Le 28 septembre, le groupe chinois Evergrande a annoncé que son président et fondateur était soupçonné d’avoir commis des crimes, confirmant ainsi les informations selon lesquelles Hui Ka Yan était sous surveillance policière.
La société a fait savoir que les « autorités compétentes » l’avaient informée que M. Hui, alias Xu Jiayin, faisait l’objet de « mesures obligatoires conformément à la loi en raison de soupçons de délits illégaux ».
Bloomberg avait précédemment rapporté que M. Hui avait été emmené par la police pour être contrôlé dans un lieu surveillé, mais il n’y a eu aucune confirmation d’une arrestation ou d’une inculpation pénale. Des rapports similaires ont été publiés dans les médias chinois, citant également des sources anonymes. L’action Evergrande s’est effondrée le 27 septembre lorsque ces informations ont fait surface. Auparavant, plusieurs rumeurs avaient émergé dans les médias chinois : M. Hui aurait divorcé de sa femme et se serait suicidé.
En vertu de ses propres lois, le régime chinois peut détenir toute personne dans ses installations secrètes désignées pendant une période pouvant aller jusqu’à six mois. Les mesures obligatoires mentionnées dans la déclaration de l’entreprise peuvent aller de la détention à l’arrestation formelle.
La négociation des actions d’Evergrande et de deux de ses unités cotées à Hong Kong a été brusquement suspendue le 28 septembre, sans explication, en raison des inquiétudes croissantes concernant l’avenir de l’entreprise. Ce n’est que le dernier épisode en date d’une longue saga de troubles pour le promoteur immobilier en difficulté, autrefois le deuxième en Chine.
Avant sa suspension, les actions avaient chuté de près de 90% depuis la reprise des transactions au mois d’août, alors qu’elles avaient été suspendues pendant 17 mois.
Investigations
Evergrande a enregistré des milliards de pertes en 2021, devenant ainsi le promoteur immobilier le plus endetté au monde.
Selon une déclaration publique faite par l’entreprise en juillet, son passif s’élève désormais à 328 milliards de dollars, elle a travaillé avec ses créanciers pour tenter d’obtenir l’autorisation de restructurer sa dette offshore. Toutefois, les enquêtes menées sur la société ont empêché la mise en œuvre de ses plans de restructuration. Le 17 août, elle a déposé son bilan à New York, se mettant ainsi à l’abri d’une restructuration par ses créanciers.
M. Hui était autrefois l’homme le plus riche de Chine, mais son patrimoine a chuté d’au moins 90%.
En juillet, le directeur général et le directeur financier d’Evergrande ont démissionné lorsqu’une enquête a révélé que 2 milliards de dollars avaient été indûment détournés pour servir de garantie à plusieurs prêts.
En août, la société a annoncé qu’elle faisait l’objet d’une enquête menée par la Commission chinoise des valeurs mobilières et des contrats à terme.
Au début du mois, la police chinoise a arrêté des membres du personnel financier d’Evergrande et a ouvert une enquête criminelle, selon un communiqué publié par la société. Un communiqué du gouvernement a expliqué que les membres du personnel avaient été arrêtés pour « collecte illégale de fonds ».
« Selon les informations publiques actuelles, Evergrande Wealth et ses parties liées ont illégalement collecté des fonds pour former un fonds commun interne, ont violé le contrat et n’ont pas fait correspondre les orientations et les délais d’investissement des produits, causant ainsi des pertes aux investisseurs », a indiqué la Commission, ajoutant que la détention aurait « une signification positive dans la régulation et la stabilisation du marché financier ».
Selon certains experts, l’enquête sur Evergrande pourrait être liée à la purge menée par le dirigeant chinois Xi Jinping à l’encontre de ses rivaux politiques.
Tang Jingyuan, commentateur des affaires chinoises et collaborateur d’Epoch Times, a expliqué le 7 septembre que la croissance exponentielle d’Evergrande au cours des deux dernières décennies n’aurait pas été possible sans un « puissant bailleur de fonds » fournissant des avantages, des financements, « beaucoup de commodité » et une sécurité politique. Sans ce soutien, les entreprises privées sont « étranglées » par le système économique du Parti communiste chinois (PCC).
Selon certains experts, ce bailleur de fonds serait l’ancien vice-président Zeng Qinghong, un fonctionnaire influent dont la famille compte des révolutionnaires chevronnés et des cadres supérieurs du PCC. Il appartenait à la faction de l’ancien dirigeant du PCC Jiang Zemin, et son pouvoir et son influence ont apporté à sa famille une grande richesse et un vaste éventail de propriétés dans l’immobilier, les banques, la technologie et la propagande. Lorsque Xi Jinping est arrivé à la tête du PCC en 2012, M. Zeng faisait partie de la faction qui critiquait les politiques du nouveau dirigeant, ce qui a fait de lui une cible privilégiée lors de la campagne « anti-corruption ». Des experts ont précédemment déclaré à Epoch Times que l’objectif poursuivi par M. Xi dans le secteur de l’immobilier s’inscrivait dans le cadre de ses efforts pour écraser M. Zeng.
La répression engagée par M. Xi sur le marché de l’immobilier a commencé en 2016, avec un durcissement des conditions relatives aux prêts et la mise en faillite de centaines d’entreprises. Malgré cela, M. Hui d’Evergrande a continué à emprunter massivement, augmentant ainsi la taille de sa dette. En 2020, de nouvelles réglementations ont été mises en place : l’entreprise ne pouvait plus emprunter et s’est retrouvée piégée par le poids de ses dettes.
Selon certains experts financiers et observateurs spécialisés sur la Chine, les problèmes d’Evergrande sont le reflet de l’ensemble du secteur immobilier chinois, alors que la bulle spéculative a éclaté.
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