Le potentiel de changement de la technologie des missiles américains s’est récemment retrouvé sous les feux de la rampe géopolitique, lorsqu’il a été révélé que les États-Unis avaient fourni à l’Ukraine un système de missiles très convoité : le système de missiles tactiques de l’armée de terre (ATACMS).
Cependant, alors que l’ATACMS – un pilier du front en Afghanistan et en Irak – retient actuellement l’attention sur le champ de bataille en Europe, son successeur est sur le point de changer la donne pour les conflits à venir, en particulier dans le Pacifique.
Ce successeur, connu sous le nom de Precision Strike Missile (PrSM), est un missile guidé de précision, doté d’une portée étendue et de la capacité d’atteindre des cibles mobiles.
Lors d’un exercice de tir réel inédit, l’armée américaine a lancé deux PrSM depuis l’île de Palau le 16 juin, engageant et frappant avec succès une cible mobile à plus de 40 milles nautiques au large de la côte nord du Pacifique.
La cible, l’USS Cleveland, un navire de transport amphibie déclassé de la classe Austin, faisait partie d’un exercice de naufrage conjoint (SINKEX) qui a mis ce missile sous les projecteurs pour la première fois sur un sol étranger, ce qui représente une avancée significative dans les capacités à longue portée de l’armée américaine.
L’exercice n’a pas seulement démontré l’efficacité létale du missile de frappe de précision, il a également mis en évidence une chaîne d’exécution intégrée impliquant des ballons à haute altitude, des capteurs du spectre électromagnétique, des réseaux radio avancés, des drones de reconnaissance à longue endurance et des avions de chasse F/A-18C Hornet du corps des Marines des États-Unis.
Ce réseau de commandement et de contrôle tous domaines, vital pour les futurs théâtres de guerre du Pacifique, est le fruit d’années de développement stratégique de l’armée américaine.
L’opération « Valiant Shield 24 » , qui s’est déroulée du 7 au 18 juin près de Guam, de Palau et du Mariana Islands Range Complex, a permis de tester l’interopérabilité des forces interarmées dans de multiples domaines. Il s’agissait notamment de détecter, de suivre et d’engager le combat contre des cibles maritimes.
Des ballons de haute altitude, déployés à plusieurs centaines de kilomètres des Palaos, ont fourni des renseignements maritimes essentiels à une altitude de 50.000 pieds, en utilisant des capteurs électromagnétiques et des équipements de communication maillés.
Ces ballons font partie d’une initiative plus large de l’armée, visant à déployer des plateformes stratosphériques qui servent de capteurs persistants et de relais de communication.
L’exercice a intégré d’autres technologies de surveillance de pointe, comme les essaims de drones et les systèmes aériens sans pilote (UAS) à très longue durabilité, qui sont essentiels pour les opérations soutenues de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.
Ces systèmes garantissent une connectivité solide et un flux d’informations continu, permettant aux forces interarmées dispersées de se coordonner efficacement et de frapper avec précision.
Cet exercice aux multiples facettes a non seulement permis de tester de nouvelles technologies, mais aussi d’affirmer que l’armée américaine est prête à passer de l’artillerie traditionnelle à des systèmes de missiles avancés, en prévision d’éventuels conflits à fort enjeu dans le Pacifique.
Préparation aux conflits dans le Pacifique
La principale différence entre les futurs conflits potentiels dans le Pacifique et la situation actuelle en Ukraine réside dans l’approche tactique : dans le premier cas, il est prévu d’utiliser largement des munitions à guidage de précision pour les engagements terrestres et navals, en remplacement de l’artillerie traditionnelle.
Ce changement reflète une adaptation stratégique aux exigences géographiques et tactiques de la zone Pacifique, en particulier dans des scénarios tels que le détroit de Taïwan où l’utilisation d’armes de grande valeur et à longue portée, comme le missile de frappe de précision, le Standard-6 et les missiles de croisière Tomahawk, pourrait s’avérer cruciale.
