TRADITIONS CHINOISES

Le Ciel, la Terre et les fondations morales de la foi chinoise

février 19, 2016 17:15, Last Updated: février 20, 2016 23:19
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L’ancien sage Confucius, qui prônait les cinq vertus cardinales de bienveillance, droiture, bienséance, sagesse et foi, a enseigné que les racines de la bienveillance résident dans la piété filiale et l’amour fraternel.

L’éthique confucéenne basée sur la famille est connue dans le monde comme étant la pierre angulaire de l’héritage social et philosophique chinois. Ces enseignements anciens de 2 500 ans sont tirés des traditions religieuses chinoises pré-impériales, qui recherchaient l’harmonie entre l’homme et l’univers à travers le respect envers le Ciel et la Terre.

La foi, dernière vertu cardinale confucéenne, est la racine de toutes les relations à l’œuvre dans la société et permet une connexion spirituelle avec le divin. Les pratiquants et les philosophes taoïstes comprenaient cela à travers le yin-yang binaire, alors que les érudits confucéens se demandaient comment mieux servir leurs parents et leurs supérieurs, éduquer leurs enfants et leurs subordonnés.

La dynastie Zhou occidentale, une source d’inspiration

Le modèle classique pour la philosophie sociale chinoise et la croyance religieuse était la dynastie Zhou occidentale (1046 av. J.-C.-770 av. J.-C), dont les dirigeants et le peuple ont inspiré Confucius dans ses enseignements. Le guide fondamental pour les rois de Zhou était de gouverner avec vertu et dans la crainte respectueuse de Shang Di, l’empereur du Ciel. On mentionnait le roi comme étant le « Fils du Ciel », précisant son statut subalterne face à l’admonition et à l’autorité divines.

La foi dans les lois célestes était démontrée parmi la noblesse à travers l’observance des rites ou de la bienséance ; parmi le peuple, la vérité se manifestait elle-même sous la forme de l’étiquette et de la piété filiale. Ces vertus étaient véhiculées non seulement par les textes officiels, notamment les Rites de Zhou, mais imprégnaient aussi la musique de cour et folklorique. Représentatives de cette culture sont les odes compilées par Confucius dans le Classique de la Poésie, une œuvre contenant 300 pièces lyriques provenant de différentes régions et classes sociales du royaume de Zhou.

La section Odes de Zhou du Classique de la Poésie, était dédiée à la vénération, à la prière et à l’éloge de Shang Di. Les Odes de Zhou vénéraient principalement les rois fondateurs de la dynastie, Wen et Wu, puis l’Empereur Cheng et l’Empereur Kang, ainsi que leurs ancêtres légendaires Hou Ji et Tai Wang, estimés être des descendants de l’empereur céleste. Les paroles dans Les Odes de Zhou rendent compte du respect avec lequel ces monarques servaient et protégeaient le Ciel et gouvernaient le pays avec vertu.

Concrètement, la piété religieuse signifiait que l’on était responsable d’agir et de vivre vertueusement pour réaliser le Mandat Céleste, jusqu’au degré exigé par la position qu’on occupait. Ce principe se reflétait dans les interactions humaines, telles les « trois liens » entre dirigeant et ministre, parent et enfant et mari et femme.

Confucius pensait que sa collection des poèmes de Zhou servait de guide moral. « Lorsque l’on se trouve dans le pays, on peut identifier combien les gens sont éduqués. S’ils sont doux et bons, cela signifie qu’on leur a enseigné Le Classique de la poésie. »

Comme il apparaît clairement dans les poèmes du Classique de la Poésie, les sujets de Zhou pensaient que la volonté du ciel était de protéger les gens de la souffrance et du désastre et que les rois avaient été envoyés comme ses agents humains pour veiller à cette tâche.

Dans le poème Huangyi, le ciel demande au roi Wen, fondateur de la dynastie Zhou : « Le Ciel a dit à l’Empereur Wen, j’aspire à des personnes ayant une telle vertu, qui ne se complaisent pas dans les plaisirs sensuels ni n’abusent des punitions. Qui ne parlent pas de choses qu’elles ignorent et suivent sincèrement l’autorité du Ciel ».

De cette façon, le dirigeant qui était pieux et respectueux devant le Ciel agirait aussi comme un vertueux roi-philosophe envers ses sujets et ses ministres, écoutant leurs avis et tenant compte de leurs besoins.

Une autorité régionalisée et un principe moral élevé

Par opposition à l’habitude chinoise impériale postérieure de concentrer le pouvoir politique au centre, l’autorité politique et militaire Zhou était régionalisée. Les dirigeants des nombreux royaumes vassaux qui constituaient le royaume faisaient allégeance à leur roi plus par principe moral que par obligation.

Le caractère solide et la discipline morale des anciens rois Zhou sont reflétés dans la longévité de cette dynastie flexible et décentralisée : pendant plus de 800 ans, la famille royale Zhou a été, au moins nominalement, honorée comme souveraine légitime de la Chine, en faisant la plus longue dynastie de l’histoire chinoise enregistrée.

La véritable autorité politique de Zhou s’est affaiblie au VIIIe siècle av. J.-C., lorsque le roi You a échoué à s’en tenir aux critères élevés de ses prédécesseurs. Plus concerné par les plaisirs personnels, comme passer du temps avec sa concubine favorite, plutôt que de se concentrer sur une gouvernance éclairée, ce roi était étroit d’esprit et soupçonnait ses ministres loyaux d’être des usurpateurs.

En l’absence d’un comportement moral fort, la confiance entre le roi et ses vassaux déclina et, par conséquent, lorsque les tribus barbares attaquèrent la capitale de Zhou, le roi You se retrouva sans allié. Il perdit la vie et la famille royale dût chercher refuge vers l’Est, fondant les Zhou orientaux. En dépit du nom, les seigneurs féodaux avaient en fait perdu confiance dans la capacité des rois de Zhou à diriger.

Ceci donna naissance à la Période des Royaumes Combattants et des Printemps et Automnes au cours desquelles les dirigeants de Zhou n’eurent plus guère d’emprise sur le royaume qui se décomposait peu à peu.

Comme l’avertit le Classique de la Poésie : « Une personne sage et bien informée accepte gentiment les conseils et se comporte en suivant la vertu. Une personne insensée et ignorante rejette les avis sincères ; elle considère que le conseiller nourrit des ambitions déplacées ».

Pour les Chinois de l’antiquité, la foi dans le divin était liée à la confiance et au soutien entre les hommes. Une sincère bienveillance s’appuie sur une foi ferme, amenant cette dernière vertu cardinale confucéenne à l’unisson avec la première.

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