ANALYSES

Le solaire en Chine, future catastrophe écologique mondiale ?

mars 19, 2025 6:25, Last Updated: mars 19, 2025 6:25
By

Des investissements massifs ont fait de la Chine le premier producteur de l’énergie solaire au monde. Huit panneaux solaires sur dix, sur l’ensemble de la planète, sont fabriqués en Chine, et sans surprise, les dix premiers fournisseurs au monde de panneaux solaires sont chinois.

Outre la question des droits de l’homme dans le processus de fabrication, l’industrie solaire chinoise se heurte à une future catastrophe écologique mondiale. Après plus d’une décennie d’expansion de l’industrie photovoltaïque, la Chine est confrontée à un mur du recyclage et la pollution des déchets de panneaux solaires est devenue un problème majeur.

Le secteur solaire chinois est confronté à des difficultés d’échelle : son expansion accélérée fait que les principaux acteurs sont surendettés et le réseau énergétique surchargé, tandis qu’une guerre des prix a favorisé une course en avant pour remporter les marchés, entraînant une surproduction sans précédent et une multiplication de produits défectueux.

La plupart des panneaux solaires ont une durée de vie limitée et du fait d’un non respect des normes de fabrication technologiques, une importante quantité de ces panneaux deviennent inutilisables avant la fin de leur durée de vie prévue. Or ce recyclage coûte cher et des villes de déchets solaires voient le jour en Chine, avec un impact environnemental majeur sur la pollution des sols à cause des nombreux produits chimiques toxiques qu’ils contiennent.

97 % des importations européennes de panneaux solaires viennent de Chine

Pékin installe actuellement près de deux fois plus d’énergie solaire et éolienne que tous les autres pays industrialisés réunis. Le soutien du régime chinois a permis cette avancée : entre 2011 et 2022, les autorités chinoises ont investi plus de 46 milliards d’euros en nouvelles capacités d’énergie solaire, selon l’Agence internationale de l’énergie.

Le secteur a aussi bénéficié d’un accès à des matériaux peu coûteux, à un financement souple des banques d’État et d’une main d’œuvre quasi-illimitée à faible coût, que l’on soupçonne de provenir des camps de travaux forcés.

Mais cette suprématie inquiète de plus en plus : les pays occidentaux, États-Unis et Europe en tête, accusent Pékin de « surcapacité » délibérée lui permettant d’inonder le marché de matériel solaire à prix cassés et de tuer ainsi toute concurrence mondiale.

La Chine est, par exemple, à l’origine de 97 % des importations européennes de panneaux solaires venant de l’extérieur de l’UE.

Le marché chinois marqué par des faillites en 2024

Mais l’année 2024 a été marquée en Chine par une vague de faillites et le nombre de nouveaux projets dans l’énergie solaire a chuté de plus de 75 % au premier semestre 2024.

Et même si l’an dernier, les exportations ont atteint un niveau record, les recettes ont baissé, à cause de la féroce guerre des prix. Et si la Chine a réussi à atteindre son objectif d’installation d’éoliennes et de panneaux solaires, son réseau électrique a du mal à suivre le rythme. Elle peine également à acheminer une partie de l’énergie renouvelable, celle-ci étant produite dans des régions éloignées et les infrastructures vers les centres économiques et densément peuplés de l’est étant insuffisantes.

C’est pourquoi la Chine s’appuie encore massivement sur ses centrales au charbon, énergie fossile très polluante, pour répondre à la demande d’électricité en hausse. La construction de centrales à charbon a atteint son plus haut niveau depuis 10 ans, selon une étude publiée en février 2025.

Une catastrophe écologique imminente

Alors que la Chine est en surcapacité depuis près de 15 ans, le taux de mise au rebut des panneaux solaires en Chine est estimé à environ 30 % par an, a déclaré Fang Qi, un consultant en investissement vivant au Royaume-Uni, à Epoch Times.

D’ici 2030, les déchets de modules photovoltaïques en Chine devraient atteindre environ 1,4 million de tonnes, tandis qu’en 2040, ce chiffre montera en flèche pour atteindre « environ 20 millions de tonnes », explique Liu Limin, secrétaire adjointe de la commission spécialisée dans le photovoltaïque de l’Alliance chinoise ECOPV.

