Le président iranien Hassan Rohani, très critiqué pour ne pas avoir désigné de femmes ministres, a nommé deux vice-présidentes et une assistante spéciale dans son cabinet élargi, a rapporté mercredi le site du gouvernement.
Pas de femmes ministres
Massoumeh Ebtekar a été nommée vice-présidente chargée des femmes et de la famille, Laya Joneydi vice-présidente chargée des « questions juridiques » et Shahindokht Mollaverdi assistante spéciale chargée des « droits citoyens ». Le cabinet élargi comprend donc une femme de moins que le cabinet sortant, qui comptait trois vice-présidentes et une assistante spéciale. Un ministre et neuf vice-présidents doivent encore être désignés mais il ne s’agira a priori pas de femmes. Contrairement aux ministres, les vice-présidents n’ont pas besoin d’obtenir la confiance du Parlement, qui doit se prononcer à partir de mardi sur chaque ministre pressenti.
Le président Rohani a été vivement critiqué, notamment par les réformateurs, pour ne pas avoir nommé de femmes à des postes ministériels et ne pas avoir rajeuni son gouvernement. La moyenne d’âge est de 58 ans, contre 57 dans le précédent gouvernement, malgré la présence de Mohammad Javad Azari Jahromi, 36 ans, ministre des Télécommunications.
Zahra Shojaie, présidente du nouveau Parti des femmes réformatrices, a affirmé à l’AFP ne pas être surprise par la décision du président Rohani, à cause de l’opposition de certains députés et figures religieuses. Une grande partie des députés indépendants « sont hostiles à la nomination de femmes ministres », a-t-elle déclaré. Il y a quelques jours pourtant, une majorité de députés, 157 sur les 290 que compte le Parlement, avait écrit au président Rohani pour réclamer la nomination de femmes à des postes ministériels. Mais selon Mme Shojaie, les vice-présidentes ont en fait plus de pouvoir que les ministres et « le tabou a déjà été cassé ». « Ces quatre dernières années, Rohani a mené une politique pour renforcer le rôle des femmes et nous voulons que cela continue avec des réformes des lois », a-t-elle ajouté en évoquant notamment les discriminations à l’encontre des femmes, notamment en ce qui concerne l’héritage ou l’obligation d’obtenir l’autorisation du mari pour quitter le pays. De nombreux réformateurs ont critiqué la position de M. Rohani.
Des « sunnites, des femmes et des jeunes dans le gouvernement »
« D’une façon totalement stupéfiante et incroyable, le président a ignoré les demandes des femmes en présentant le gouvernement », a déclaré mercredi Parvaneh Salahshouri, présidente du groupe parlementaire des femmes devant le Parlement.
« Félicitations pour la nomination massive de sunnites (qui forment moins de 10% de la population, ndlr), de femmes et de jeunes dans le gouvernement », avait ironisé mardi dans un tweet le réalisateur Hossein Dehbashi, qui avait pris une part active dans la première campagne présidentielle de M. Rohani en 2013 mais qui a multiplié les critiques ces dernières années contre lui. « Nous nous attendions à la nomination d’au moins une femme », avait déclaré mardi Mohammad Reza Aref, chef de file des députés réformateurs. Il a souligné, selon les médias iraniens, que la délégation de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini, venue à Téhéran samedi pour assister à la cérémonie d’investiture du président Rohani, ne comprenait pratiquement que « des femmes, ce qui était lourd de signification ». L’ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013) a été le seul président depuis la Révolution islamique de 1979 à nommer une femme ministre. Des députés réformateurs ont affirmé que plusieurs ministres pressentis pourraient ne pas obtenir la confiance du Parlement. « La meilleure manière d’aider Rohani est de ne pas voter la confiance aux ministres qui ne partagent pas les positions du président », a déclaré Mohammad Ali Abtahi, qui a été chef de cabinet de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami (1997-2005).
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