Bien que le Parti communiste chinois soit officiellement athée, il a toujours maintenu cinq religions encadrées par l’État, qu’il utilise pour étayer sa propre domination sur le peuple chinois. Le secrétaire général du Parti Xi Jinping a réitéré ce point lors d’une réunion politique le 21 mai en disant que la religion doit être utilisée pour guider les cœurs et les esprits du public en faveur de la doctrine du Parti.
En effet, une préoccupation majeure apparaît depuis plusieurs années en Chine : la religiosité croissante des fonctionnaires communistes eux-mêmes. Alors que le Parti peut tolérer l’existence des religions, ses propres fonctionnaires ne sont pas autorisés à y croire. Les crimes pour corruption ont toujours été le principal composant des « violations disciplinaires » largement appliquées aux fonctionnaires chinois pour justifier une enquête et l’éviction de leurs postes, mais la croyance en des « superstitions » – comprenez des religions – est également un motif incriminant, qui justifie une purification des rangs du Parti.
Un appel de la foi
Le 21 mai, le gouvernement municipal de Wenzhou, dans la province du Zhejiang a rapporté les résultats d’une enquête de l’inspection locale du Parti. Le rapport mentionne des mesures nécessaires visant à régler le problème des petits fonctionnaires adoptant une foi religieuse ou ayant perdu leur foi dans le Parti.
La province du Zhejiang, située sur la côte sud-est chinoise a une grande population chrétienne, ayant même reçu le surnom de « Jérusalem de Chine ». Plus tôt cette année, les autorités communistes ont retiré les croix de près de 400 églises pour y réduire la visibilité de la religion dans la région.
« Tout groupe religieux ou groupe social qui n’est pas sous le contrôle total, l’orientation et la mainmise du Parti est considéré comme une menace pour la stabilité à la fois du Parti et de la société » Bob Fu, président de l’association China Aid.
Selon une information publiée le 22 mai sur un site web basé à Shanghai, Guncha.net, une équipe de spécialistes envoyée dans le Zhejiang par l’organisme central du Parti en charge de l’inspection disciplinaire et anti-corruption, a conclu en septembre 2014, une enquête de 2 mois sur le fait religieux des fonctionnaires. La question des croyances religieuses dans la bureaucratie locale est apparemment si répandue que certains fonctionnaires ont même pris part à des activités religieuses de groupe. L’équipe d’inspection a suggéré que les fonctionnaires du Parti devaient continuer à être endoctrinés dans l’idéologie communiste, en particulier au niveau local, afin de sauvegarder « la nature et la pureté de pointe » du Parti.
Selon Xia Ming, professeur de sciences politiques à l’Université de New York, les efforts du Parti pour déraciner la foi ont peu de probabilité de réussir, parce que cela va renforcer davantage encore les fonctionnaires dans leur croyance, a rapporté Radio Free Asia (RFA).
« Beaucoup de fonctionnaires de haut rang et leurs parents sont en fait bouddhistes et chrétiens, mais ils savent comment dissimuler leur foi en public. En résumé, cette nouvelle série d’inspections n’aboutira à rien, et cela montre que le Parti communiste chinois est en train de perdre son contrôle spirituel sur les gens », a déclaré Xia sur RFA.
Pourquoi le Parti communiste a-t-il si peur de la religion?
Selon un site de l’État chinois, « certains dirigeants du Parti… se prennent de passion pour la vénération des dieux et des bouddhas, fer de lance de la superstition féodale (Ndr : propagande utilisée depuis la Révolution culturelle pour justifier la destruction de la culture chinoise). Cette tendance, si elle n’est pas arrêtée aurait une conséquence grave, mauvaise pour l’esprit des responsables du Parti et menant à l’effondrement de l’organisation du Parti ».
Zan Aizong, écrivain chrétien indépendant et blogueur actif en Chine a déclaré à RFA que les remarques du secrétaire général Xi Jinping sont destinées à dissocier les religions occidentales et chinoises de leur but originel commun, afin de cimenter le rôle du Parti en tant que dépositaire de toutes choses en Chine.
« Le fait est qu’il n’y a pas de frontière nationale au sein des religions. Que ce soit le christianisme ou le bouddhisme, ils existent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Chine », a déclaré Zan. « Quel rôle le Parti communiste, qui croit en l’athéisme, peut éventuellement jouer ? Le gouvernement chinois ne doit pas se soucier de son propre pouvoir et protéger plutôt la liberté religieuse garantie par la Constitution », a-t-il poursuivi.
Bob Fu, président de l’association China Aid, un réseau chrétien des droits de l’homme, a déclaré que la demande du Parti que les religions doivent maintenir leur fidélité à la direction du régime, sape le principe de la liberté religieuse.
« Tout groupe religieux ou groupe social qui n’est pas sous le contrôle total, l’orientation et la mainmise du Parti est considéré comme une menace pour la stabilité à la fois du Parti et de la société. Un tel groupe peut apparaître comme un défi à son régime autocratique », a commenté Fu. « Je pense que l’attitude du Parti communiste envers la religion est la projection de ses propres inquiétudes dans sa capacité à gouverner » a-t-il conclu.
Article original : http://www.theepochtimes.com/n3/1369705-the-chinese-communist-party-is-worried-officials-are-becoming-religious/
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.