Les panneaux contiennent de nombreux produits chimiques toxiques tels que le tellurure de cadmium, le plomb, l’hexafluoroéthane, etc. Le tétrachlorure de silicium, sous-produit de la fabrication des panneaux solaires, peut provoquer des brûlures de la peau. La mise en décharge des déchets de panneaux solaires présente un risque à long terme pour l’environnement, car les minéraux et métaux toxiques peuvent finir par s’infiltrer dans le sol.

À l’heure actuelle en Chine, environ 90 % des panneaux solaires défectueux ou en fin de vie sont mis en décharge, à cause d’un coût du recyclage bien plus élevé que celui de leur mise en décharge.

Michael Shellenberger de l’ONG Environmental Progress a mis en garde depuis longtemps contre l’ensemble des impacts environnementaux de l’industrie des panneaux solaires et le tsunami à venir des déchets de panneaux solaires. Selon lui, cette technologie a une dimension « toxique » et « dangereuse », alors que l’énergie solaire a été promue comme une alternative respectueuse de l’environnement par rapport aux formes traditionnelles de production d’énergie telles que les hydrocarbures ou le nucléaire.

Une étude de la Harvard Business Review a constaté que les panneaux solaires sont remplacés plus rapidement que prévu en raison de diverses incitations économiques qui leur sont accordées.  L’étude met en garde contre une montagne de déchets provenant des panneaux solaires – une montagne qui augmente « dans les proportions nuisibles à l’existence », à moins que des incitations économiques ne soient adoptées pour réduire les coûts élevés du recyclage, ce qui n’est pas d’actualité dans un secteur maintenant en crise.

Le coût élevé du recyclage des panneaux photovoltaïques

Le recyclage des panneaux photovoltaïques chinois est confronté à des problèmes de coûts élevés alors qu’ils fournissent de faibles revenus.

Dans le recyclage des déchets de panneaux photovoltaïques, le verre représente 70 % du poids du module photovoltaïque, le cadre en aluminium 10 %, l’adhésif 10 %, le silicium 5 % et les métaux tels que l’argent, le cuivre et le gallium environ 1 %.

Les panneaux solaires photovoltaïques sont généralement traités en prenant en sandwich le module photovoltaïque entre la plaque de support et le couvercle en verre, puis en le fixant à l’aide d’un cadre en aluminium. Cette conception rend les panneaux usagés difficiles à démonter. Une grande partie du travail de recyclage consiste à retirer le cadre en aluminium et la boîte de jonction électrique, et le reste est généralement déchiqueté et vendu sous forme de granulés de faible valeur ou de verre brisé.

Les métaux représentent jusqu’à deux tiers de la valeur des matériaux des panneaux photovoltaïques, mais leur recyclage est plus coûteux.

« Il est difficile de recycler les panneaux photovoltaïques en raison des coûts logistiques élevés, de l’immaturité de la technologie de recyclage, de la forte demande d’investissement, de la faible pureté des produits recyclables et du fait que cela a pris tant d’ampleur »,a expliqué He Shuangquan, PDG de Suntech Power, un important fabricant chinois de panneaux photovoltaïques situé dans la ville de Wuxi, dans la province côtière orientale de Jiangsu, au China Securities Journal en mai de l’année dernière.

He Shuangquan fait remarquer que la valeur des métaux tels que l’aluminium et l’argent qui peuvent être extraits d’un module photovoltaïque mis au rebut est d’environ 7,52 euros. Mais le recyclage de chaque module coûte environ 10 euros. Par conséquent, si le fonctionnement est entièrement basé sur le mécanisme du marché, il est difficile pour les entreprises de survivre.

Si les panneaux solaires sont recyclables en moyenne à 94 %, en raison de l’absence de technologie bon marché permettant de recycler correctement les panneaux photovoltaïques usagés, la plupart des méthodes d’élimination consistent à brûler, à empiler ou à enterrer les déchets sur place.

De nombreux « villages poubelles » apparaissent en Chine où les panneaux solaires sont jetés en masse. Les substances toxiques peuvent ensuite contaminer les sols et les eaux souterraines, à hauteur de la surproduction qu’a connu la Chine depuis 2010.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER