digestives, tandis que ses glandes endocrines libèrent des hormones telles que l’insuline pour réguler le taux de sucre dans le sang. Par conséquent, les symptômes courants du cancer du pancréas comprennent également la perte d’appétit, la perte de poids rapide, la jaunisse et le diabète.

Symptômes courants du cancer du pancréas. (Epoch Times)

Une étude réalisée en 2018 indique que plus de 85 % des patients atteints d’un cancer du pancréas perdent du poids au moment du diagnostic. Un patient pesant plus de 70 kg pourrait perdre entre 20 et 30 kg en seulement deux ou trois mois, a indiqué Guo Shifang.

Lorsqu’une tumeur située dans la tête du pancréas comprime le canal biliaire ou lorsque des cellules cancéreuses l’envahissent, la sécrétion de bile peut être obstruée. Cela entraîne souvent des symptômes liés à la jaunisse, notamment le jaunissement de la peau et du blanc des yeux, des urines couleur thé foncé et des démangeaisons cutanées.

Autres symptômes du cancer du pancréas. (Epoch Times)

Le lien entre le diabète et le cancer du pancréas

L’apparition d’un diabète est considérée comme l’un des signes avant-coureurs du cancer du pancréas.

Une étude publiée dans le Journal of the National Cancer Institute a montré que si le diabète de longue durée est un facteur de risque de cancer du pancréas, le diabète d’apparition récente peut être un symptôme de la maladie. En l’absence d’antécédents familiaux de diabète, l’apparition soudaine de la maladie après l’âge de 50 ans pourrait être liée à une inflammation ou à un dysfonctionnement du pancréas, a expliqué Guo Shifang. En effet, les tumeurs pancréatiques ou l’inflammation chronique peuvent altérer la capacité du pancréas à réguler la production d’insuline, soit en endommageant les cellules bêta productrices d’insuline, soit en provoquant la libération de cytokines inflammatoires qui perturbent le métabolisme du glucose.

Une revue systématique a mis en évidence que chez les patients atteints de prédiabète ou de diabète, chaque augmentation de 0,56 mmol/L de la glycémie à jeun augmentait de 14 % le risque de développer un cancer du pancréas.

Adaptation du régime alimentaire pour la prévention

La régulation de la glycémie est essentielle pour prévenir le cancer du pancréas.

« Nous devons éviter de surmener le pancréas et lui permettre de se reposer », a déclaré Guo Shifang. Elle ajoute que la consommation de quantités excessives de glucides et de lipides en un seul repas oblige le pancréas à produire de grandes quantités d’insuline et d’enzymes digestives pour les traiter. Ce surmenage augmente le risque d’inflammation du pancréas.

La pancréatite aiguë peut endommager le pancréas par ses propres enzymes digestives, tandis que la pancréatite chronique augmente considérablement le risque de cancer du pancréas.

Guo Shifang a formulé les recommandations alimentaires suivantes pour aider à réduire le risque de cancer du pancréas :

• Limiter la consommation de glucides et de graisses. Une alimentation riche en glucides raffinés et en graisses malsaines peut contribuer à l’obésité et à la résistance à l’insuline, qui sont toutes deux liées à un risque accru de cancer du pancréas.

• Éviter les méthodes de cuisson à haute température, comme les sautés et les fritures. Ces méthodes peuvent générer des composés cancérigènes, comme les amines hétérocycliques (HCA) et les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qui peuvent augmenter le risque de cancer.

• Éviter les aliments marinés et transformés. Bien que certains aliments marinés soient sains en raison de leur teneur en probiotiques, le processus traditionnel de marinage utilisant du sel ou des nitrates peut parfois conduire à la formation de nitrosamines, qui sont des composés cancérigènes. En outre, certains aliments transformés peuvent également contenir ces substances chimiques nocives.

• Éviter les aliments riches en sucre, y compris la consommation excessive de fruits. Bien que les fruits soient généralement sains, la consommation de grandes quantités de fruits riches en sucre peut entraîner une augmentation de la glycémie et des niveaux d’insuline, qui sont associés à un risque accru de cancer du pancréas. La modération et l’équilibre entre la consommation de fruits et d’autres aliments riches en nutriments et à faible teneur en sucre sont essentiels.

« Nous n’avons pas besoin de vivre comme des moines. Un repas indulgent occasionnel est probablement acceptable, mais une suralimentation fréquente peut entraîner divers problèmes de santé », a déclaré Guo Shifang.

Facteurs de risque du cancer du pancréas

Le tabagisme est un facteur de risque important pour le cancer du pancréas. Des études montrent que les fumeurs sont deux fois plus susceptibles de développer un cancer du pancréas que les non-fumeurs.

Guo Shifang a également insisté sur la nécessité de minimiser l’exposition au tabagisme passif, aux vapeurs de cuisson et à la fumée d’encens, même si l’on n’est pas fumeur.

Selon Cancer Research UK, 70 % des cas de pancréatite chronique sont attribués à une forte consommation d’alcool sur le long terme. La pancréatite chronique est associée à un risque accru de cancer du pancréas.

Le stress comme déclencheur du développement du cancer

La gestion du stress et le maintien d’un équilibre émotionnel sont essentiels à la prévention du cancer.

Une récente étude cas-témoins a révélé que les patients atteints de cancer du pancréas étaient beaucoup plus susceptibles d’avoir vécu des événements stressants majeurs au cours des cinq dernières années, comme la perte d’un être cher, un divorce ou des difficultés financières.

Une étude animale réalisée en 2018 suggère que le lien entre le stress et le cancer du pancréas pourrait être d’ordre hormonal. Le stress peut surstimuler le système nerveux sympathique, provoquant une poussée d’adrénaline qui favorise la croissance des tumeurs.

Selon la médecine traditionnelle chinoise (MTC), le stress émotionnel peut entraîner une stagnation de l’énergie et une mauvaise circulation du sang dans le corps, un état appelé « stagnation du qi et stase du sang », note Guo Shifang. Cela signifie que les tumeurs sont plus susceptibles de se développer dans les zones où le qi et le sang sont obstrués.

Recommandations pour le dépistage du cancer du pancréas

Guo Shifang recommande à toute personne présentant des symptômes suspects de cancer du pancréas de commencer par une analyse de sang pour vérifier la présence de marqueurs comme le CA 19-9, une protéine souvent produite par les cellules tumorales du pancréas et libérée dans la circulation sanguine. Des niveaux élevés de CA 19-9 peuvent indiquer un cancer du pancréas, bien qu’ils ne soient pas spécifiques à la maladie et qu’ils puissent également être élevés dans d’autres conditions, comme la pancréatite ou l’obstruction des voies biliaires.

Si des anomalies sont détectées, d’autres examens d’imagerie, comme une échographie ou une tomodensitométrie, peuvent être nécessaires pour évaluer le pancréas de plus près. Toutefois, ces examens ne permettent pas à eux seuls de diagnostiquer avec certitude un cancer du pancréas. La seule façon de confirmer la présence d’un cancer est de procéder à une biopsie, c’est-à-dire de prélever un petit échantillon de tissu du pancréas et de l’examiner au microscope pour y déceler la présence de cellules cancéreuses.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de Epoch Times.

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