Le Ghana, petit pays d’Afrique de l’Ouest, est devenu un pays clé dans le trafic de pangolins, classés sur la liste rouge des espèces menacées d’extinction. Pour les défenseurs de l’environnement, les autorités doivent réformer leur législation contre le braconnage.
L’année dernière le petit fourmilier d’Afrique et d’Asie du sud-est est devenu le mammifère le plus braconné au monde. En 2017, plus de 31.000 kilos de pangolin ont été saisis à travers le monde, selon le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
En mai et juin dernier, deux cargaisons de 700 kilos ont été interceptées en Malaisie, toutes deux provenant du Ghana. Les autres pays d’exportations sont l’Ouganda, le Cameroun et la Côte d’Ivoire, pays frontalier du Ghana.
Ce trafic illégal à grande échelle répond à la forte demande en Asie où les écailles de pangolins sont utilisées pour la médecine traditionnelle.
Mais pour Mark Hofberg de l’IFAW, l’accélération des saisies est aussi le signe que les autorités, à chaque échelon du trafic, commencent à prendre les choses au sérieux.
Trois personnes ont été arrêtées au Ghana après la récente saisie douanière en Malaisie et sont dans l’attente de leur procès. C’est souvent là que le bât blesse: la grande majorité des pays concernés manquent d’un appareil législatif pour juguler ce trafic.
« Si l’on veut que le braconnage diminue de manière drastique, il faut des punitions et des condamnations à la hauteur », explique Mark Hofberg à l’AFP. « Cela viendrait appuyer les efforts réalisés au niveau des douanes ».
Un constat que partage Nana Kofi Adu-Nsiah, qui dirige la Commission ghanéenne pour la faune. Il explique que la législation, dans le pays, date des années 1960, et tente de faire pression sur le parlement pour mettre place un appareil légal en accord avec les standards internationaux dans la lutte contre les crimes environnementaux.
Il faut changer les mentalités
Car en plus d’être un port de transit, le Ghana est également un pays où les braconniers peuvent trouver facilement le fourmilier. Le long des routes, on vend ainsi des pangolins vivants, tenus par la queue, la tête en bas.
Les animaux, dont le prix varie selon leur taille (ils peuvent faire de 30 cm à un mètre), se vendent en moyenne 200 cedi (une quarantaine d’euros).
Leur nature même fait de ces petits mammifères, très dociles et peureux, des proies rêvées.
« Dès que vous les toucher, ils se roulent en boule et les braconniers n’ont plus qu’à les ramasser », raconte M. Adu-Nsiah. « Ils ne sont pas du genre à s’enfuir vite ou à se défendre pour se protéger ».
« Ils font vraiment de la peine, c’est une espèce très attachante », renchérit Daniel Konzin, étudiant à l’Université de Cape Coast qui mène un projet de recherche sur l’animal dans le parc national de Kakum, à 5 heures de route de la capitale Accra.
Le projet sponsorisé par l’institut Earthwatch, vise à étudier l’interaction des populations locales avec le fourmilier. Dans les campagnes reculées du Ghana, on consomme également le pangolin pour sa viande, et ses écailles pour en faire des épices.
« Nous essayons d’expliquer aux communautés l’importance de la conservation de la nature. Il faut changer les mentalités », tranche le chercheur. « Au moins, l’espèce ne sera pas totalement éteinte au Ghana ».
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