Le leader chinois Xi Jinping purge son entourage

Par James Gorrie
2 février 2025 12:05 Mis à jour: 2 février 2025 12:05

À l’heure où vous lisez ces lignes, Xi Jinping, le chef du Parti communiste chinois (PCC), est en train de purger les membres de son cercle rapproché. En réalité, le nombre de purges en Chine n’a jamais été aussi élevé depuis quarante ans.

Que se passe-t-il ?

Une purge au plus haut niveau

Plusieurs explications plausibles peuvent être avancées pour ces purges, selon les sources. Officiellement, elles sont justifiées par la lutte anticorruption, notamment par la répression des « infractions à la discipline ». Cependant, compte tenu de l’omniprésence de la corruption dans l’économie et la société chinoises — l’élite militaire et politique étant parmi ses plus grands bénéficiaires, y compris Xi Jinping lui-même — cette justification semble relever davantage du discours de circonstance.

Xi Jinping ne se limite pas à purger les chefs militaires de rang inférieur ou intermédiaire ; il cible également l’élite politique et militaire chinoise, y compris les hauts responsables de la marine de l’Armée populaire de libération (APL) et des forces de fusées de l’APL. En novembre dernier, par exemple, il a démis de ses fonctions l’amiral Miao Hua, un allié de longue date en qui il avait confiance depuis des décennies. M. Miao avait été nommé au sein de la Commission militaire centrale (CMC) pour renforcer la loyauté au sein de l’APL et superviser les promotions des officiers supérieurs.

Mais M. Miao n’est pas la seule victime de cette vague de purges. Au second semestre de 2024, Xi Jinping a limogé plus d’une douzaine de hauts fonctionnaires de la défense, dont deux qu’il avait nommés à la CMC.

De quoi a-t-il peur ?

Pouvoir, paranoïa et le fantôme de Mao

L’histoire montre que dans le cadre des dictatures d’un seul homme, les purges sont courantes et permettent d’éliminer les rivaux politiques. Josef Staline en Union soviétique et Mao Zedong en Chine l’ont fait lorsqu’ils étaient au pouvoir, tout comme Xi Jinping, dont l’ascension à la tête du PCC en 2012 a été en partie rendue possible grâce à l’élimination de ses rivaux politiques à travers des purges anticorruption.

Depuis lors, les purges de Xi Jinping se sont poursuivies, touchant parfois uniquement les niveaux inférieurs, mais à d’autres moments, comme aujourd’hui, elles s’étendent aux plus hauts niveaux. De plus, grâce aux avancées technologiques et à la surveillance numérique, Xi Jinping a consolidé son pouvoir à un niveau qui dépasse même celui de Mao au zénith de son règne.

Mais pourquoi Xi Jinping purge-t-il à présent ses alliés militaires et politiques les plus proches ?

Est-il confronté à des défis évidents concernant la direction de son parti ? Son âge avancé et l’affaiblissement de ses capacités physiques et mentales le poussent-ils à douter de la loyauté de ses conseillers ? Peut-être.

Xi Jinping craint-il que ses généraux aient constitué leur propre cadre d’officiers loyaux qui, en cas de besoin, pourraient être utilisés pour le renverser ? Ou est-ce simplement un cas de paranoïa, inévitable dans le pouvoirs totalitaires?

Les deux explications peuvent être valables. Comme le disait l’ancien secrétaire d’État américain Henry Kissinger : « Même les paranoïaques ont des ennemis. »

Sur le plan intérieur, Xi Jinping jouit d’une faible popularité, en particulier auprès de la génération Z, plus de 20 % d’entre eux étant au chômage. Il reste flou de savoir en quoi les purges anticorruption aideront à réduire le chômage. Peut-être faut-il y voir un moyen de donner l’impression que le gouvernement travaille à améliorer l’économie, comme lors de la campagne « prospérité commune », qui n’a pas répondu aux attentes du PCC.

Un vote de défiance pour les militaires ?

Il est également possible que Xi Jinping doute de la fiabilité et de la loyauté de ses chefs militaires. Suivront-ils ses ordres dans le cas d’un conflit direct avec d’autres nations ? Sont-ils suffisamment compétents pour affronter les États-Unis et le Japon ?

Dans cette optique, les purges pourraient avoir pour objectif de remplacer des chefs militaires hésitants par d’autres, jugés plus aptes à « mener et gagner des guerres », notamment dans le cadre d’une invasion de Taïwan.

Mais les purges militaires ne risquent-elles pas d’affaiblir la capacité de guerre de la Chine ? Les avis sont partagés. Les purges concernent surtout les niveaux de commandement les plus élevés et non les niveaux opérationnels, ce qui pourrait avoir un impact limité sur les capacités de combat de la Chine. Toutefois, cela reste à vérifier.

Préparation à la guerre ?

Enfin, les raisons de ces purges pourraient être multiples et reliées aux éléments susmentionnés. Un risque de perte de loyauté pourrait peser sur Xi Jinping. Ce ne serait pas la première fois que des chefs militaires tentent de renverser un dirigeant. Si certains des principaux chefs militaires de Xi Jinping nourrissent des doutes à son égard ou s’opposent à ses intentions de guerre, ils pourraient avoir déjà pris des mesures pour l’écarter du pouvoir.

La corruption systémique au sein de la chaîne d’approvisionnement militaro-industrielle représente également une menace opérationnelle. La purge actuelle cible en particulier la force des fusées de l’APL, la branche militaire d’élite de la Chine, qui joue un rôle clé dans la force nucléaire stratégique de Xi Jinping et dans la sécurité nationale chinoise. En fait, cinq des neuf fonctionnaires de l’APL qui ont été démis de leurs fonctions, dont le général Li Yuchao, étaient liés à la Force des fusées.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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