Le président sud-coréen libéré, des dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues pour célébrer … ou protester

Par T.J. Muscaro
9 mars 2025 21:58 Mis à jour: 9 mars 2025 21:58

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été libéré le 8 mars, au lendemain de la décision du tribunal central de Séoul d’annuler son mandat d’arrêt et de la confirmation par le parquet de sa décision de ne pas faire appel.

Arrêté le 15 janvier pour insurrection après avoir décrété la loi martiale le 3 décembre 2024, Yoon Suk Yeol est sorti du centre de détention situé au sud de Séoul, saluant et s’inclinant devant une foule de partisans venus l’accueillir.

De nombreux sympathisants brandissaient à la fois des drapeaux sud-coréens et américains. Selon les estimations de la police, environ 55.000 sud-coréens se sont rassemblés dans la capitale pour manifester leur soutien au président.

« Une correction de l’illégalité »

« J’apprécie le courage et la détermination du tribunal à corriger cette illégalité », a déclaré Yoon Suk Yeol dans un communiqué. Selon l’agence de presse Yonhap (YNA), le président est retourné dans sa résidence officielle dans la soirée du 8 mars.

Bien qu’il ait retrouvé sa liberté après 52 jours de détention, Yoon Suk Yeol reste suspendu de ses fonctions, et ses procès en destitution et en justice se poursuivent. C’est toujours le ministre des Finances, Choi Sang-mok, qui assure l’intérim à la présidence de la Corée du Sud.

Un dossier controversé

Arrêté le 15 janvier, Yoon Suk Yeol avait été inculpé d’insurrection pour avoir, selon l’accusation, tenté de se maintenir au pouvoir en mobilisant l’armée. Il avait ensuite été interrogé par le Bureau sud-coréen d’enquête sur la corruption des hauts fonctionnaires (CIO).

Le parquet disposait d’une période initiale de dix jours pour l’inculper officiellement et prolonger sa détention. Toutefois, selon Yonhap, le tribunal a estimé que l’acte d’accusation avait été reçu avec plusieurs heures de retard.

Les juges ont également remis en question la compétence du CIO sur ce dossier, considérant que les faits reprochés sortaient de son champ d’investigation.

L’équipe juridique du président s’est félicitée de la décision du tribunal du 7 mars, tout en critiquant le parquet pour avoir retardé de 27 heures sa libération, alors que la loi sud-coréenne impose un délai maximum de sept jours pour faire appel avant qu’un détenu puisse être relâché.

« La libération du président ne concerne pas seulement une injustice individuelle, mais marque le début d’un long chemin pour rétablir l’État de droit dans ce pays », ont déclaré les avocats de Yoon Suk Yeol dans un communiqué.

Une loi martiale controversée

Le 3 décembre 2024, Yoon Suk Yeol avait déclaré la loi martiale, justifiant cette décision par la nécessité de lutter contre ce qu’il appelait des « forces antiétatiques pro-nord-coréennes » au sein de l’opposition. Ces derniers tentaient, selon lui, de faire destituer le procureur en chef du parquet central de Séoul, qu’il avait chargé d’enquêter sur les systèmes informatiques de la Commission nationale des élections.

Environ 280 soldats avaient été déployés à l’Assemblée nationale, qui avait voté à l’unanimité la levée de cette loi martiale.

Accusé d’avoir tenté d’utiliser l’armée pour empêcher les parlementaires de se réunir et de voter contre l’état d’urgence, Yoon Suk Yeol avait finalement levé la loi martiale six heures après l’avoir instaurée.

Dans une déclaration publiée le 12 décembre 2024, il avait affirmé que ce déploiement limité de troupes visait uniquement à « maintenir l’ordre » pendant qu’il préparait un « appel d’urgence à la population pour l’informer de la crise institutionnelle en cours ».

Le 14 décembre 2024, l’Assemblée nationale, dirigée par le Parti démocrate (opposition), avait voté la destitution du président et suspendu ses fonctions.

Lors d’une audience de destitution devant la Cour constitutionnelle le 21 janvier, son avocat, Cha Gi-hwan, avait soutenu que la loi martiale n’avait jamais été pleinement appliquée :

« Le décret n’avait pour but que de définir le cadre de la loi martiale. Il n’a jamais été question de la mettre en œuvre, et il était de toute façon impossible de l’exécuter sans entrer en conflit avec des lois supérieures. »

Une situation politique incertaine

Après la destitution de Yoon Suk Yeol, le Premier ministre Han Duck-soo avait pris sa succession, avant d’être lui-même destitué deux semaines plus tard. Il avait été remplacé par Choi Sang-mok, actuel président par intérim.

Le Parti du Pouvoir du Peuple, formation politique de Yoon Suk Yeol, a salué sa libération et exhorté la Cour constitutionnelle à prendre en compte la décision du tribunal central de Séoul dans son jugement final.

« C’est une décision juste, et nous espérons qu’elle servira à restaurer l’État de droit », a déclaré le porte-parole du parti, Shin Dong-wook, dans un communiqué.

À l’inverse, le Parti démocrate a dénoncé une décision qui, selon lui, ne ferait qu’aggraver la crise nationale. Il a appelé la Cour constitutionnelle à confirmer la destitution de Yoon Suk Yeol.

Plus de 32.000 personnes se sont rassemblées à Séoul pour protester contre sa libération.

D’après Yonhap, la décision de la Cour constitutionnelle, qui déterminera si Yoon Suk Yeol est rétabli dans ses fonctions ou définitivement écarté, est attendue d’ici la fin du mois de mars, après la clôture des audiences le 25 février.

Si sa destitution est confirmée, une élection présidentielle anticipée devra être organisée sous 60 jours.

Une opposition sous pression

Le chef de l’opposition, Lee Jae-myung, fait face à ses propres difficultés judiciaires. Il a été condamné à un an de prison avec sursis pour infraction à la loi électorale après avoir fait de fausses déclarations lors de sa campagne présidentielle de 2022.

La Haute Cour de Séoul doit rendre son verdict sur son appel le 26 mars.

Avec Aldgra Fredly, Jacob Burg, Melanie Sun et Reuters

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