Jusqu’alors vendus librement, les produits à base d’hexahydrocannabinol (HHC), une molécule dérivée du cannabis, seront interdits dès mardi en France, les autorités sanitaires estimant qu’ils présentent « un risque d’abus et de dépendance équivalent » à celui d’un stupéfiant.
L’interdiction annoncée lundi par l’ANSM concerne le (HHC) et deux de ses dérivés, le HHC-acétate (HHCO) et l’hexahydroxycannabiphorol (HHCP). Elle fait suite à des travaux ayant montré que le HHC « présente un risque d’abus et de dépendance équivalent à celui du cannabis ». « Leur production, leur vente et leur usage, notamment, sont interdits en France » à partir de mardi.
Dans un tweet, le ministre de la Santé François Braun s’est félicité de la mobilisation de son ministère « pour protéger la santé des Français et lutter contre les addictions ».
Derrière l’acronyme HHC, se cache l’hexahydrocannabinol, un dérivé semi-synthétique du cannabis. La molécule a été découverte dans les années 1940 par un scientifique américain travaillant sur les cannabinoïdes. Apparu sur le marché de la drogue aux États-Unis fin 2021, le HHC a été repéré pour la première fois en Europe en mai 2022, lors d’une saisie douanière, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA). Huit mois plus tard, il avait été identifié dans plus de 70% des pays membres de l’UE.
« Un marketing sans équivalent »
Dans les produits actuels, « tout laisse à penser que le HHC est en grande partie synthétisé à partir du chanvre permettant de produire du cannabidiol, et transformé ensuite, grâce à différentes substances, en HHC », a expliqué à l’AFP Joëlle Micallef, présidente du réseau français d’addictovigilance et pharmacologue hospitalière à Marseille.
Les autorités sanitaires de différents pays – Europe et États-Unis – constatent que cette molécule est de plus en plus commercialisée sur internet ou dans des boutiques physiques vendant du CBD. « D’ordinaire, les drogues de synthèse s’achètent sur internet ou dans la rue, le HHC peut s’obtenir en plus et massivement dans des boutiques de CBD, souvent associées à des images de produits sans risque », selon la pharmacologue.
Et les déclinaisons du HHC sont multiples : fleurs de cannabis, sur lesquelles il a été vaporisé, e-liquides pour les cigarettes électroniques, confiseries aromatisées… « Un marketing sans équivalent pour toucher des publics différents : le fumeur de cannabis va rechercher la forme d’herbe ou de résine, les jeunes vont être plus attirés par l’aspect bonbon ou vapotage, etc », observe Joëlle Micallef.
« Potentiels risques sanitaires et sociaux »
L’essor du HHC, phénomène « émergent », représente de « potentiels risques sanitaires et sociaux », a alerté l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA) dans un rapport mi-avril. Ses effets sur l’humain sont mal connus, mais les addictologues les jugent proches, voire supérieurs, à ceux du tétrahydrocannabinol (THC), la substance au cœur des effets psychoactifs du cannabis.
Des études précliniques (sur des modèles cellulaires ou animaux) ont montré qu’avec une concentration moindre, le HHC provoquait davantage d’effets que le THC, mais aucune étude clinique n’a été effectuée. « Des usagers prennent une substance jamais évaluée chez l’Homme, et, selon la fabrication, le dosage peut varier et les effets avec. On ignore aussi si le HHC, une fois dans l’organisme humain, se transforme en une autre molécule plus dangereuse », a noté Joëlle Micallef.
En France, « au moins une trentaine de cas » passés par les urgences après absorption de HHC ont été recensés par le réseau d’addictovigilance. Or, « en addictovigilance, un cas détecté veut dire qu’il y en a 100 en réalité », certains passant sous les radars. Malaises, nausées, tachycardie, vomissements… ces personnes ont eu des manifestations négatives « rapidement après la prise du produit ». Sur les réseaux sociaux, certains consommateurs de HHC ont, eux, raconté s’être sentis « comme un zombie » avec cette « défonce légale ».
En Europe, des pays ont récemment interdit la vente de HHC comme l’Autriche, la Belgique, le Danemark et le Royaume-Uni. Jusqu’alors, en France, il n’y avait pas d’interdiction de vente ou de consommation, contrairement au cannabis.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.