Y a-t-il eu de la « malveillance » dans un article consacré au père d’une victime de l’attentat au Bataclan du 13 novembre 2015 ou la journaliste, poursuivie pour injure et diffamation, a-t-elle fait preuve de « prudence » dans ses propos? Le tribunal judiciaire de Paris tranchera le 15 juin.
Lundi à l’audience devant la 17e chambre, spécialisée dans les affaires de presse, le parquet s’en est tenu à « des observations juridiques » retenant l’injure mais pas la diffamation. Ni la journaliste mise en cause, ni le plaignant, n’étaient présents à l’audience.
L’article contesté a été publié par Le Monde le 17 octobre 2021. Il s’agit d’un portrait de Patrick Jardin, père d’une jeune femme de 31 ans, Nathalie, assassinée au Bataclan le 13 novembre 2015. « Patrick Jardin, le père la haine des attentats du 13-Novembre », avait comme titre l’article publié dans M, le magazine du Monde.
Des « termes outrageants »
Dans la version en ligne, publiée le lendemain, le titre est devenu « Au procès du 13-Novembre, la colère sans limite d’un père ». Le titre de la version papier est « injurieux car il essentialise M. Jardin », a plaidé son avocat Me Frédéric Pichon. « Il n’y a aucune tentative d’empathie, c’est extrêmement malveillant », a insisté l’avocat. Ce titre comporte « des termes outrageants et méprisants », a estimé la représentante du parquet.
« J’ai beaucoup de respect pour la haine de M. Jardin, elle se comprend parfaitement », a affirmé de son côté l’avocat du journal, Me Christophe Bigot. Mais, « je ne vois pas comment M. Jardin pourrait se sentir outragé », a-t-il ajouté, citant notamment le témoignage du plaignant lors du procès du 13-Novembre.
Une « intention de nuire »
« On me dit haineux, c’est vrai, Monsieur le président, j’ai la haine », avait déclaré M. Jardin à l’audience du procès du 13-Novembre. Le plaignant reproche également à l’article de le présenter « dans l’entourage d’un groupuscule d’ultra-droite, l’Action des forces opérationnelles (AFO) dont les membres projetaient d’empoisonner de la nourriture halal dans les rayons de supermarché ». Cette affaire est actuellement à l’instruction et le nom de M. Jardin n’apparaît « ni de près, ni de loin » dans la procédure, a rappelé son avocat.
Pour Me Pichon, associer le nom de son client et l’AFO relève d’une « intention de nuire ». L’avocat de la défense a rappelé que dans un article du Monde publié en septembre 2018, trois ans avant l’article incriminé, M. Jardin se targuait d’avoir été proche des Volontaires pour la France (VPF), une association engagée « contre l’islamisation » du pays. M. Jardin était « dans cette mouvance idéologique », a estimé Me Bigot.
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