Immédiatement après les attaques terroristes du 13 novembre qui ont frappé la ville de Paris, le régime chinois a interpellé la communauté internationale en réclamant le soutien à son « combat contre le terrorisme ». La cible du régime chinois n’est autre que la minorité ouïghoure du Xinjiang, également connue sous le nom de Turkestan oriental.
Pour des raisons commerciales, Pékin a intensifié sa répression dans la région. Sa nouvelle « ceinture économique de la Route de la soie » en construction doit la relier à l’Europe, en passant par le Xinjiang.
Après les attentats de Paris, l’agence officielle chinoise Xinhua rapportait les propos du diplomate chinois Wang Yi : « La Chine aussi est victime du terrorisme » et « Combattre les forces terroristes du “Turkestan oriental” devrait devenir une partie importante de la lutte contre le terrorisme international. »
Si ses déclarations sont passées largement inaperçues dans les milieux politiques, où les mauvais traitements du Parti communiste chinois (PCC) contre les Ouïghours sont généralement connus, certains médias se sont laissé embarquer dans le courant de propagande qui a suivi.
Le TIME en est la parfaite illustration. Le magazine titrait Les hommes et les femmes de l’ombre dans la guerre “antiterroriste” chinoise. L’étrange article précisait qu’après les attentats de Paris, des membres des forces spéciales du PCC avaient pris contact avec le TIME avant de commencer à partager sur les médias sociaux « leurs propres batailles ».
Le média survole la plupart des « attaques terroristes » douteuses survenues en Chine. Si l’article met en exergue quelques incertitudes autour de certains des incidents, il garde le fond d’un article de propagande qui justifie les violations des droits de la personne.
L’article partage les mêmes éléments d’informations que Xinhua, affirmant que la police du Xinjiang avait arrêté un groupe de 28 terroristes présumés, accusés d’avoir tué 11 personnes dans une mine de charbon. Tout l’article du TIME semble être un élément d’une plus grande campagne de propagande, saupoudré de glamour avec des soldats chinois « antiterroristes », posant avec les forces de police.
Le TIME poursuit dans la même veine des nombreuses citations à consonance héroïque des agents de la féroce répression du PCC dans le Xinjiang. Comme le récit que ce membre autoproclamé de la police « antiterroriste » chinoise a écrit sur les réseaux sociaux, disant qu’il combattait « les extrémistes et séparatistes religieux qui essayaient d’opposer les Ouïghours au peuple Han ».
Il prétend également que « certaines forces étrangères, telles que les fondations turques et américaines pour la démocratie, soutiendraient les extrémistes et les séparatistes ». Si en surface l’information semble plausible, avec un peu de recherche, on découvre l’envers de ces déclarations.
Le PCC utilise l’expression les « trois maux » ou « trois plaies » pour parler de l’extrémisme, du séparatisme et du terrorisme. Alors que la lutte contre le terrorisme peut pour nous – les Occidentaux – sembler aller de soi, ses connotations en Chine sont très différentes. Le point focal de la campagne antiterroriste du PCC n’est pas la lutte contre le terrorisme. Il s’agit plutôt de prévenir l’implantation des éléments terroristes dans la région du Xinjiang.
Cette approche des « trois plaies » permet de taxer tout désir d’indépendance culturelle de « séparatisme » et toute forme de résistance « d’extrémisme » ou de « terrorisme ». Les dirigeants occidentaux ont largement refusé de voir des attaques terroristes dans les incidents impliquant des Ouïghours.
Selon le rapport annuel 2015 de la Commission d’étude de la U.S.-China Economic and Security Review Commission, la campagne du PCC contre les « trois maux » s’est « traduite dans un appareil de sécurité écrasant et a conduit à l’adoption d’une approche répressive de l’islam dans le Xinjiang ».
« Tout comme au Tibet, de nombreux habitants du Xinjiang ne s’identifient pas culturellement ou politiquement à la Chine, et certains groupes ouïghours militent pour une plus grande autonomie, voire l’indépendance totale du Xinjiang », poursuit le document, ajoutant que le PCC « considère l’existence de ces groupes comme une menace à la souveraineté et à la sécurité de la nation chinoise ».
Devant cette situation, le PCC a choisi la solution de l’intégration politique. Mais comme l’indique le rapport, « dans le Xinjiang, les politiques chinoises d’intégration sont souvent violemment répressives, aliénantes pour les Ouïghours et génératrices de tensions ethniques ».
La région du Xinjiang compte quelque 21,8 millions de personnes, issues de 13 groupes ethniques principaux, selon le document. Environ 46 % de cette population est ouïghoure et l’islam sunnite est la religion principale.
L’organisation humanitaire Human Rights Watch révèle que, dans le Xinjiang, le PCC a eu recours « à un système à plusieurs niveaux de surveillance et de contrôle pour assurer la répression de l’activité religieuse des Ouïghours ».
« Lors des phases extrêmes, les militants pacifiques qui pratiquent leur religion d’une manière jugée inacceptable par les autorités ou les fonctionnaires du PCC sont arrêtés, torturés et parfois exécutés. » Et d’ajouter que, même au niveau normal de fonctionnement du système de surveillance, « de nombreux Ouïghours sont victimes de harcèlement dans leur vie quotidienne ».
Le document précise que « le gouvernement chinois a mis en place des contrôles institutionnalisés pour la nomination des clercs, la version du Coran autorisée, les lieux de rassemblements religieux permis ainsi que le contenu des prêches ».
Dernièrement, le gouvernement est allé jusqu’à interdire le port de la barbe longue et du voile islamique. Il a également défendu aux musulmans de célébrer le ramadan, avant d’organiser une fête de la bière dans une ville musulmane – sachant que les musulmans ont l’interdiction formelle de toucher à l’alcool.
La dure répression du PCC qui frappe la région a également généré plusieurs manifestations et émeutes. La plus mémorable était celle d’Urumqi, la capitale du Xinjiang, en 2009. La police chinoise a répondu aux émeutes avec des tirs à balles réelles. D’après les sources du PCC, 197 personnes auraient été tuées. Pour le Congrès mondial ouïghour, le nombre de victimes s’élèverait en réalité à près de 600 tués.
En 2013 et 2014, des émeutes similaires avaient éclaté. Le rapport du Congrès relate que « la Chine qualifie systématiquement ce type d’incidents d’actes de terrorisme. Certains incidents en sont sans doute mais, dans de nombreux cas, il est pratiquement impossible pour des étrangers d’évaluer la véracité des allégations du gouvernement chinois lorsqu’il parle d’incidents “terroristes”, exagérant probablement la menace des “trois plaies” pour justifier sa répression ».
Le rapport cite Andrew Small, du German Marshall Fund aux États-Unis. Ce dernier présente son analyse sur le « terrorisme » dans le Xinjiang.
D’après M. Small, le PCC a « tendance à attribuer le moindre acte de violence dans le Xinjiang aux “séparatistes”. Ainsi, même derrière les protestations les plus pacifiques, Pékin parvient toujours à trouver des raisons malveillantes et à légitimer sa criminalisation des groupes politiques ».
Ce qui a pour effet de « brouiller de manière permanente la ligne de démarcation entre les terroristes, les militants et les citoyens lésés ».
Version anglaise : CHINA SECURITY: China Uses Paris Attacks to Promote Persecution of Uyghurs
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