Le gouvernement d’Angela Merkel a dû faire face dimanche à de nouvelles révélations de presse concernant l’achat controversé de masques anti-Covid et impliquant cette fois son ministre de la Santé, déjà au centre des critiques pour sa gestion de la pandémie.
Le ministre conservateur Jens Spahn a fait acheter par ses services au printemps 2020, lors de la première vague de la pandémie, des centaines de milliers de masques via le groupe de média allemand Burda, pour lequel travaille son mari Daniel Funke, selon des documents du ministère transmis à la chambre des députés, rapporte l’hebdomadaire Der Spiegel.
Conflit d’intérêt
La commande passée de 570.000 masques FFP2 par le ministère « pourrait engendrer des conflits d’intérêts » du fait que le mari du ministre « travaille comme lobbyiste et directeur de bureau de représentation de Burda à Berlin », écrit l’hebdomadaire.
Interrogé par l’AFP, le ministère rejeté ces soupçons. Le contrat a bien eu lieu mais « a été conclu et traité après réception de l’offre en utilisant une procédure standardisée aux prix du marché », a assuré un porte-parole.
Sweetheart deal?
Jens Spahn, German Health Minister (on right) bought 500,000 masks at official price of EUR 900,000 from Burda GmbH, a company Spahn’s « husband » (on left) does lobby work for
Spahn & husband were also in news last year after buying luxury villa for EUR 4 million pic.twitter.com/OGj6RHtQkU— charles simmonds (@charles12577567) March 21, 2021
Le parti social-démocrate (SPD), pourtant partenaires minoritaires des conservateurs au sein de la coalition gouvernementale, a appelé le ministre de la Santé à « s’expliquer », réclamant la désignation d’un expert « indépendant ».
« Cette tactique du salami » du ministère de la Santé concernant la diffusion des « informations liées à l’achat des masques « affaiblit la confiance dans les institutions démocratiques, cela doit cesser », a ajouté un des vice-présidents du groupe parlementaire du SPD à la chambre des députés, Achim Post, sur Twitter.
Fournisseur chinois
A raison de 1,73 dollar (1,60 euro) facturé par masque, le ministère a au final réglé 909.000 euros à Burda, qui avait avancé la somme à un fournisseur en Chine. L’éditeur de presse allemand a indiqué avoir transmis l’intégralité de la somme au fournisseur asiatique, sans commission au passage.
Même si le ministre ou son mari ne sont pas ici accusés de s’être enrichis, cette affaire survient à un moment sensible.
Le camp conservateur du ministre et de la chancelière Angela Merkel est ébranlé depuis plusieurs semaines par un scandale portant sur des commissions perçues par des élus du mouvement lors de l’achat de masques, ainsi que par d’autres soupçons d’enrichissement.
Revers électoraux de la CDU
Ces affaires ont contribué dimanche dernier à deux revers électoraux cinglants de la CDU lors de scrutins régionaux.
L’Union conservatrice entre CDU et son allié bavarois CSU ne cesse de baisser dans les sondages, n’étant plus créditée que de 27% des intentions de vote dans le dernier baromètre du quotidien Bild dimanche. Un niveau de mauvais augure à quelques mois des élections législatives de fin septembre.
Le camp conservateur atteignait presque 40% il y a un an environ.
Voyant son parti « à la croisée des chemins », le chef de la CSU, Markus Söder, un des prétendants pour briguer la succession de Mme Merkel en septembre, a annoncé dimanche un catalogue de mesures pour renforcer la « transparence » sur les revenus annexes des députés du parti.
Deux d’entre eux, soupçonnés par la justice d’avoir collecté des centaines de milliers d’euros auprès de fournisseurs de masques, ont renoncé à leurs mandats.
La popularité du gouvernement est par ailleurs entamée par les critiques de l’opinion concernant la gestion de la pandémie de Covid-19.
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