Le Royaume-Uni et l’Union européenne ont condamné mardi la nouvelle loi sur la sécurité nationale approuvée par Hong Kong, estimant qu’elle allait encore éroder les libertés dans le centre financier et qu’elle pourrait nuire aux missions diplomatiques.
Le ministre britannique des affaires étrangères, Lord Cameron, a déclaré que cette loi « aura des implications considérables » pour les résidents de Hong Kong, dont les diplomates étrangers, et « permettra l’érosion continue des libertés d’expression, de réunion et des médias ».
L’Union européenne a également critiqué la loi, s’inquiétant de ses « dispositions radicales et de ses définitions larges ».
Dans des déclarations publiées mercredi, le représentant des affaires étrangères de Pékin à Hong Kong a accusé le Royaume-Uni et l’UE de « salir » la loi et de « s’ingérer » dans les « affaires intérieures » chinoises.
Le projet de loi controversé sur la sauvegarde de la sécurité nationale, connu sous le nom d’article 23, a été adopté à l’unanimité mardi par le conseil législatif de Hong Kong, un organe composé de 90 sièges désormais dominé par des hommes politiques soutenus par le parti communiste chinois (PCC) suite à la refonte du système électoral de la ville, réservée aux « patriotes ».
L’article 23 de la loi fondamentale de Hong Kong, adoptée après la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à Pékin, stipule que les autorités doivent rédiger le code de sécurité nationale de Hong Kong.
Toutefois, une tentative en ce sens en 2003 a donné lieu à des protestations massives, ce qui a conduit le gouvernement à classer la proposition.
Après les manifestations pour la démocratie qui ont fait descendre des centaines de milliers de Hongkongais dans les rues en 2019, Pékin a imposé une loi sur la sécurité nationale pour punir quatre crimes majeurs : la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des forces étrangères.
Le 30 janvier, les autorités de Hong Kong ont lancé une consultation sur l’élaboration de la législation. Le projet de loi a été publié pour la première fois le 8 mars et est devenu une loi 11 jours plus tard.
La loi punit cinq infractions : la trahison, l’insurrection, le vol de secrets d’État et l’espionnage, les activités destructrices mettant en danger la sécurité nationale et l’ingérence extérieure.
Après l’adoption de la loi, Lord Cameron a déclaré : « Cette nouvelle loi, adoptée à la hâte, aura des implications considérables dans tous ces domaines ».
« Les définitions larges de sécurité nationale et d’ingérence extérieure compliqueront la vie de ceux qui vivent, travaillent et font des affaires à Hong Kong », a déclaré le secrétaire d’État aux affaires étrangères.
« Elle n’apporte aucune certitude aux organisations internationales, notamment aux missions diplomatiques, qui opèrent dans ce pays. »
« Elle va ancrer la culture de l’autocensure qui domine aujourd’hui le paysage social et politique de Hong Kong et permettre l’érosion continue des libertés d’expression, de réunion et des médias. »
Lord Cameron a déclaré que la loi « portera davantage atteinte aux droits et libertés » dans la ville et compromettra la mise en œuvre par Hong Kong « d’obligations internationales devant contractuellement être respectées, notamment la déclaration conjointe sino-britannique et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ».
Dans le cadre de la déclaration conjointe sino-britannique, le régime chinois s’est engagé à ne pas porter atteinte à l’autonomie de Hong Kong et à l’État de droit pendant 50 ans, soit jusqu’en 2047.
Cependant, le régime a effectivement mis fin au traité, le qualifiant de « document historique ».
Depuis que la loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin est entrée en vigueur en 2020, le Royaume-Uni a signalé à plusieurs reprises que le régime chinois enfreignait la déclaration, et a ouvert une voie de visa humanitaire pour les détenteurs de passeports britanniques (d’outre-mer) qui souhaitent fuir Hong Kong.
Toutefois, l’adoption de la nouvelle loi sur la sécurité nationale elle-même « peut ou ne peut pas » être considérée comme une violation du traité parce que la loi a été adoptée par le corps législatif de Hong Kong, a déclaré mercredi Andrew Mitchell, ministre des affaires étrangères.
Dans le même temps, l’UE et les Nations unies ont également critiqué la nouvelle loi sur la sécurité de Hong Kong.
« Il est alarmant qu’une législation aussi importante ait été adoptée à la hâte par le corps législatif selon un processus accéléré, en dépit des graves préoccupations soulevées quant à l’incompatibilité de bon nombre de ses dispositions avec le droit international en matière de droits de l’homme », a déclaré le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, dans un communiqué publié ce mardi.
Dans une déclaration séparée, l’Union européenne s’est dite préoccupée par « l’impact potentiel sur les droits et les libertés des habitants de Hong Kong » et a affirmé que le projet de loi pourrait affecter « de manière significative » le travail du bureau de l’UE ainsi que des organisations et des entreprises à Hong Kong.
« Cette situation soulève également des questions quant à l’attractivité à long terme de Hong Kong en tant que centre d’affaires international », a souligné la déclaration.
Le PCC a réagi mercredi en demandant au Royaume-Uni et à d’autres pays de cesser toute ingérence.
Dans deux déclarations publiées mercredi, un porte-parole du bureau du commissaire du ministère des Affaires étrangères de Hong Kong a exprimé sa « forte indignation et son opposition résolue » aux déclarations du Royaume-Uni et de l’UE.
Le porte-parole a prétendu que le Royaume-Uni n’avait pas le droit de contrôler la mise en œuvre de la déclaration conjointe sino-britannique et a accusé le Royaume-Uni d’incitation et d’avoir une « mentalité de colonisateur ».
Dorothy Li, Julia Ye, Cindy Li et Reuters ont contribué à la rédaction de cet article.
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