Tomme du Jura, Mont d’Or, Comté ou Morbier ? Dans l’Ain, les voyageurs amateurs de fromage peuvent se fournir à toute heure, en libre service, grâce aux distributeurs automatiques déployés par un crémier de la région.
« C’est le petit cadeau de dernière minute. Je ne vais pas rater mon train et je vais faire plaisir à ma famille qui adore le Comté », s’enthousiasme Olivier Bagès, un psychologue de 60 ans, rencontré par l’AFP à la gare de Bourg-en Bresse.
C’est Fabien Picard, le patron de la crèmerie « Le fromager », installé dans un village des environs, qui a décidé de se lancer dans le libre-service, « pour le défi », parce qu’il « adore ça ».
« Pour ce type d’aliments et de produits, ça peut surprendre », reconnaît le commerçant de 43 ans qui a fait le pari de compléter ses ventes avec ces distributeurs, comme le font d’autres artisans pour le pain, la viande, les légumes, le lait ou les œufs.
Aujourd’hui, plus de 600.000 automates jalonnent la France dont 70% en entreprises, selon la fédération nationale de vente et services automatiques (Navsa). Ce marché en plein essor représente un chiffre d’affaires de 2,7 milliards d’euros, avec près de 900 distributeurs professionnels.
Sur des points de passage ou touristiques
Après les cannettes de soda et les barres chocolatées, place aux spécialités fromagères : les amateurs peuvent trouver du Camembert ou du Livarol en libre-service dans le Calvados, du Maroilles dans le Nord ou du Beaufort en gare de Moûtiers, en Savoie.
Sur « les points de passage ou touristiques, ça peut valoir le coup », estime le crémier de Montagnat pour qui les machines, au-delà des ventes directes, permettent « d’amener du monde » en boutique grâce à l’affichage de ses coordonnées.
Après une première implantation sur une aire de repos de l’autoroute qui relie les Alpes et la vallée du Rhône, le commerçant a installé en décembre son deuxième appareil dans le hall de la gare de Bourg-en-Bresse où transitent chaque année quelque 1,8 million de voyageurs.
D’un coût de 25.000 euros pièce, les distributeurs d’une taille imposante proposent en vitrine quatre à cinq références de fromages soit une quarantaine de morceaux emballés sous vide et placés dans des casiers réfrigérés – qui neutralise les effluves.
À toute heure, « il suffit d’actionner le carrousel, de sélectionner son fromage, de payer par carte bancaire et de récupérer son achat dans une trappe », explique Fabien Picard qui dénombre « 100 à 200 ventes par machine » par mois.
L’offre séduit, bien que le fromage soit vendu un peu plus cher que dans sa boutique – 7 à 10 euros le morceau, 26 euros le kg pour du Comté 16 mois. Fabien Picard remplit ses distributeurs « au moins une fois par jour », sur alerte d’une application mobile connectée aux machines qui le prévient quand les vitrines sont vides.
En partenariat avec la SNCF
« C’est une bonne idée » pour la proximité du service, estime Kosso Abdraman, un étudiant de 25 ans, à la fois « surpris » par l’automate et tenté par une tranche de Tomme du Jura. « Il faut soutenir les agriculteurs et les gens qui font des choses locales et bio ».
La machine a été installée dans le cadre d’un programme déployée par la SNCF depuis 2019 dans ses 3000 gares pour « redynamiser les territoires » avec toute une gamme de services (maisons de santé, micro-crèches, réparation de vélo, guinguettes, etc).
Sélectionnés sur appel d’offres, les projets locaux comme celui de Fabien Picard peuvent disposer « des surfaces disponibles en gare et la garantie d’un fort passage », explique la direction SNCF Gares & Connexions de la région. Ce déploiement en gare répond aussi « à la disparition des commerces de proximité dans les milieux ruraux », selon Aude Miehé, chargée de mission à la Chambre d’Agriculture Auvergne-Rhône-Alpes.
Après son troisième distributeur, en cours d’installation dans une zone commerciale de la périphérie de Bourg-en-Bresse, Fabien Picard rêve d’en placer un à l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry, fort de 10 millions de passagers en 2023.
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