Même avec la nouvelle loi de janvier 2021 – qui considère « les sons et les odeurs » des campagnes comme faisant partie du patrimoine rural – le chant du coq continue de poser des problèmes dans certains villages. C’est notamment le cas à Sallenôves (Haute-Savoie), une commune d’environ 800 habitants située près d’Annecy.
Caruso n’est pas le bienvenu à Sallenôves, et c’est le moins qu’on puisse dire. Les riverains lui reprochent de pousser la chansonnette un peu trop tôt le matin, réveillant ainsi tout le quartier. Un conciliateur de justice a tranché, sommant le propriétaire du gallinacé perturbateur de se séparer de lui avant la fin du mois de mars prochain, rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
« Je pensais vivre tranquillement avec mes animaux »
Cette histoire a commencé l’été dernier. François Avet, le propriétaire de Caruso, explique à nos confrères que celui-ci « chante lorsque le soleil se lève », si « un chien passe », ou encore lorsqu’une « poulette lui fait de l’œil ». En résumé, « il fait son boulot de coq », assure le retraité de 74 ans.
C’est sur le terrain prêté par un voisin que l’ancien enseignant agricole avait fait son potager, y ajoutant des lapins, des canards et des poules. Mais les habitants se sont plaints des animaux, installés trop près de leurs logements. En conséquence, le retraité a déplacé ses animaux plus loin, mais a également introduit un nouvel animal, à savoir le fameux Caruso.
Il pensait alors « vivre tranquillement avec [ses] animaux et laisser son coq avoir des poussins pour les montrer à ses petits-enfants qui habitent le village ». Le septuagénaire explique également à nos confrères que ses animaux sont l’attraction des enfants du quartier. « On discute avec leurs parents, certains repartent parfois avec une salade. Un jardin, c’est un lieu de rencontre », poursuit-il.
« Le coq n’est qu’une partie du différend »
La mairie, qui a été contactée par les différents protagonistes et « souhaite que cette situation s’apaise et éviter toute dérive », a expliqué par la bouche de l’adjoint au maire Noël de Bernardo que « les sons et les odeurs » font partie du « patrimoine commun de la nation, aux côtés des paysages, de la qualité de l’air ou des êtres vivants et de la biodiversité », et ce depuis la loi du 29 janvier 2021.
Toutefois, l’élu précise que dans cette affaire, « le coq n’est qu’une partie du différend », et il faut donc prendre la situation dans sa globalité. En effet, l’une des voisines de François Avet, contactée par nos confrères, a indiqué qu’il y avait eu des « soucis de communication », le propriétaire du coq étant très fermé à toute discussion. Elle a alors décidé d’envoyer un mail à l’auxiliaire de justice. Un autre voisin aurait par ailleurs menacé François Avet en lui disant qu’« il ferait son boulot de chasseur » s’il voyait le coq dans le champ.
« J’ai l’impression qu’il y a eu une surenchère : on lui demande de déplacer son potager, il ajoute un coq. Il y a un problème avec son coq, il ajoute un cabanon. Un problème avec son cabanon, il gare sa camionnette devant le terrain… », a encore signalé la voisine à France 3.
« Mon village perd son caractère rural »
Face à la situation, le conciliateur de justice a donc décidé d’en finir avec l’objet de toutes ces querelles, plaidant que les voisins étaient là avant le coq. Évidemment, François Avet a été peiné par la tournure des événements, mais comme il le souligne : « Je n’ai pas les moyens de me défendre devant un tribunal, ni de me payer les services d’un bon avocat et encore moins de perdre un procès. » Il devra donc se séparer de son animal avant le 31 mars 2024.
« Je sais bien que mon problème n’est pas important face à l’état du monde. Mais la vie quotidienne, l’avenir de la campagne, ce n’est pas futile. Mon village perd son caractère rural. Il vend son âme et sa terre à la construction urbaine. C’est sordide… », conclut le retraité.
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