L’adaptation à gros budget par Netflix du roman de science-fiction chinois « Le problème à 3 corps » (The 3 body problem) figure parmi les programmes les plus populaires au niveau mondial sur la plateforme depuis la diffusion du premier épisode le 21 mars.
Mais la série, ainsi que toute image publicitaire, a été interdite en Chine par le Parti communiste au pouvoir (PCC), en raison de scènes très réalistes dans lesquelles des personnes sont battues à mort en public pendant la Révolution culturelle.
La série est adaptée du roman de l’écrivain chinois Liu Cixin, et la première saison compte huit épisodes. L’histoire se déroule sur plusieurs décennies, en Chine, en Europe et aux États-Unis, et porte principalement sur la façon dont l’humanité se prépare à une invasion extraterrestre.
En 2015, « Le problème à trois corps » est devenu le premier roman asiatique à remporter le prix Hugo du meilleur roman, un prix littéraire annuel récompensant les œuvres de science-fiction ou de fantasy.
Le premier épisode de l’adaptation de Netflix s’ouvre sur une scène choquante de cinq minutes montrant ce que les maoïstes appelaient une session de lutte (également connue sous le nom de rassemblement de dénonciation, un spectacle public toujours très violent) à l’université Tsinghua au début de la Révolution culturelle en 1966. Ye Wenjie, l’un des personnages principaux, étudiante à Tsinghua, voit son père, le célèbre physicien Ye Zhetai, être humilié et battu à mort par un groupe de gardes rouges devant un public nombreux. Il lui est reproché d’avoir refusé de renoncer à ses convictions, notamment la théorie de la relativité d’Einstein.
Certains téléspectateurs chinois, qui ont pu voir la série via un VPN, Netflix n’étant officiellement pas disponible en Chine continentale, se sont réjouis de cette scène d’ouverture sur les réseaux sociaux chinois.
Certains ont comparé cette nouvelle version de Netflix avec l’adaptation télévisée réalisée en Chine en 2023, et qui avait supprimé la scène de la Révolution culturelle. Un internaute a écrit : « La version Netflix du « Problème à trois corps » complète enfin ce que la version Tencent a laissé de côté et que tout le monde voulait voir mais n’avait pu voir ».
Un autre message disait : « J’ai regardé l’adaptation télévisée chinoise du « Problème à trois corps », mais j’avais l’impression qu’il y avait quelque chose qui ne collait pas. Après avoir regardé les dix premières secondes de la version Netflix, la réponse est apparue. Tout s’explique maintenant. »
Selon Radio Free Asia, le département de la propagande du PCC et l’administration du cyberespace de Chine ont exigé que tous les sites web et plateformes de médias sociaux chinois bloquent le contenu lié à la scène de la Révolution culturelle après la publication de la bande-annonce en janvier.
Effacer la Révolution culturelle de l’histoire
La Révolution culturelle (1966-1976) est un mouvement politique violent lancé par Mao Zedong pour consolider son pouvoir et éradiquer la culture chinoise traditionnelle et les idéaux occidentaux de démocratie et de liberté.
Le PCC avait mobilisé la population pour qu’elle détruise les temples, les bâtiments historiques, les livres et les objets d’art, et pour que chacun s’en prenne à quelqu’un d’autre. Des fonctionnaires, des intellectuels, des professionnels et d’autres personnes innocentes ont été soumis à des défilés d’humiliation publique et à des passages à tabac. Pas moins de 2 millions de personnes sont mortes d’une mort non naturelle pendant la Révolution culturelle.
La traduction française du livre décrit la brutalité de cette période dès le début de l’ouvrage, en expliquant qu’en 40 jours, rien qu’à Pékin, plus de 1700 victimes des sessions de lutte ont été battues à mort. L’auteur rapporte également que beaucoup de gens préféraient se suicider pour échapper à la folie.
Certains téléspectateurs chinois ont souligné sur les réseaux sociaux chinois que la réalité de la Révolution culturelle est pourtant beaucoup plus brutale que ce que montre la version de Netflix. La violence était telle, disent-ils, que de nombreux Chinois se suicidaient pour « mettre fin à la douleur de la persécution ».
Les téléspectateurs chinois pro-PCC qui ont franchi le pare-feu pour regarder la série se sont montrés critiques à l’égard de cette scène et se sont empressés de faire chuter la note de la série sur le site web Douban, consacré aux critiques de films. Certains ont accusé la série d’utiliser délibérément un moment tragique du passé du pays pour dénigrer la deuxième économie mondiale.
Le dirigeant actuel du PCC, Xi Jinping, a déclaré en 2013 que « les 30 prochaines années ne pouvaient pas tourner le dos aux 30 dernières années » en référence aux politiques du parti qui ne devraient pas, selon lui, être reniées. Certains observateurs estiment que Xi est en train de lancer une « Révolution culturelle 2.0 » par le biais de politiques toujours plus orientées vers l’extrême-gauche et par des contrôles de la population toujours plus stricts.
Yue Shan, observateur de l’actualité et chroniqueur à Epoch Times, a écrit : « [La] Révolution culturelle est un souvenir collectif douloureux pour le peuple chinois. Les hauts dirigeants actuels du PCC, qui ont grandi pendant cette période, ont été les victimes de ce mouvement. Cependant, en raison de leur désir de pouvoir, ils ne veulent pas que les gens sachent la vérité [sur cette période] et ils nient la vérité, ce qui fait que la Révolution culturelle pourrait bien se répéter un jour ».
Tang Hao, commentateur de l’actualité basé aux États-Unis, a écrit sur le réseau social X : « ‘Le problème à trois corps’ fait preuve d’un élan extraordinaire dès le début : premièrement, il présente la cruauté, l’effusion de sang et la destruction de l’éthique humaine par la Révolution culturelle du PCC ; deuxièmement, il présente la façon dont le PCC crée une terreur collective pour contrôler le peuple ; troisièmement, il révèle la stupidité de l’ ‘athéisme’ du PCC et sa haine des dieux et des bouddhas. »
Les créateurs de la série, D.B. Weiss et David Benioff, ont déclaré être déjà en train de travailler sur la deuxième saison.
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