L’utilisation de ces systèmes avancés témoigne de l’évolution de la stratégie de l’armée américaine visant à projeter sa puissance sur de grandes distances, en utilisant éventuellement des bases dans le nord des Philippines et dans certaines régions du Japon pour établir un contrôle sur des zones stratégiques telles que le détroit de Taïwan.
Cette capacité de frappe à grande distance, de 500 à plus de 1000 km, améliore non seulement la flexibilité de l’armée américaine dans le déploiement de ses forces, mais aussi sa capacité à effectuer des frappes de précision à longue distance dans un environnement à forte menace.
Évolution des missiles de frappe de précision
Le PrSM est un programme clé dans cet effort d’extension de la portée des frappes de précision.
L’armée américaine a récemment commencé le déploiement opérationnel du PrSM. Après avoir reçu son premier lot l’année dernière, l’armée prévoit d’atteindre la capacité opérationnelle initiale (COI) dans le courant de l’année.
Ce système de missiles, lancé à partir du système de roquettes à lancement multiple M270 (MLRS) et du système de roquettes d’artillerie à haute mobilité M142 (HIMARS), représente une amélioration significative par rapport à l’ATACMS existant.
Le missile de frappe de précision est plus petit, mais sa capacité de charge utile est doublée, ce qui permet à chaque lanceur de transporter deux missiles. Actuellement, il a une portée d’au moins 500 km (310 miles), qui pourrait être portée à 650 km (un peu plus de 400 miles) lors de futures mises à jour.
La version initiale, connue sous le nom d’Increment 1, intègre un système de navigation inertielle (INS) assisté par GPS pour frapper des cibles stationnaires comme les systèmes de défense aérienne, les lanceurs de missiles et les centres de commandement. La prochaine version Increment 2, ou Land-Based Anti-Ship Missile (LBASM), introduit des capacités améliorées, notamment des systèmes d’autodirecteurs multi-types, qui ciblent les menaces maritimes en mouvement, et des surfaces de contrôle arrière améliorées pour une meilleure manœuvrabilité.
L’exercice « Valiant Shield 24 », qui consistait à frapper une cible mobile en mer, suggère le déploiement de la version Increment 2 ou d’un prototype avancé doté de capacités similaires.
Au-delà de la version 2, la feuille de route de l’armée de terre prévoit une version 4 dotée d’un système de propulsion à réaction pour porter son rayon d’action à plus de 1000 km (620 miles), ainsi qu’une version 3, qui pourrait transporter des munitions de type « swarming loitering ».
L’armée étudie également d’autres systèmes d’armes à longue portée, comme un lanceur terrestre pour le missile polyvalent SM-6 et le missile de croisière Tomahawk, qui offre des capacités anti-navires et une portée supérieure à 1500 km (environ 930 miles).
Bien qu’ils ne soient pas classés comme hypersoniques, les missiles balistiques peuvent atteindre des vitesses hypersoniques dans leur phase terminale, en voyageant plus vite que Mach 5. Cette vitesse, associée à des systèmes de guidage terminaux avancés, comme des têtes chercheuses guidées par infrarouge ou par radar, permet à ces missiles de pénétrer efficacement les défenses et de frapper des cibles fixes ou mobiles avec des possibilités d’interception limitées.
Les missiles balistiques antinavires sont de plus en plus considérés comme un atout essentiel contre les navires de surface, qui sont généralement moins bien équipés pour se défendre contre les menaces balistiques à grande vitesse.
Le système est capable de lancer non seulement des missiles de frappe de précision, mais aussi des roquettes à guidage de précision de 227 mm et des missiles tactiques de l’armée, afin de faire face à diverses menaces terrestres et maritimes. La conception de l’AML intègre un ensemble de capteurs, notamment la lumière visible, le laser, le radar et le GPS, ce qui lui permet de mener des opérations de combat à distance en recevant des données sur les cibles et des ordres de lancement de la part d’unités d’artillerie habitées ou de centres de commandement en réseau. Sa nature sans pilote permet un redéploiement rapide et une meilleure capacité de survie, ce qui en fait un atout essentiel dans la guerre moderne.
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