Depuis le début du déversement programmé des eaux usées traitées de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, le 24 août, les autorités du Parti communiste chinois (PCC) ont imposé une interdiction générale sur les importations de fruits de mer japonais en Chine.
Cette action a déclenché une tempête de protestations sur diverses plateformes contre le déversement de l’eau, où les médias et les commentateurs sociaux chinois ont largement condamné le Japon. La situation est encore aggravée par un sentiment antijaponais accru, exprimé par des appels téléphoniques hostiles adressés à des localités japonaises comme Tokyo et Fukushima.
Dans une réponse unifiée, les diplomates, les hommes politiques et les médias japonais expriment massivement leurs préoccupations. Leur message collectif exhorte la Chine à fournir des informations exactes sur ces rejets, à poursuivre les responsables du harcèlement et à lever immédiatement ce que le Japon considère comme une interdiction « déraisonnable » des produits de la mer japonais.
La Chine « creuse sa propre tombe diplomatique », avertit le Japon
L’ambassade du Japon à Pékin a fait savoir que depuis le début du déversement des eaux traitées, le harcèlement à l’égard des japonais s’est intensifié. Des activités prévues à l’ambassade ont été reportées en raison d’un déluge d’appels téléphoniques hostiles en provenance de Chine.
Le 26 août, la chaîne de télévision Asahi a rapporté que des hôtels de Tokyo et de Fukushima avaient également reçu des appels hostiles en provenance de Chine. Des questions troublantes ont été posées par les auteurs de ces appels, comme « Avez-vous goûté l’eau contaminée ? Quel est son goût ? Êtes-vous encore en vie ? » Certains sont même allés jusqu’à dire : « Nous attendons avec impatience l’éruption du mont Fuji pour que vous périssiez tous avec elle. »
Les ressortissants japonais résidant en Chine ont également fait l’objet d’intimidations. Ainsi, un client d’un restaurant japonais de Guangzhou a menacé de dénoncer l’établissement aux autorités s’il utilisait des ingrédients provenant du Japon.
Sur le plan diplomatique, Namazu Hiroyuki, directeur général du bureau des affaires asiatiques et océaniennes du ministère japonais des Affaires étrangères, a transmis la plainte officielle du Japon à Yang Yu, ambassadeur adjoint de Chine au Japon. Lors d’un appel téléphonique, M. Hiroyuki a exprimé son « profond regret et sa préoccupation » face aux actions menées par la Chine concernant le rejet des eaux usées traitées de Fukushima. Il a lancé un appel au calme en Chine et a demandé des garanties quant à la sécurité des citoyens japonais et des locaux diplomatiques. M. Hiroyuki a également insisté pour que le gouvernement chinois diffuse des informations factuelles concernant les eaux nucléaires traitées.
Kunihiko Miyake, commentateur diplomatique et membre du secrétariat du cabinet japonais, a fait remarquer lors d’une émission télévisée que le PCC semblait chercher à obtenir des « concessions politiques » du Japon. M. Miyake a averti : « Plus la Chine agira de la sorte, plus le Japon renforcera ses alliances avec les États-Unis et la Corée du Sud, ce qui est précisément le résultat inverse de ce que souhaite la Chine. Bien qu’il sache qu’il est en train de creuser sa propre tombe diplomatique, le PCC poursuit sa rhétorique agressive ».
Koichi Hagiuda, directeur du Conseil de recherche politique du Parti libéral démocrate du Japon, a vivement critiqué la situation en déclarant : « La décision d’interrompre les importations de produits de la mer japonais devrait être fondée sur des preuves scientifiques, et non sur des manœuvres politiques ».
Le 27 août, Yasutoshi Nishimura, ministre japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, a souligné l’importance de la transparence dans une interview accordée à NHK. « Nous avons déjà publié les données des deux derniers jours, qui révèlent des niveaux de tritium inférieurs aux limites détectables, » a-t-il indiqué. Le Japon, a-t-il ajouté, « demande instamment au PCC de lever immédiatement l’interdiction et d’agir selon des preuves scientifiques ».
Les médias japonais critiquent l’approche infondée de Pékin
Le 26 août, le grand journal japonais Yomiuri Shimbun a publié un éditorial accusant le PCC « d’ignorer la science et d’exercer une pression politique sur le Japon ». L’article affirme que les efforts du PCC pour semer la discorde au Japon résultent des liens plus étroits entre le Japon et les États-Unis sur des questions telles que Taïwan et le contrôle des exportations de semi-conducteurs.
« La Chine n’est pas en phase avec la communauté internationale. Même l’Union européenne, et des pays comme la Norvège et la Suisse, ont commencé à lever leurs interdictions d’importer des produits alimentaires japonais, » note l’éditorial.
