Le meilleur de Bach : dix grandes compositions baroques

Bien qu'il ne se limite pas à ces 10 compositions, l'héritage musical considérable du compositeur allemand s'est fait entendre sur plusieurs générations

Par Andrew Benson Brown
17 avril 2025 16:58 Mis à jour: 17 avril 2025 16:58

« En cas de doute, cite Donald Jay Grout », disait ma mère. Elle faisait référence à l’ouvrage de Donald Jay Grout intitulé A History of Western Music. Publié pour la première fois par W.W. Norton en 1960, il a connu dix éditions et est considéré comme l’ouvrage définitif en un seul volume sur le sujet.

Donald Jay Grout fait figure de référence parmi les historiens de la musique et, dans la huitième édition, nous trouvons cette déclaration : « La postérité a élevé Jean-Sébastien Bach (1685-1750) au sommet des compositeurs de tous les temps. »

Dans la neuvième édition, les éditeurs ont décidé d’être plus sensibles à la culture : Après « de tous les temps », ils ont ajouté « dans la tradition occidentale ».

La 10e édition de A History of Western Music, co-écrite par Donald Jay Grout

Pinaillage mis à part, nombreux sont ceux qui considèrent Bach comme le plus grand compositeur de tous les temps. Il était également l’un des plus prolifiques. Le Bach-Werke-Verzeichnis, ou catalogue des œuvres de Bach (BWV), lui attribue 1176 pièces musicales (dont les 50 plus récentes n’ont été ajoutées qu’au cours de notre siècle).

Parmi tant d’œuvres, il est difficile de choisir les dix « meilleures ». Mais nous pouvons au moins essayer.

10. Toccata et fugue en ré mineur (BWV 565)

Il s’agit probablement de l’œuvre la plus reconnaissable de toutes celles que Bach a écrites, ce qui est principalement dû à son association avec l’Halloween. La Toccata et fugue en ré mineur met en valeur les talents de virtuose de Bach à l’orgue, l’instrument pour lequel il était le plus célèbre de son vivant. Elle commence par des arpèges rapides dans un style libre, puis passe à une fugue plus structurée où le thème principal est chevauché et répété dans différentes mélodies.

9. Air sur la corde de sol (BWV 1068)

Air, extrait de la Suite orchestrale no 3 de J.S. Bach, manuscrit. (Baroqueviolin/CC BY-SA 4.0)

Cette œuvre est l’une des plus sereines et des plus relaxantes de tout le répertoire classique. La version que la plupart des auditeurs connaissent est l’arrangement d’August Wilhelmj de 1871. À l’origine, dans le deuxième mouvement de la Suite orchestrale no 3 de Bach, le violon joue dans un registre plus aigu. M. Wilhelmj a fait descendre la partie de violon au diapason le plus bas de l’instrument, la corde de sol.

8. Cantate du café (BWV 211)

Le Café Zimmermann à Leipzig. Détail de la gravure de Johann George Schreibe. Ce lieu a joué un rôle important dans la vie de Jean-Sébastien Bach comme lieu de réunion de son Collegium Musicum depuis 1729. (Domaine public)

La Cantate du café de Bach est l’œuvre la plus proche d’un opéra qu’il a écrite. L’intrigue tourne autour de l’inquiétude d’un père face à l’addiction de sa fille à la caféine. Rangée parmi les cantates profanes de Bach, elle se présente comme un amusant commentaire satirique sur l’addiction au café qui était un problème social important à Leipzig et dans toute l’Europe du XVIIIe siècle. Le thème devait donc trouver un écho auprès du public.

Le libretto de Christian Friedrich Henrici (plus connu sous le nom de Picander) est plein d’humour. Le père, Schlendrian, reproche à sa fille Liesgen son obsession :

Mauvaise enfant, fille sauvage !
Oh ! Si seulement je pouvais faire ce que je veux :
me débarrasser du café !

Après avoir assuré à son père qu’elle se dessécherait comme un « morceau de chèvre rôtie » si elle ne pouvait pas boire de café trois fois par jour, elle se met à chanter, proclamant que la boisson est « plus belle que mille baisers ». L’aria est virtuose, incorporant un menuet et une sonate en trio avec une flûte jouant une mélodie indépendante égale à celle de la soprano.

7Suite pour violoncelle no 1 en sol majeur (BWV 1007)

La première des six suites pour violoncelle de Bach est une autre pièce bien reconnaissable. Elle est structurée comme un prélude, suivi d’une séquence de mouvements de danse, démontrant sa maîtrise de la polyphonie. Comme l’Air sur la corde de sol, la composition est sereine, d’une simplicité trompeuse qui dissimule sa complexité.

