Le chanteur et musicien guinéen Mory Kanté, rendu mondialement célèbre par le tube « Yéké Yéké » dans les années 1980, est décédé vendredi à l’âge de 70 ans dans un hôpital de Conakry, a annoncé son fils Balla Kanté à un correspondant de l’AFP.
Mory Kanté, surnommé le « griot électrique », a contribué à populariser la musique africaine et guinéenne à travers le monde. « Yéké Yéké », l’un des plus grands tubes de l’histoire de la musique africaine sorti en 1987, s’est vendu à des millions d’exemplaires, et a atteint les sommets des hit-parades dans de nombreux pays.
Mory Kanté s’est éteint « vers 9H45 ce matin à l’hôpital sino-guinéen » dans la capitale guinéenne, a dit son fils.
« Il souffrait de maladies chroniques et voyageait souvent en France pour des soins, mais avec le coronavirus ce n’était plus possible », a-t-il ajouté. « On a vu son état se dégrader rapidement, mais j’étais surpris quand même car il avait déjà traversé des moments bien pires », a-t-il dit.
Né dans une célèbre famille de griots, ces poètes, conteurs, musiciens dépositaires de la culture orale en Afrique, Mory Kanté fut l’un des premiers musiciens, avec le Malien Salif Keita, à diffuser la musique mandingue loin de ses frontières.
Mory Kanté, qui a passé une grande partie de sa jeunesse au Mali voisin de la Guinée, y intégra au début des années 70, le fameux Rail Band de Bamako dont Salif Keita était le chanteur.
Après avoir quitté le Rail Band, il révolutionna la musique ouest-africaine dans les années 1980 en électrifiant son instrument et en ouvrant les musiques traditionnelles mandingues villageoises aux beats électroniques et aux « grooves » plus urbains. Le concept de « World Music » était alors encore balbutiant.
Avec « Yéké Yéké », ce maître de l’instrument traditionnel à cordes qu’est la kora, doté aussi d’une puissante voix de tête, a accédé à la gloire internationale et amené la musique mandingue sur les pistes de danse. L’album « Akwaba Beach » où figure cette chanson fut l’une des plus grosses ventes mondiales des musiques d’Afrique noire.
Dans les années 2000, après un certain désamour d’un public lassé, il s’était un temps orienté vers une musique plus acoustique, au sein d’un orchestre où prédominaient les cordes.
Au début des années 2010, dans « la Guinéenne », son premier disque depuis huit ans, enregistré au pays, il choisissait la formule du grand orchestre, celle de l’âge d’or de la musique ouest-africaine dans les années post-indépendances, avec une suite de mélodies mandingues entonnées sur des grooves occidentaux, aux accents funk, reggae, zouk.
Mory Kanté, qui fut ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation (FAO) et chanta au profit de la lutte contre la fièvre Ebola qui frappa durement la Guinée entre 2013 et 2016, était une personnalité incontournable dans son pays.
« La culture africaine est en deuil », a tweeté le président Alpha Condé, « Merci l’artiste. Un parcours exceptionnel. Exemplaire. Une fierté ».
« Il laisse un héritage immense pour la culture, trop vaste pour qu’on puisse tout citer », a dit son fils et « il a aussi beaucoup fait pour la culture dans son pays en construisant des studios, des structures culturelles. Mais surtout, il a valorisé la musique guinéenne et africaine en la faisant connaître à travers le monde ».
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