Le mariage tumultueux de Napoléon et Joséphine

Par Gerry Bowler
8 mars 2025 15:13 Mis à jour: 8 mars 2025 17:25

Le 9 mars 1796 au soir, une jeune mariée vêtue d’une robe blanche ceinturée d’une écharpe tricolore attendait, entourée de témoins, dans un bureau gouvernemental parisien. Mais l’époux se faisait attendre. À 22 heures, excédé, le maire quitta les lieux, laissant la cérémonie aux mains d’un adjoint sans autorisation légale pour célébrer des mariages.

Lorsque le futur mari se présenta enfin, lui et sa promise, une femme plus âgée et mère de deux enfants issus d’une précédente union, modifièrent leur date de naissance sur l’acte officiel pour atténuer l’embarrassant écart d’âge. À minuit sonnant, Napoléon Bonaparte et Marie, Josèphe, Rose étaient unis.

Nés tous deux dans des îles françaises – lui en Corse, dans une famille de petite noblesse, elle en Martinique, fille d’un planteur ruiné – leurs parcours furent marqués par l’adversité. Rose, comme on l’appelait avant que Napoléon ne la rebaptise Joséphine, avait été mariée à 16 ans à Alexandre, vicomte de Beauharnais. Ce mariage malheureux la confronta à l’indifférence et aux infidélités de son époux, qui refusait de la présenter à la cour. Officier pendant la Révolution française, Alexandre périt sous la guillotine en 1794, victime de la Terreur, qui emprisonna également Joséphine dans une cellule maculée du sang de prêtres exécutés. Son salut vint avec la chute de Robespierre.

Devenue veuve, Joséphine devait cependant composer avec une situation délicate : une passion pour le luxe et une rente insuffisante. Sa solution fut de se rapprocher des puissants. En 1795, elle était la maîtresse de Paul Barras, figure influente du Directoire, ainsi que du général Lazare Hoche. Mais Barras se lassait de son extravagance et Hoche refusait de quitter son épouse. Son regard se porta alors sur un jeune officier d’artillerie, dont la carrière devait beaucoup à Barras.

Josephine at the Chateau de Malmaison in 1801, by François Gérard. (Public Domain)
Joséphine au Château de Malmaison en 1801, par François Gérard. (Domaine public)

À l’automne 1795, Bonaparte était un militaire prometteur mais un mondain maladroit, mal habillé, peu à l’aise avec les femmes et fraîchement séparé. Pour Joséphine, dont la beauté déclinait et les dettes s’accumulaient, il représentait une opportunité. Son affection pour lui était tiède, bien inférieure à l’ardeur que lui témoignait Napoléon, mais l’urgence dictait ses choix. De son côté, le jeune général voyait en elle un atout social et politique, en plus d’une amante passionnée. « Je me réveille plein de toi », lui écrivait-il. « L’image de l’enivrante soirée d’hier n’a laissé aucun repos à mes sens. »

Napoléon, absorbé par ses préparatifs militaires, arriva en retard à son mariage. Deux jours après la cérémonie, il chevauchait déjà vers l’Italie, où il allait transformer une armée française en déroute en une machine de guerre victorieuse. Pendant ce temps, Joséphine, lasse de son absence, entama une liaison avec un hussard séduisant et continua d’alourdir ses factures.

Bien que blessé par son infidélité, Bonaparte refusa de divorcer. Il en tira toutefois une leçon : désormais, il ne se considérait plus tenu à la fidélité conjugale. Lorsqu’il fut envoyé à la conquête de l’Égypte en 1798, il y séduisit l’épouse d’un officier, tandis qu’à Paris, Joséphine menait une autre liaison scandaleuse.

Revenant d’Égypte en 1799, Napoléon s’empara du pouvoir par un coup d’État et devint Premier Consul. Joséphine, fidèle à son goût du faste, sut éviter tout nouveau scandale et s’imposa comme une figure de l’élégance et des arts, recevant l’élite parisienne pour le compte de son époux. En 1804, lorsqu’il se couronna empereur, il plaça une couronne sur la tête de Joséphine.

Elle demeura impératrice pendant six ans, mais son incapacité à donner un héritier à Napoléon scella leur séparation. En 1810, il obtint l’annulation de leur mariage pour épouser une princesse autrichienne, Marie-Louise. Retirée à la Malmaison, Joséphine s’y éteignit en 1814, tandis que son ancien époux vivait son premier exil sur l’île d’Elbe.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.