La Chine et l’Union européenne ont récemment tenu leur premier sommet physique depuis 2019. Le ton adopté en 2023 montre que quatre ans dans une relation peuvent faire une grande différence.
Au lieu de la convivialité et des appels à la coopération qui ont émergé en 2019, les récentes réunions ont été marquées par beaucoup de tensions et d’accusations. Si Pékin avait espéré creuser un fossé entre Washington et Bruxelles, il n’y est pas parvenu. Au contraire, les réunions ont montré que l’Europe est plutôt en phase avec l’approche de Washington vis-à-vis de la Chine.
Les souvenirs de la précédente rencontre montrent à quel point les choses ont changé. Il y a quatre ans, les réunions, agrémentées de photos souriantes, ont débouché sur une déclaration commune de 3000 mots pleine de promesses de coopération sino-européenne sur des questions telles que la surcapacité de production d’acier. Il avait également été question du développement conjoint de la 5G et des efforts visant à apaiser les tensions dans les mers de Chine méridionale et orientale.
En 2019, Bruxelles et Pékin avaient tous deux affirmé leur soutien aux accords de Minsk pour régler les différends entre la Russie et l’Ukraine et, plus généralement, avaient fait part de leur volonté de travailler ensemble pour garantir les droits de l’homme dans le monde, y compris dans la région chinoise du Xinjiang. Tout cela était d’autant plus encourageant que, juste avant le sommet de 2019, l’UE avait traité la Chine de « rivale systémique », et donc cette nouvelle amitié avait été perçue comme un signal fort.
Comparé à ce qui s’est dit lors du dernier sommet, le langage de 2019 semble sortir d’une autre époque. Cette année, il n’y a pas eu de photos souriantes généralisées. Le rassemblement était beaucoup plus restreint que par le passé, puisqu’il ne comprenait que quatre acteurs clés : Xi Jinping, le premier ministre chinois Li Qiang, Charles Michel, le président du Conseil européen de l’UE, et Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Xi Jinping a qualifié l’UE de « partenaire clé » en matière de coopération commerciale et technologique et affirmé que les deux régions n’avaient pas besoin de se considérer comme des « rivales », mais les Européens ont préféré attiré l’attention du PCC sur une longue liste de questions économiques et diplomatiques qu’ils jugent préoccupantes.
Avant même le début des réunions, l’UE avait sanctionné la Chine pour ses exactions présumées dans le Xinjiang et avait annoncé une enquête sur les subventions accordées par Pékin à la production de véhicules électriques, ce qui pourrait conduire à l’imposition de droits de douane. L’Allemagne, de loin la plus grande économie de l’UE, a décidé d’expulser l’entreprise chinoise Huawei de son réseau 5G.
Lors du sommet, Mme von der Leyen a insisté sur le fait que le déficit commercial de l’Europe avec la Chine a doublé au cours des deux dernières années pour atteindre l’équivalent de 400 milliards de dollars. Elle a imputé cette situation aux pratiques chinoises qui, selon elle, consistent à restreindre l’accès des entreprises étrangères au marché chinois, à accorder un traitement préférentiel aux entreprises du pays et, dans certains cas, à la manière dont les surcapacités en Chine affaiblissent les entreprises européennes. Ses propos semblaient presque être un écho parfait de ce qui se disait à Washington en 2018, lorsque l’administration Trump avait commencé à imposer des droits de douane sur les marchandises chinoises. Comme Washington, Mme von der Leyen a parlé de la nécessité pour l’Europe de désaccentuer ses relations commerciales avec la Chine, bien qu’elle ait utilisé le mot « dé-risquer » quand Washington parle de « dé-coupler ».
Plutôt que de promouvoir une soi-disant amitié entre les deux pays, les Européens ont également abordé des questions diplomatiques plus délicates. M. Michel et Mme von der Leyen ont tous deux pressé M. Xi d’user de son influence sur le président russe Vladimir Poutine pour apporter une solution diplomatique rapide à la guerre en Ukraine. Ils ont tous deux mis en garde contre les « dommages irréparables que cela pourrait causer aux liens entre l’UE et la Chine » si Pékin venait à armer la Russie dans ce conflit ou l’aidait à se soustraire aux sanctions. Ils ont également évoqué les violations des droits de l’homme à l’encontre des Ouïghours et ont mis en garde les dirigeants chinois contre le recours à la force à l’encontre de Taïwan. Xi Jinping a voulu parler d’une coopération entre l’initiative chinoise « la Ceinture et la Route » (BRI) et le plan parallèle de l’Europe, appelé « Global Gateway ». Les Européens sont restés de marbre, sans doute parce que le plan européen a justement été mis en œuvre pour contrer l’initiative chinoise.
Si Pékin espérait atténuer l’approche stridente de Washington à l’égard de la Chine en créant une Europe plus amicale, il a échoué. Les Européens se sont montrés aussi méfiants que Washington à l’égard des ambitions de Pékin. Ils se sont fait l’écho de nombreuses plaintes et accusations de Washington en matière de commerce et d’investissement et ont utilisé un langage encore plus ferme à propos des droits de l’homme et de Taïwan. Le sommet n’a pas révélé de divisions occidentales, comme l’espérait pourtant Pékin, et a plutôt donné l’image d’une hostilité occidentale partagée, voire d’une réelle unité, à l’égard de la Chine communiste et du PCC.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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