Le gouvernement syrien par intérim exige le désarmement des factions, sous peine d’être exclues des pourparlers sur l’avenir de la Syrie

Les factions kurdes restent méfiantes à l'égard du nouveau gouvernement transitoire de facto à Damas, après près de 14 ans de guerre en Syrie

Par Ryan Morgan
16 février 2025 07:01 Mis à jour: 16 février 2025 17:28

Le nouveau gouvernement de facto en place à Damas a averti que les factions armées refusant de déposer les armes seraient exclues des futurs dialogues nationaux sur l’avenir du pays.

Cette semaine, le gouvernement intérimaire autoproclamé de Syrie, basé à Damas, a annoncé la formation d’un comité préparatoire de sept membres, en vue d’une prochaine conférence de dialogue national.

Dans l’une de ses premières déclarations depuis sa création le 13 février, le porte-parole du comité préparatoire, Hassan al-Dughaim, a mis en garde contre le fait que des groupes tels que les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par les États-Unis et majoritairement kurdes, devraient céder leur pouvoir militaire au nouveau gouvernement de Damas s’ils souhaitent être associés aux discussions sur une nouvelle constitution.

« Quiconque ne dépose pas les armes, ne s’intègre pas et ne transfère pas la responsabilité à la direction du ministère de la Défense au sein du gouvernement syrien n’aura pas sa place », a déclaré Hassan al-Dughaim.

Cet appel aux groupes tels que les FDS à désarmer et à confier le pouvoir militaire au nouveau gouvernement intervient après quatorze années de guerre civile multilatérale, durant lesquelles des factions rivales se sont affrontées contre l’ancien dirigeant syrien Bachar al-Assad, mais aussi entre elles. Les violences sectaires persistent, comme en témoignent les nombreux rapports publiés au cours des deux mois écoulés depuis la fuite de Bachar al-Assad.

Le nouveau gouvernement intérimaire de Damas est issu en grande partie de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), une faction islamiste sunnite désignée comme organisation terroriste par le gouvernement américain. HTS est lui-même issu de Jabhat al-Nosra, la branche syrienne d’al-Qaïda.

Malgré l’héritage fondamentaliste sunnite du HTS, son chef, Ahmad al-Sharaa, s’efforce de présenter un modèle de gouvernance plus modéré à Damas, susceptible de satisfaire les diverses communautés ethniques et religieuses de Syrie. Cependant, la période post-Assad reste marquée par des violences sectaires et des représailles meurtrières.

Alors que HTS consolide son pouvoir à Damas, les Forces démocratiques syriennes et d’autres factions à majorité kurde se heurtent aux forces soutenues par la Turquie dans l’est du pays. La Turquie, alliée des États-Unis au sein de l’OTAN, considère le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme une organisation terroriste et affirme que des éléments clés des FDS entretiennent des liens étroits avec le PKK. Les États-Unis, qui qualifient également le PKK de groupe terroriste, cherchent toutefois à distinguer certains éléments kurdes des FDS d’autres acteurs jugés plus problématiques.

Le nouveau gouvernement intérimaire syrien a proposé d’intégrer les FDS à ses structures, mais a rejeté la demande du groupe majoritairement kurde de conserver un statut militaire distinct dans le cadre de la réorganisation des forces armées syriennes.

Hassan al-Dughaim a précisé que les prochains dialogues nationaux avaient pour vocation d’être une « opportunité d’échange d’opinions, et non une démonstration de force et de puissance ».

Le comité préparatoire en charge de la conférence de dialogue national syrienne réunit Hassan al-Dughaim, chercheur en affaires islamiques ; Mohammed Mastet, ancien responsable du gouvernement affilié au HTS dans le nord-ouest de la Syrie ; Mustafa al-Moussa, qui a également exercé des fonctions au sein de l’administration liée au HTS dans cette région ; Youssef al-Hijr, ancien chef politique du HTS ; Hind Kabawat, chrétienne engagée dans l’opposition à Bachar al-Assad et militante en faveur du dialogue interconfessionnel et de l’émancipation des femmes ; ainsi que Houda Atassi, cofondatrice de l’organisation International Humanitarian Relief.

Le Conseil démocratique syrien (CDS), aile politique des FDS, a accusé le nouveau gouvernement de Damas d’exclure des perspectives essentielles. Dans un communiqué daté du 15 février, le CDS a déclaré : « Nous insistons sur la participation de tous à chaque étape, chaque instance et chaque exigence du processus de transition. »

Avec Reuters

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