Le Danemark va dépenser 2 milliards d’euros pour renforcer ses capacités militaires au Groenland

Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen, a déclaré : « Nous devons admettre qu'il existe de sérieux défis en matière de sécurité et de défense dans l'Arctique »

Par Chris Summers
29 janvier 2025 05:48 Mis à jour: 29 janvier 2025 13:28

Le Danemark a révélé un budget de 2,05 milliards de dollars (1,96 milliard d’euros) pour renforcer sa présence militaire dans l’Arctique, suite aux demandes répétées du président américain Donald Trump pour que les États-Unis acquièrent le Groenland, un territoire danois semi-autonome.

Le mois dernier, peu après que Donald Trump a fait ses premières remarques sur le Groenland, le ministre danois de la Défense Troels Lund Poulsen a déclaré au journal danois Jyllands-Posten que son gouvernement annoncerait bientôt un paquet de mesures de défense qui s’élèverait à au moins 1,4 milliard d’euros.

Mais le 27 janvier, il a dévoilé un programme détaillé, d’une valeur de 2,05 milliards de dollars.

L’argent servira à financer trois navires supplémentaires pour la flotte arctique danoise, qui seront équipés d’hélicoptères et de drones.

En outre, le gouvernement danois prévoit de stationner en permanence au Groenland deux drones à longue portée « capables de surveiller de vastes étendues à de grandes distances et de fournir une surveillance détaillée ».

Le gouvernement a aussi indiqué qu’il allait financer des capacités satellitaires additionnelles et des capteurs terrestres pour « renforcer la connaissance de la situation et le renseignement ».

Des fonds seront également consacrés à la modernisation des installations du commandement conjoint de l’Arctique, situées à Nuuk, capitale du Groenland.

Lund Poulsen a déclaré lors d’une conférence de presse à Copenhague le 27 janvier : « Nous devons faire face au fait qu’il existe de sérieux enjeux en matière de sécurité et de défense dans l’Arctique et l’Atlantique Nord. C’est pourquoi nous devons renforcer notre présence dans la région. »

Le document du ministère danois de la Défense, qui présente le nouveau financement, indique ce qui suit : « Les tensions géopolitiques entre la Russie, la Chine et les États-Unis se sont propagées à l’Arctique et l’objectif d’une faible tension dans la région est mis sous pression. Le Danemark, les îles Féroé et le Groenland doivent répondre à l’intensification de la situation en matière de sécurité. »

« Un paysage de la sécurité en pleine mutation »

Vivian Motzfeldt, ministre de l’État et des Affaires étrangères du Groenland, a déclaré : « Le Groenland est confronté à un paysage de la sécurité en pleine mutation. Je me réjouis des mesures que nous prenons pour renforcer la sécurité au Groenland et dans ses environs grâce à cet accord de défense partielle. »

Elle a ajouté que le cabinet du gouvernement du Groenland, ou Naalakkersuisut, « se réjouit de poursuivre le dialogue avec le gouvernement du Danemark ».

En tant que territoire semi-autonome, le Groenland gère ses affaires intérieures, mais ses affaires étrangères, y compris la défense, relèvent du gouvernement danois. Cette ancienne colonie danoise occupe une position stratégique à mi-chemin de la route la plus courte entre l’Europe et la Russie et l’Amérique du Nord.

Le Groenland abrite également une grande base militaire américaine équipée de systèmes d’alerte aux missiles et de surveillance de l’espace.

L’Arctique constitue le chemin le plus court pour les missiles balistiques intercontinentaux entre les États-Unis et la Russie. Le Groenland devient donc un avant-poste essentiel dans le contexte des rivalités croissantes entre les puissances mondiales.

Le Danemark et les États-Unis sont liés par un accord de défense de 1951, qui permet à Washington de contrôler exclusivement certaines zones de défense du Groenland et d’accroître sa surveillance des eaux arctiques, au cœur de la stratégie arctique de l’OTAN.

Donald Trump a affirmé que l’acquisition du Groenland serait avantageuse pour la sécurité et les intérêts économiques des États-Unis et de leurs alliés.

Au début du mois, le Premier ministre du Groenland, Mute Egede, a déclaré qu’il était prêt à discuter avec les États-Unis et a ajouté : « La coopération est une question de dialogue. La coopération signifie travailler à la recherche de solutions. »

Le 24 janvier, le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, s’est entretenu avec le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, et ils ont convenu de discuter en détail du Groenland à une date ultérieure.

« Enracinés dans les communautés locales »

Le 27 janvier, Lund Poulsen a affirmé : « Les efforts accrus dans l’Arctique et l’Atlantique Nord doivent être menés en étroite collaboration avec les îles Féroé et le Groenland afin que les initiatives soient ancrées dans les communautés locales et qu’elles aient un impact positif sur la société civile. »

Les îles Féroé sont un autre territoire danois semi-autonome beaucoup plus petit, situé entre l’Islande et la Norvège.

Le ministre danois de la Défense, Troels Lund Poulsen (C), s’exprime lors d’une conférence de presse au ministère de la Défense à Copenhague, Danemark, le 28 janvier 2025. Ministère danois de la Défense

Le ministère danois de la Défense a publié une déclaration sur son site web, indiquant que « l’un de nos objectifs majeurs dans la mise en œuvre de l’accord sera de nous assurer que les investissements réalisés dans le cadre de l’accord soutiennent les entreprises et les lieux de travail locaux dans les îles Féroé et au Groenland ».

Le paquet défense est la première partie d’un accord en deux volets. Le gouvernement danois a déclaré qu’un second accord, axé sur la dissuasion et la défense dans la région, « devrait être conclu au cours du premier semestre 2025 ».

Cependant, il n’a pas spécifié si le Pentagone et le Département d’État américain participeraient aux pourparlers. Cependant, compte tenu des commentaires de Donald Trump, il est probable que ces deux entités soient impliquées dans les discussions.

Le 8 janvier, M. Rasmussen a évoqué la possibilité d’une indépendance future pour le Groenland, tout en minimisant les chances qu’il rejoigne les États-Unis.

M. Rasmussen a déclaré : « Nous reconnaissons pleinement que le Groenland a ses propres ambitions. Si elles se concrétisent, le Groenland deviendra indépendant, mais il est peu probable qu’il ait l’ambition de devenir un État fédéré aux États-Unis. »

Avec Reuters.

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