Le cœur de la France : l’histoire de Notre-Dame de Paris

La cathédrale construite pour orienter le regard de l'humanité vers le ciel et l'éternité rouvre ses portes

Par Walker Larson
11 décembre 2024 17:49 Mis à jour: 13 décembre 2024 10:12

La cathédrale Notre-Dame de Paris a rouvert ses portes le 8 décembre 2024, jour de la fête de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie. Ce jour est tout à fait approprié puisque la cathédrale est dédiée à la Vierge Marie. Cette magnifique structure gothique, l’une des églises les plus célèbres au monde, est sur le point d’émerger, tel un papillon, de sa chrysalide de reconstruction après un incendie dévastateur en 2019.

Notre-Dame est liée à l’âme de la France et symbolise la vie religieuse et politique du pays à travers les siècles. Elle marque le cœur de la France, au sens propre comme au sens figuré : une plaque à l’extérieur de la cathédrale indique que c’est le point de départ de toutes les routes de France.

Un marqueur de l’histoire mondiale

Construite pour diriger le regard de l’humanité vers le ciel et l’éternité grâce à ses flèches, ses contreforts et ses vitraux étincelants, cette structure massive a continué à s’élever dans le ciel siècle après siècle, insensible aux bouleversements du monde et constituant souvent la toile de fond d’événements clés de l’histoire de la France et du monde.

Selon The Age of Chivalry (L’âge de la chevalerie), un livre publié par le magazine National Geographic, Notre-Dame a été le lieu où la troisième croisade a été prêchée pour la première fois ; le lieu où Henri VI est devenu roi de France ; l’église où le roi Philippe IV a monté son cheval jusqu’à l’autel pour le remercier d’une victoire militaire ; le lieu où se trouve la Couronne d’épines de Jésus, rapportée de Jérusalem par Saint Louis en 1239 ; le symbole que les révolutionnaires français ont tenté de transformer en temple de la Raison au XVIIIe siècle ; la structure dans laquelle Napoléon s’est fait couronné empereur ; et l’église dont les cloches ont retenti sur Paris en 1944 pour marquer la libération de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire du bâtiment commence au IVe siècle, lorsque Clovis, roi des Francs saliens, se convertit au christianisme. Paris devient alors la capitale du royaume des Francs, l’un des premiers royaumes chrétiens d’Europe. Au VIe siècle, la première cathédrale de Paris, Saint-Étienne, est érigée. Au fil des siècles, Paris s’agrandit et acquiert une importance culturelle, devenant un centre d’activités intellectuelles et artistiques. Elle s’enorgueillit de posséder l’une des premières et des plus célèbres universités européennes, l’université de Paris.

Les pèlerinages et les croisades du XIIe siècle ont fait de Paris, et plus particulièrement de l’île de la Cité, une île sur la Seine, une zone de grande affluence. Le grand nombre de pèlerins a incité l’évêque de Paris, Maurice de Sully, à lancer les plans de construction d’une cathédrale massive sur les ruines de deux basiliques antérieures. Le pape Alexandre III a posé la première pierre en 1163. Maurice de Sully a canalisé l’argent et les ressources vers le projet, et le peuple pieux de France, des serfs aux rois, a fait des dons pour soutenir l’effort. Comme le raconte L’âge de la chevalerie : les femmes de Paris, soucieuses de Notre-Dame, donnaient si souvent qu’elles firent naître la légende selon laquelle Notre-Dame avait été « bâtie par les dons des veuves ».

