« Je suis tombé dedans étant petit ». Le scénariste français Jean-Yves Ferri a trouvé la potion magique pour redonner vie aux aventures d’Astérix et Obélix, dont le 37e opus, Astérix et la Transitalique, sort aujourd’hui en Europe.
Après Astérix chez les Pictes (2013) et Le Papyrus de César (2015), il s’agit du troisième album avec le dessinateur Didier Conrad.
Cette 37e aventure est le premier voyage en Italie – hormis Rome – du duo gaulois. Entre les Alpes et le Vésuve, c’est une course de chars, via la Vénétie pour un clin d’œil à la région d’origine de la famille du dessinateur français Albert Uderzo, créateur de la BD avec son compatriote, le scénariste René Goscinny.
En 2011, le ciel était un peu tombé sur la tête de Jean-Yves Ferri, enfant de Mostaganem (Algérie) arrivé en 1962 en France, à Albi (sud-ouest).
Le scénariste, qui avait alors publié une quinzaine de BD, raconte toujours ce moment avec émotion : « Comme d’autres scénaristes, j’ai été approché par Hachette. On m’a demandé un pitch. J’ai fourni celui d’Astérix chez les Pictes. Uderzo l’a lu et a dit ok ! »
Ensuite, c’est la rencontre avec « le mythe ». « Je me suis senti tout petit. J’avais apporté avec moi un vieil album, Astérix Légionnaire, et je l’ai fait dédicacer », se souvient-il, s’étonnant de « la coïncidence » d’être né en 1959, comme la série.
Dans le bureau de sa maison en pleine campagne à Saint-Pierre-de-Rivière, un petit village de l’Ariège (sud-ouest) sur les contreforts des Pyrénées, il colle ses idées sur des post-it. Sur les murs aussi des papiers, des dessins… punaisés. « Sinon j’oublie et c’est mort! », s’excuse-t-il.
S’installer dans l’univers du petit Gaulois n’a pas été simple : « Vous vous interrogez. Suis-je capable ? On hérite d’un univers qui n’est pas le sien. Je ne suis pas Goscinny. On ne peut pas penser nouveautés et on ne peut pas faire du copier-coller », constate-t-il.
« Il s’agit de continuer plus que de reproduire », constate Didier Conrad. Ferri, aujourd’hui âgé de 58 ans, a très bien saisi l’esprit. On voit bien que ce n’est pas écrit par Goscinny, décédé en 1977. Mais l’univers d’Astérix n’est pas altéré. C’est le même petit monde, observé d’un angle différent, avec peut-être plus de proximité.
Un tirage total de 5 millions d’exemplaires dans le monde
« J’ai une mission, un côté ambassadeur culturel », reprend Ferri. Avec l’adoubement d’Uderzo, qui lit l’avancée des histoires chapitre par chapitre, Ferri a mis son trait sur les personnages : « Astérix, c’est la parodie du héros. Il était devenu plus sage. Moi, je le rends plus teigneux », explique-t-il.
« Le rôle comique glisse vers Obélix », ajoute-t-il, reconnaissant (sa) « tendresse particulière » pour ce « grand enfant au cœur immense et un peu pataud ». Cette fois, il est mis à l’honneur, il est l’aurige (conducteur de char) opposé au méchant romain, Coronavirus.
Quant au fond, Ferri, dessinateur depuis sa plus tendre enfance, se définit comme un « généraliste de l’humour ». « Goscinny se défendait de faire de la politique. Je peux être plus militant », assume-t-il, même si en mettant « plus de baffes », après y « avoir été réticent », il opère « un retour aux sources ».
« L’important, c’est de faire rire. Vous pouvez dire ce que vous voulez parce que c’est de l’humour. J’ai compris très jeune que mon langage serait l’humour », poursuit le scénariste, biberonné à la BD, notamment comme lecteur assidu de l’hebdomadaire Pilote.
La sortie d’un nouvel Astérix est toujours un phénomène dans le monde de l’édition. Aucun autre livre ne bénéficie d’un tirage aussi important dans le monde francophone.
L’album, traduit en 16 langues, va bénéficier d’un tirage total de 5 millions d’exemplaires, dont 2 millions en français et 1,7 million en allemand.
Depuis sa création, en 1959, 370 millions d’albums ont été vendus dans le monde. Les albums ont été traduits dans 111 langues. « Astérix est un monument », résume Isabelle Magnac, la patronne des éditions Albert-René.
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