La grande publication Asahi Shimbun est également intervenue le 26 août, reprochant au PCC de proférer des « menaces injustifiées » et d’« utiliser son marché comme arme pour exercer une pression économique ». L’éditorial met en garde contre le fait que de telles tactiques pourraient mettre en péril la sécurité économique de la Chine et devenir un sujet de discussion majeur lors du prochain sommet du G7.
Le Sankei Shimbun s’est joint au concert de critiques, appelant le PCC à « cesser ses actions scientifiquement infondées ». Le journal a félicité le Premier ministre Fumio Kishida d’avoir exigé la levée immédiate de l’interdiction. Il a également souligné les risques que « la position contradictoire adoptée par la Chine favorise en propageant des rumeurs non-scientifiques ».
De même, l’éditorial du Mainichi Shimbun du même jour a critiqué l’interdiction comme étant une violation des règles commerciales qui n’est pas fondée sur des preuves scientifiques. Le journal a également critiqué le refus chinois de participer à des discussions entre experts, suggérant que ce refus était motivé par des raisons diplomatiques relatives aux exportations de semi-conducteurs et à la situation de Taïwan.
« Pour contraindre la Chine à revenir sur son interdiction, le Premier ministre Kishida doit intensifier ses efforts diplomatiques, » conclut l’éditorial.
Les protocoles scientifiques rigoureux du Japon garantissent des rejets d’eau sûrs
À la suite d’un tremblement de terre dévastateur de magnitude 9 et du tsunami qui s’en est suivi en mars 2011, le Japon a été confronté à un défi sans précédent dans sa centrale nucléaire de Fukushima. Trois réacteurs ont été gravement endommagés, nécessitant une infusion d’eau de mer pour les refroidir. Plutôt que de rejeter immédiatement l’eau contaminée dans l’océan, le Japon a choisi une approche plus responsable : le stockage et le traitement.
Au fil des années, près de 1,34 million de tonnes de liquide radioactif se sont accumulées, mettant à rude épreuve l’espace de stockage disponible. Conscient de ce défi, le gouvernement japonais a entamé des discussions en 2016 et a finalement décidé, en avril 2021, de rejeter l’eau après dilution.
Pour renforcer la confiance nationale et internationale, le Japon a entrepris une campagne de communication transparente, de validations scientifiques approfondies et de surveillance internationale. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) participe activement à la supervision, à l’audit et à la certification du processus de rejet des eaux.
Une méthodologie en quatre étapes garante de la sécurité
Le traitement et le rejet de l’eau stockée à Fukushima suivent un protocole méticuleux comportant quatre étapes : le traitement, la mesure, la dilution et le rejet. Dans un premier temps, l’eau subit un traitement ALPS (Advanced Liquid Processing System) qui permet de réduire tous les éléments radioactifs, à l’exception du tritium, à des niveaux inférieurs aux normes réglementaires. Ensuite, l’eau est diluée plus de cent fois avec de l’eau de mer pour s’assurer que la concentration de tritium ne dépasse pas 1500 becquerels par litre (Bq/L).
Les normes rigoureuses du Japon font que la limite de radiation réglementée pour le tritium n’est que de 1500 Bq/L, ce qui est nettement inférieur au seuil de 10.000 Bq/L fixé par l’Organisation mondiale de la santé pour l’eau potable.
Après traitement et dilution, l’eau a été rejetée dans la mer par un système de canalisations souterraines installé à un kilomètre de la centrale de Fukushima. Une série de trois tests a été effectuée avant tout déversement. Tout manquement aux objectifs opérationnels a entraîné une purification supplémentaire.
La Tokyo Electric Power Company supervise l’ensemble de l’opération de rejet d’eau, en déployant quatre systèmes de surveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 qui contrôlent les niveaux d’eau et les concentrations de tritium. À ce jour, tous les systèmes fonctionnent conformément aux attentes.
Après le rejet, des échantillons d’eau ont été prélevés en dix points dans un rayon de trois kilomètres autour du rivage afin de contrôler les niveaux de tritium. Si la concentration dépassait 700 Bq/L, l’opération était arrêtée immédiatement.
En outre, les données publiées par le ministère japonais de l’Environnement le 27 août ont montré que tous les sites de test présentaient des concentrations de tritium bien inférieures aux limites détectables, confirmant l’absence d’impact négatif sur la santé humaine ou l’environnement. Ces données sont corroborées par l’Agence japonaise de la pêche, qui a révélé qu’aucun niveau détectable de tritium n’a été trouvé parmi les poissons pêchés près de la centrale de Fukushima Daiichi.
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