(En haut) L’arrivée de Napoléon à l’extrémité est de Notre-Dame pour son couronnement comme empereur des Français le 2 décembre 1804, par Charles Percier et Pierre François Léonard Fontaine. (En bas à g.) Illustration de la façade occidentale et du parvis de Notre-Dame en 1699. (En bas à dr.) Peinture du couronnement d’Henri VI d’Angleterre à Notre-Dame, vers 1470-1490, par un artiste inconnu. Henri a été couronné roi de France à l’âge de 10 ans pendant la guerre de Cent Ans. (Domaine public)

L’évêque de Sully ne verra pas son œuvre achevée. La cathédrale a été un projet générationnel dont la construction a duré près de 200 ans. Une fois achevée, elle témoigne de l’intelligence des ingénieurs médiévaux, de l’habileté des artistes médiévaux et des aspirations de la société médiévale dans son ensemble. Le livre L’âge de la chevalerie cite un visiteur du XIVe siècle : « En entrant, on a l’impression d’être élevé au ciel et d’être introduit dans l’une des plus belles pièces du paradis. » Plusieurs siècles plus tard, Victor Hugo décrivait l’édifice comme « une vaste symphonie de pierres qui s’élève devant les yeux […] ».

Notre-Dame est considérée comme un joyau de l’architecture gothique, un style impliquant une extravagance presque téméraire de la maçonnerie s’élevant vers le ciel et ornée d’innombrables personnages de la Bible et de la tradition catholique, dont les célèbres gargouilles.

Des tribulations persistantes

La cathédrale a connu son lot de bouleversements et de dangers. Pendant la Révolution française, des sentiments profondément anticatholiques ont envahi la France et les révolutionnaires ont dépouillé Notre-Dame de son importance en tant qu’église catholique, la transformant en « Notre-Dame de la Raison », un monument au rationalisme du siècle des Lumières. Les révolutionnaires ont pris des statues de rois bibliques pour des monarques français et les ont décapitées par haine de l’aristocratie française. Les têtes des rois ont été retrouvées lors de la rénovation d’un quartier parisien en 1977. Seule la chute du révolutionnaire en chef Maximilien Robespierre a permis à la cathédrale d’échapper à la démolition totale.

Au XIXe siècle, les dégâts causés par la révolution et les intempéries menacent la cathédrale de s’écrouler, mais le mécénat de Napoléon, la popularité du roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris et les travaux de l’architecte français Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc permettent de la restaurer.

Mais c’est peut-être le 15 avril 2019 que la cathédrale a connu son plus grand défi. Ironie du sort, un incendie détruit une grande partie de l’édifice, y compris sa flèche centrale. Alors que les flammes dissolvaient la flèche, projetant de la fumée dans les airs, les Parisiens se sont rassemblés dans les rues, regardant avec stupeur le brasier qui consumait leur symbole national bien-aimé. Certains pleuraient. Puis, au milieu des larmes, les Parisiens ont commencé à chanter l’Ave Maria à la Sainte Vierge.

Des photographies assemblées montrent la cathédrale Notre-Dame en feu (rangée du haut) et reconstruite (rangée du bas), sous les mêmes angles, prises à Paris entre le 15 avril 2019 et le 30 novembre 2024. (Geoffroy Van Der Hasselt, Kiran Ridley, Fabien Barrau /AFP via Getty Images)

Décrivant la réaction des Français à l’incendie de Notre-Dame, le responsable de la restauration de l’édifice, le regretté Jean-Louis Georgelin, avait dit : « Beaucoup de Français ont pleuré parce qu’ils sentaient que quelque chose de très profond dans l’âme de la France, dans l’esprit de la France était sur le point de s’effondrer. » Mais les pompiers de Paris ont sauvé la cathédrale d’un effondrement total, et le président Emmanuel Macron a immédiatement promis que la cathédrale serait reconstruite.

C’est la réalisation de cette promesse que le monde attendait le 8 décembre. L’événement démontre la résilience de la France et la façon dont l’esprit du peuple français se perpétue, en le reconnectant à son passé.

Comme l’avait dit M. Georgelin : « La cathédrale Notre-Dame de Paris est en quelque sorte le cœur de la France. Pour les catholiques, bien sûr, pour les chrétiens, mais pour tout le monde. Tous les grands événements de la France, d’une manière ou d’une autre, se sont déroulés ici, dans la cathédrale. »

L’intérieur de la cathédrale Notre-Dame le 29 novembre 2024 (Getty Images)
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