6. Variations Goldberg (BWV 988)

Le portrait de Bach par Haussmann le représente tenant le manuscrit de la BWV 1076, qui est également le 13e canon des Variations Goldberg. (Domaine public)

Selon Johann Forkel, le premier biographe de Bach, cette œuvre a vu le jour parce que le comte Kaiserling, ambassadeur de Russie en Saxe, passait des nuits blanches. Bach l’a entendu demander à son musicien, Johann Gottlieb Goldberg, de lui jouer des pièces pour clavier « douces et quelque peu enjouées » pour le réconforter. C’est ainsi que sont nées les Variations Goldberg. Cette composition, qui contient 30 variations, compte parmi les œuvres pour clavier les plus importantes de Bach, car elle explore une large gamme d’émotions.

5. La Passion selon saint Matthieu (BWV 244)

Plus de 200 cantates de Bach subsistent aujourd’hui, mais on pense qu’au moins une centaine d’autres ont été perdues. La plus importante d’entre elles, la Passion selon saint Matthieu, témoigne de sa foi luthérienne. Il s’agit d’une œuvre massive pour deux chœurs et deux chorales. Bach a utilisé diverses techniques musicales pour raconter les derniers jours de Jésus, comme des lignes chromatiques descendantes et des changements de tonalité pour représenter le contraste émotionnel aux moments de la crucifixion et de l’enterrement.

4. Concertos brandebourgeois (BWV 1046-1051)

Ses Concertos brandebourgeois représentent le summum de la composition orchestrale baroque. Bach a fait un usage novateur de l’instrumentation dans ces œuvres, en incluant par exemple une trompette dans le deuxième concerto. Il s’agissait d’une démarche inhabituelle pour la musique de chambre à l’époque, et l’on ne sait pas exactement pour quel type de trompette Bach a écrit cette partie. Dans ce deuxième concerto, il crée également un contraste saisissant en plaçant la flûte à bec aux côtés du hautbois et du violon.

3. Messe en si mineur (BWV 232)

L’une des dernières œuvres de Bach, La Messe en si mineur est une riche tapisserie de contrepoint musical et de profondeur spirituelle, compilée à partir de compositions antérieures. Structurée en quatre parties, elle va de l’orchestration festive du Gloria à l’introspection de l’Agnes Dei. Jamais jouée du vivant de Bach, elle fait désormais partie du répertoire des chœurs du monde entier.

2. Le clavier bien tempéré (BWV 846-893)

Un « clavier » est un terme général désignant un instrument à clavier. Aujourd’hui, la plupart des interprétations sont jouées sur un piano, comme c’est le cas des célèbres enregistrements du pianiste canadien Glenn Gould. Cependant, à l’époque de Bach, le clavier était couramment joué sur un clavecin. Les méthodes pour accorder les instruments à clavier avaient évolué, ce qui a permis à Bach de composer cette œuvre en deux cycles de préludes et de fugues dans toutes les tonalités majeures et mineures. Cette œuvre est si importante pour la musique pour clavier qu’elle est souvent appelée « l’Ancien Testament des pianistes », utilisé par les étudiants avancés comme un guide complet de l’harmonie et de la technique.

1. L’art de la fugue (BWV 1080)

L’ensemble Fretwork interprète L’art de la fugue de Johan Sebastian Bach (1685-1750) lors d’un concert de la Fondation ASPECT pour la musique et les arts à l’Académie italienne de l’université de Columbia à New York, le 12 avril 2018. (Benjamin Chasteen/The Epoch Times)

Pendant la majeure partie de sa vie, Bach a composé pour répondre aux exigences du moment, produisant de nouvelles œuvres chaque semaine. Au cours de la dernière décennie de sa vie, il a cependant abandonné cette pratique et a concentré toute son énergie sur la production d’une demi-douzaine d’immenses chefs-d’œuvre. Il s’agit notamment de la Messe en si mineur et du Clavier bien tempéré.

Il s’agit également de sa dernière et plus grande œuvre, L’art de la fugue. Sa dernière section, Contrapunctus XIV, est incomplète, ce qui laisse penser qu’il est peut-être mort en la rédigeant.

Publié après la mort de Bach par son fils, L’art de la fugue est l’une des œuvres centrales de la musique occidentale. Bach y a développé jusqu’à l’extrême ses idées sur le contrepoint. L’œuvre commence par un thème en ré mineur d’une simplicité trompeuse, que Bach transforme ensuite magistralement de diverses manières, en l’inversant, en l’augmentant, en modifiant son rythme, et en le rendant toujours plus complexe.

Lorsque Bach meurt en 1750, son style de composition est depuis longtemps passé de mode. Le temps qui passe l’a cependant fait apparaître sous un jour nouveau. Les modes vont et viennent, mais la musique de Bach est immortelle.

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